Discours de Florence Parly, Source Solde et action PME à Rambouillet (format pdf, 616.96 KB).
Vous trouverez ci-joint le discours de Florence Parly, ministre des Armées, au personnel du service du commissariat des armées à Rambouillet. Ce discours acte notamment l’abandon du logiciel « Louvois » et la pleine mise en œuvre du nouveau logiciel de paye de 250 000 militaires, « Source Solde ».
Seul le prononcé fait foi.
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Madame la sous-préfète,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame la secrétaire générale pour l’administration,
Monsieur le directeur central du commissariat des armées,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs, personnel civil et militaire du commissariat des armées,
Mesdames et messieurs,
Ce sont des mots très simples que je suis venue vous dire aujourd’hui : Louvois, c’est terminé.
Aujourd’hui, nous laissons définitivement le calculateur Louvois derrière nous. Et nous tournons ensemble la page d’une douloureuse décennie pour l’ensemble du ministère et pour les dizaines de milliers de militaires et leur famille qui en ont subi les défaillances.
Depuis son entrée en fonction le 1er octobre 2011, le logiciel Louvois s’est fait un nom, celui du désastre ; et une sinistre réputation, celle du fiasco. Pendant des années, c’est un calculateur incontrôlable qui a arrêté le montant de la solde des hommes et des femmes qui servent notre pays. Pendant des années, ce sont les erreurs d’un logiciel qui ont rythmé la vie des militaires et lourdement pesé sur leur quotidien.
Et très vite, le diagnostic a été sans appel : les malfaçons de Louvois sont irréparables. Il fallait donc tout reprendre à zéro. En 2015, le ministère des Armées choisit la société Sopra-Steria pour développer un nouveau logiciel de paiement qui doit donc remplacer Louvois.
Lorsque je suis arrivée à la tête de ce ministère, il était évident que le remplacement de Louvois serait une de mes priorités. Quand on porte l’ambition d’améliorer le quotidien des militaires et de leur famille, c’est d’abord par la fin du mois qu’il faut commencer. Quand on porte l’ambition de préparer les armées de demain, des armées opérationnelles pour la défense de la France, le versement d’une solde juste est aussi essentiel que le renouvellement de nos équipements.
Une défaillance de la solde, c’est une faille dans la défense des Français. Je suis profondément convaincue qu’il n’y a pas de soldat fort sans famille heureuse, et il est certain que c’était un objectif difficile à atteindre lorsque le stress et la crainte des factures envahissaient le quotidien de la famille. Un militaire qui devait s’inquiéter de sa solde plus que de sa mission, c’était une anomalie de notre système. C’était aussi mettre en danger le succès de nos opérations.
Nous avons donc fait de Source Solde une priorité ministérielle, une priorité partagée par l’état-major des armées, la direction générale de l’armement et le secrétariat général pour l’administration, avec la conviction la plus profonde que nous n’avions plus le droit à l’erreur. Cette conviction était également partagée par notre partenaire industriel avec qui des liens de confiance ont été établis.
Le projet Source Solde a été conduit comme un programme d’armement, grâce à une organisation inédite associant les trois grands subordonnés :
Le Secrétariat général pour l’administration, et plus particulièrement la DRH-MD, détentrice de l’autorité fonctionnelle sur les ressources humaines, qui a assuré la maîtrise d’ouvrage du projet, en définissant avec les armées et les services quels étaient les besoins.
La Direction générale de l’armement, qui a assuré la direction du projet et la conduite des relations contractuelles avec la maîtrise d’œuvre, confiée à Sopra Steria.
Et enfin l’état-major des armées, grâce au Service du commissariat des armées, opérateur unique de la solde, qui a mis en œuvre le calculateur Source Solde et assuré les nombreuses phases d’expérimentation du projet.
Et 8 ans après l’initiation de ce projet, ce sont donc des mots très simples et très ordinaires que je suis venue vous dire aujourd’hui : depuis le 1er janvier 2021, nos 250 000 militaires d’active et de réserve sont soldés de façon fiable, juste et satisfaisante. Enfin !
Nous ne devrions pas tirer de gloire de quelque chose de complètement ordinaire. Et je ne devrais pas être là devant vous aujourd’hui, à nous féliciter de ce qui constitue, en définitive, la moindre des choses : les hommes et les femmes qui protègent la France ont enfin une solde qui ne ment pas, et un bulletin de paie en lequel ils peuvent avoir confiance.
