Discours de Florence Parly, avenir du SNA Perle, le 22 octobre 2020 (format pdf, 592.78 KB).
Vous trouverez ci-joint le discours de Florence Parly, ministre des Armées, au sujet de l’avenir du sous-marin nucléaire d’attaque Perle.
Seul le prononcé fait foi.
C’est d’abord aux marins, que je souhaite m’adresser aujourd’hui pour leur dire que la Perle est réparable.
Le 12 juin dernier, un incendie s’était déclaré à l’avant du sous-marin nucléaire d’attaque Perle, alors qu’il faisait l’objet d’une maintenance majeure dans un bassin de la base navale de Toulon.
Près de 300 personnes avaient été mobilisées pour lutter contre les flammes, vaincues au bout de 14 heures de combat. Je veux à nouveau saluer leur courage et les remercier pour leur engagement.
Au lendemain de l’incendie, à Toulon, j’avais déclaré que si la Perle était réparable, tout serait fait pour qu'elle soit réparée.
Depuis le mois de juin, les meilleurs experts de Naval Group, du Service de soutien de la flotte de la Marine nationale et de la direction générale de l’armement ont travaillé d’arrache-pied afin de me présenter une analyse précise de l’étendue des dommages et les possibilités de réparation.
Ces études approfondies ont été menées à bien conjointement par Naval Group et par la Marine. Elles ont été vérifiées par la DGA. Et, je suis en mesure de vous annoncer que nous pouvons réparer la Perle.
Nous pouvons réparer la Perle, et nous allons la réparer. Je dis bien en premier lieu « nous pouvons », car le chemin qui s’ouvre devant nous est long et ardu.
Alors oui, nous allons réparer la Perle, et croyez bien que cette décision ne sous-estime aucune difficulté. Elle affirme une ambition et la confiance en notre ressource et nos capacités collectives. Elle sera réévaluée à chaque étape de la réparation, à l’aune des expertises et de nos exigences sur lesquelles nous ne transigerons pas.
Concrètement, c’est un chantier de réparation qui mobilisera 300 personnes et qui devrait durer 6 mois.
Pour en venir plus précisément à l’opération de réparation : lors de l’incendie, c’est la partie avant de la Perle qui a brûlé. Les températures auxquelles a été soumise l’acier ont altéré ses qualités et c’est cet acier qui absorbe les très fortes pressions des profondeurs marines. La première étape de la réparation sera de découper cette partie endommagée, qui sera démantelée.
La partie arrière, en revanche, celle qui enserrait la chaufferie nucléaire et la propulsion du SNA avant son entrée en travaux, est parfaitement intacte. Nous allons donc souder l’arrière de la Perle avec l’avant du Saphir, le sous-marin nucléaire d’attaque que nous avons retiré du service actif il y a un an. Nous reconnecterons par la suite les liaisons intérieures, les câbles et les tuyaux. La Perle achèvera ensuite son entretien majeur au point où il avait été interrompu le 12 juin dernier.
Je rappelle que lors de l’incendie, la Perle était très largement vide : le combustible nucléaire, les armes, les carburants avaient été retirés le temps de la maintenance mais également les baies électroniques et de nombreux organes vitaux tels que pompes, ventilateurs et autres installations techniques. Ce sont ces mêmes éléments qui seront réinstallés à l’issue de la réparation.
C’est une opération complexe dans son ensemble, que peu de pays peuvent envisager, mais que nous engageons avec confiance. Car en dépit des circonstances, chacune des étapes de cette réparation correspond à un savoir-faire éprouvé : ce sont des technologies que Naval Group et les services de l’Etat connaissent et maîtrisent.
Pour construire les sous-marins à Cherbourg, Naval Group soude des tronçons remplis de la plupart de leurs équipements, qu’il faut ensuite connecter les uns aux autres. Nous savons aussi découper des sous-marins, français ou étrangers, pour accéder à des installations dans le cadre de maintenances lourdes ou pour rajouter des tranches et des équipements. Les services de l’Etat connaissent et savent contrôler ces opérations, qu’elles aient lieu dans le cadre de la production de nos sous-marins neufs, des arrêts techniques de nos SNA ou ceux de nos SNLE, encore plus complexes.
Nous serons particulièrement exigeants quant au protocole d’essai et de retour à la mer de la Perle. Car si mon objectif est bien de réparer la Perle, ma priorité est de rendre à notre pays cette capacité opérationnelle en assurant la sécurité des sous-mariniers qui partiront en mission à bord. Le ministère des Armées portera donc une attention toute particulière à la sécurité-plongée dans le cadre de la remise en service du SNA. Et j’y veillerai personnellement, avec le chef d’état-major de la Marine et le délégué général pour l’armement.
Aujourd’hui, toutes les analyses dont nous disposons montrent que cette opération est réalisable, sans obérer ni la sécurité des marins, ni la continuité de nos missions.
Réparer la Perle, ce n’est pas seulement une opération industrielle remarquable. C’est d’abord préserver l’indépendance de la France, et c’est affirmer notre souveraineté.
Cette décision permet à la Marine nationale de conserver sa pleine capacité de sous-marins nucléaires d’attaque pour les dix ans à venir.
En faisant ce choix, nous montrons que la France ne se résigne jamais à baisser la garde. Nous montrons que la France est prête et qu’elle peut agir si les circonstances l’exigent. Nous prouvons notre résilience et nous garantissons notre souveraineté.
C’est aujourd’hui possible grâce à l’œuvre du génie et du savoir-faire industriel français. J’ai confiance en notre industrie, en nos ingénieurs, nos techniciens, soudeurs, ouvriers pour relever cet immense défi.
Cette excellence, elle a de nouveau été démontrée il y a deux jours, au large de Biscarosse, alors que notre sous-marin de nouvelle génération Suffren réussissait pour la première fois le tir d’un missile de croisière naval. Et j’adresse mes félicitations aux équipes qui ont contribué à ce succès.
J’aimerais enfin avoir quelques mots pour les marins, en particulier pour les sous-mariniers dont je veux saluer le courage et le professionnalisme. Car il y a la prouesse du navire, l’écrin de technologie et de puissance qui assure notre souveraineté ; mais il y a surtout les marins engagés dans les couloirs du silence.
Aujourd’hui, vous pouvez placer toute votre confiance dans l’expertise de la Marine nationale, de la DGA et de Naval Group. Sous-mariniers, vous pouvez compter sur ma détermination à vous donner les moyens et les conditions d’accomplir vos missions.
Vive la République !
Vive la France !
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