[Diaporama] Confidences d'aviateurs de la Grande Guerre

« Au bout de quelques balles, l’ennemi fuit en désordre et en descendant à toute allure. Je ne le lâche pas d’un mètre, le combat dure 10 minutes, il se termine à 1 000 mètres d’altitude : criblé comme une passoire, l’Albatros prend feu subitement, une immense flamme l’environne et il descend en tourbillon, c’est tragique, affreux. » Ces quelques lignes, tirées d’une lettre rédigée par Roland Garros en 1915, donnent le ton, « La Grande Guerre des aviateurs » ne vous laissera pas indifférent. Organisé dans le cadre des commémorations nationales de la Première Guerre mondiale, cet éclairage temporaire vient compléter l’exposition permanente « Les As de 14 -18 » et sa collection d’avions authentiques.

Dans l’espace d'exposition qui nous concerne, pas d’installation grandiose mais quelques pépites sous verre. « Nous avons choisi d’adopter une approche moins technique mais plus humaine, centrée sur la réalité des combats » explique en préambule, Clémence Raynaud, l’un des deux commissaires de l’exposition. « La Grande Guerre des aviateurs » se concentre sur de nombreux récits de guerre ainsi que sur une sélection de documents et d’objets rares issus des collections du musée de l’Air et de l’Espace : photographies d’époque, dessins, films d’archives, armes, uniformes, dont un grand nombre n’a encore jamais été exposé. Le résultat d’une année de recherche et de restauration pour redonner la parole à ces soldats. Une parole d’autant plus saisissante que plusieurs témoignages sont lus à voix haute. En effet, la scénographie se veut aussi multi sensorielle mais on ne vous en dit pas plus…

Le parcours, articulé autour de huit grandes thématiques, permet aux visiteurs de découvrir pas à pas les différents types de missions de ces soldats mais également leurs conditions de vie et souffrances plus intimes. Souvent considérés comme des privilégiés car éloignés des tranchées, les aviateurs de la Première Guerre mondiale sont pourtant confrontés quotidiennement au danger, victimes de traumatismes physiques ou psychiques. Leur vie semble être « une alternance de gaieté et de drame » pour reprendre l’expression de Marcel Jeanjean, illustrateur et pilote. En vol, en plus de leurs missions périlleuses, ils doivent gérer les incidents techniques - fréquents -, le froid, les turbulences et les changements d’altitudes. Dans le camp français, 16 % des pilotes et 40% des observateurs ne reviendront jamais.

Plus rarement évoqué, le rôle des aviateurs et, notamment, des pilotes de chasse dans la conception et la mise au point des appareils, fait l’objet d’une séquence consacrée à la construction et à la production industrielle.

Le culte des « as », ce phénomène spécifique à l’Histoire de la Grande Guerre, en France comme en Allemagne, est évidemment abordé. L’exposition s’y attarde avec un nouveau regard, montrant ainsi qu’au-delà du mythe largement diffusé par la presse contemporaine, la figure de l’aviateur et ses succès ont été instrumentalisés pour individualiser une guerre de masse qui s’enlisait dans les tranchées. 182 pilotes français sur 17 000 brevetés reçurent ce titre.

Enfin, la visite s’achève sur le questionnement des aviateurs quant à leur identité. Très rapidement, il apparait que les combattants des airs ont cherché à se démarquer de ceux du sol, que cela soit au travers de leurs uniformes ou de leurs insignes et emblèmes. Quelques uns sont d’ailleurs exposés et nous rappellent que certaines traditions ont su perdurer, bien au-delà des périodes de conflit.

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