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Discours de Geneviève Darrieussecq_éloge funèbre de monsieur Hubert Faure

Mise à jour  : 24/04/2021

Vous trouverez ci-joint et ci-dessous le discours de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. Cet éloge funèbre a été prononcé le 24 avril 2021, lors des obsèques de monsieur Hubert Faure, ancien membre du commando Kieffer.

Seul le prononcé fait foi.

Mesdames, messieurs les autorités civiles et militaires,

Familles, proches et amis,

Mesdames, messieurs,

 

France ! Voici un de tes fils qui s’est tant battu pour ta liberté, ton honneur et ton nom. Accueille-le sous ton firmament avec les plus fidèles de tes serviteurs, parmi tous les soldats qui ont porté avec courage ton étendard, au milieu de la cohorte des héros qui ont fait notre histoire.

France ! Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, dans ces heures sombres, ce nom était un cri de ralliement, une voix d’espérance, une raison de combattre, une juste cause qui l’emportait sur toutes les autres. Hubert Faure était de ces lumières dans l’obscurité.  De ceux qui, en suivant le général de Gaulle, ont ramassé le glaive tombé au pied de la patrie pour le porter haut et ne le relâcher qu’une fois la victoire acquise et le fléau nazi abattu.

Toute sa vie, Hubert Faure est demeuré fidèle aux idéaux de la France libre et à l’esprit combattant forgé au cours de l’épopée du commando Kieffer. Connaître et raconter sa vie, c’est nécessairement parcourir un siècle de notre histoire, son siècle. C’est évidemment y ouvrir quelques pages dramatiques et y lire des lignes emplies de détermination, d’audace et de résolution dans l’adversité.

Ainsi, au nom du ministère des Armées et du Gouvernement, je viens adresser l’adieu de la Nation à un homme d’honneur, de cœur et d’action. Devant vous, monsieur Hubert Faure, la République s’incline avec respect et gratitude. Vous étiez un témoin inestimable et une mémoire vivante de la Seconde Guerre mondiale. Vous étiez parmi les derniers de ceux qui ont pris les chemins les plus escarpés et les plus dangereux pour que la France reste la France. Vous étiez parmi le dernier carré de la garde, vous étiez, avec votre camarade Léon GAUTIER, les deux derniers frères d’armes des 177 Français du Jour J.

Hubert Faure, votre jeunesse périgourdine fut inséparablement liée à l’ombre de la Grande Guerre. Né à quelques jours de la déflagration de 1914, votre père fut de ces milliers de poilus revenus affaiblis et blessés du front. Pourtant, cela n’a pas étouffé votre vocation militaire. A 20 ans, vous avez épousé l’armée et vous vous êtes engagé au sein du 22ème régiment de dragons. Vous avez alors découvert les ouvrages et les théories sur l’arme blindée émises par un officier plein d’avenir. De ce Charles de Gaulle dont les paroles, les actes et la force de conviction ont guidé vos pas.

Ce même colonel, qui commanda, au printemps 1940, lorsque la tempête allemande se déclencha, la 4ème division cuirassée dans laquelle vous fûtes intégré.

Vous avez combattu sur les fronts de l’Aisne et de la Meuse, vous avez participé à l’offensive de Montcornet. Comme des centaines de milliers de « ceux de 40 », vous avez été fait prisonnier. Une longue captivité au Stalag se profilait, mais, preuve de votre sourde résolution et de votre combativité ardente, vous êtes parvenus à vous échapper. Vous entamez, en 1942, un long périple pour rejoindre le rivage de l’Angleterre et les Forces Françaises Libres en passant par la péninsule ibérique et les geôles franquistes.

De l’autre côté de la Manche, fort de votre expérience militaire, de votre excellente condition physique et de votre solidité morale, vous intégrez les commandos français en cours de formation. Après un entrainement exigeant et intensif sous les ordres d’un chef d’exception, le capitaine de corvette Philippe Kieffer, vous participez à l’une des plus importantes opérations militaires de l’histoire.

Le 6 juin 1944, sur Sword Beach, portant l’uniforme britannique mais rayonnant de l’écusson tricolore et du nom de France, vous fûtes l’un des premiers à aborder la plage qui vous était assignée. Malgré des tirs nourris, une farouche résistance, les premiers blessés, les premiers morts, vous avez affronté le feu ennemi.

Les 177 fusiliers marins du commando Kieffer ont été à la hauteur des espérances, ont atteint leurs objectifs et notamment la prise du blockhaus-casino de Ouistreham. Dans le bocage, dans cette terrible bataille de Normandie, face à la ténacité allemande, vous et vos camarades avez tenu pendant des semaines sans être relevés. A cette occasion, votre nom s’est inscrit dans l’histoire de la Nation.

Au cours des combats vous avez été blessé plusieurs fois et notamment le 7 juillet 1944. Remis sur pied avec cette remarquable force, alliance de volonté et de résilience, vous êtes reparti au front. Vous participez alors aux périlleux affrontements pour la libération des Pays-Bas. Une vilaine blessure accidentelle à la colonne vertébrale a raison de votre engagement militaire.

Avec l’humilité des héros véritables, vous reconstruisez votre vie et devenez ingénieur des travaux publics. Vous bâtissez un foyer et une famille dont aujourd’hui témoignent votre fille, vos petits-enfants et vos arrières petits-enfants.

Jusqu’au terme de votre existence, vous avez continué à témoigner, à raconter et à rendre hommage à vos camarades. Grand-croix de la Légion d’honneur, en vous, Hubert Faure, je salue un exemple de Français combattant et un artisan de la victoire.

Votre héritage est toujours présent. 77 ans après, l’esprit du commando Kieffer perdure dans nos forces spéciales. Le pragmatisme, le sang-froid, la rigueur et le don de soi sont, aujourd’hui encore, les qualités et les forces de nos commandos. Comme vous, ils portent le béret vert avec fierté. Comme en 1944, ils sont, dans de nombreuses opérations, la pointe de notre épée.

Hubert Faure, vous avez choisi de reposer en cette belle terre girondine et libournaise, dans le soleil et la lumière du sud-ouest, que vous avez aimé, que vous avez choisi pour lieu d’adoption. Recevez fraternellement notre estime et notre gratitude. La République française sera fidèle à votre souvenir, à vos leçons et à l’esprit de votre combat.

 

Vive la République !

Vive la France !