Le saviez-vous ? Derrière beaucoup de coutumes, usages, traditions et expressions militaires se cachent bien souvent des anecdotes insolites, amusantes ou historiques. Alors pour étoffer votre culture générale et briller le matin devant vos collègues à la machine à café, plongez-vous dans notre rubrique du mercredi. À l’occasion de de l’exposition « Photographes de guerre - Depuis 160 ans, que cherchent-ils ? », la rédaction vous raconte le parcours atypique de la première femme engagée comme correspondante de guerre au sein du Service cinématographique des armées : Germaine Kanova.
C’est une grande photographe, la première femme engagée comme correspondante de guerre au sein du Service cinématographique des armées (SCA). Et pourtant son nom est méconnu du plus grand nombre. Cette femme au parcours hors norme s’appelle Germaine Kanova.
D’origine franco-tchèque, Germaine Kanova est, au milieu des années 30, photographe de studio à Londres. Son travail impressionne ses visiteurs comme Dorothy Bohm, jeune juive lituanienne exilée en Angleterre, devenue ensuite une célèbre photographe. Dorothy Bohm témoigne que c’est « quand [elle] a vu le travail de Kanova, qu’[elle] a réalisé qu’[elle] voulait faire de la photographie ».
Le 22 novembre 1944, elle s’engage dans les Force française libres en tant que correspondante de guerre au sein du SCA. A partir de ce moment, la jeune femme suit les opérations militaires des troupes françaises en Alsace, puis en Allemagne. Elle apporte un grand soin dans la composition de ses images.
Le 13 avril 1945, elle est l’une des premières photographes à participer à la libération du camp de concentration de Vaihingen situé entre Karlsruhe et Stuttgart, en Allemagne. Cette expérience la bouleverse. Ce camp ouvert au cours du mois d’août 1944 devait fournir de la main-d’œuvre pour la construction d’une usine souterraine d’armement. Dès le mois d’octobre 1944, ce camp est transformé en mouroir et les Allemands y entassent des malades devenus improductifs. Les photographies de Germaine Kanova témoignent de l’indicible. Empreintes de réalisme et d’humanisme, ces images rendent leur part d’humanité aux déportés. Diffusé largement par la presse internationale, le reportage de Germaine Kanova émeut les opinions publiques.
Avant de quitter le SCA, le 8 septembre 1945, Germaine Kanova reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze pour son courage et son sang-froid. Elle cesse ensuite la majeure partie de ses activités photographiques. On retrouve néanmoins sa trace quelques années plus tard sur les tournages de films de la Nouvelle Vague comme photographe de plateau.
Sources : Ministère des Armées