Mais quand on sait toute la souffrance que Louvois a engendrée… Quand on sait l’angoisse qui habitait certains militaires au moment de relever leur courrier à la fin du mois, quand on sait que d’autres, absurdement soldés de dix euros pour leur service à la fin du mois, n’ont subsisté que grâce à la solidarité d’un régiment, quand on sait que des familles ont connu des tensions à cause des erreurs du système et que ce même système a poussé certains à renoncer à leur volonté de servir, alors, oui, aujourd’hui est un grand jour.
Et c’est d’abord à ceux qui ont subi ces errements que je pense. Au moment de célébrer le succès collectif de Source solde et de l’ensemble des acteurs qui y ont contribué et que je salue devant vous, je pense d’abord à celles et ceux qui ont fait les frais des folies de Louvois et qui sont encore éprouvés par ces épreuves.
Je félicite donc très chaleureusement et je remercie tous les acteurs de la solde, et en particulier, puisque je suis à Rambouillet, ceux du Centre interarmées du soutien Solde et administration du personnel, et de l’Etablissement national de la solde, qui ont su se mobiliser depuis plusieurs années, pour se former, et se réformer.
La mise en œuvre de Source Solde a, en effet, nécessité de transformer en profondeur la chaîne fonctionnelle de la solde, sous le pilotage du SCA, qui en est désormais responsable, de sa production jusqu’à sa liquidation. Ce sont ainsi près de 1 200 personnels civils et militaires qui ont dû apprendre à travailler avec un nouvel outil, de nouveaux processus et une nouvelle organisation, une réforme dans laquelle les armées et le SSA se sont également beaucoup investis.
Après la bascule de la marine nationale en mai 2019, puis celle de l’armée de terre en avril 2020, conduite, je le rappelle, en plein confinement, ce sont l’armée de l’air et de l’espace et le service de santé des armées, qui sont payés avec fiabilité depuis le 1er janvier 2021 par Source solde.
Source Solde assure, en effet, une qualité optimale de calcul de la rémunération de plus de 250 000 militaires et offre des capacités de contrôle accrues. Aujourd’hui, le portail Source Solde sur Intradef et celui de l’ENSAP (espace numérique sécurisé de l’agent public) sur Internet, offrent aux militaires une visibilité claire sur leur solde ainsi que les éléments de son calcul.
Mais, Source Solde n’améliore pas seulement l’existant, il prépare aussi l’avenir. Il a été en effet conçu pour intégrer, au fur et à mesure de leur adoption, les différentes étapes de la nouvelle politique de rémunération des militaires. Car, il faut reconnaître que, si Louvois était un calculateur exécrable, le système de solde des militaires, qui comprend pas moins de 180 primes et indemnités différentes, n’était pas fait pour lui faciliter la tâche.
C’est un système qui est le résultat de près de 50 ans d’évolutions indemnitaires, sans véritable cohérence générale. Aujourd’hui la solde est un système rigide, illisible, complexe et obsolète par bien de ses aspects. C’est pourquoi j’ai voulu rénover profondément sa composition, afin de rémunérer plus clairement et plus justement les militaires.
Avec la NPRM, les militaires seront rémunérés pour ce qu’ils sont, en tenant mieux compte des sujétions du métier militaire. Ils seront aussi rémunérés pour ce qu’ils font, selon leurs absences opérationnelles et leurs responsabilités ; et enfin pour ce qu’ils apportent, c’est-à-dire pour leurs compétences et leur pour performance.
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Cette capacité à se transformer et à innover au profit de tous, c’est un des marqueurs du ministère des Armées. On loue souvent notre esprit d’innovation, et nous sommes de loin un des ministères les plus dynamiques en la matière et c’est aussi précisément cet esprit d’innovation que je suis venue voir au service du commissariat des armées à Rambouillet.
Quand on pense à l’innovation de défense, on pense souvent d’abord aux équipements majeurs, les blindés, frégates, les avions de combat. On oublie trop souvent que l’innovation de défense trouve aussi tout son sens dans les équipements individuels. Et, dans ce domaine également, le Commissariat des armées est en pointe.
Les tenues, les équipements individuels et collectifs, les protections balistiques de nos soldats font l’objet, en permanence, d’études, de tests, d’expérimentations et, finalement, d’améliorations. Ce sont les capacités de résistance au feu, à la détection ou à l’abrasion, la protection contre les projectiles ou les éclats, l’ergonomie, l’empreinte environnementale, la légèreté des tenues et des équipements individuels qui progressent, grâce au savoir-faire des professionnels du commissariat des armées et à l’inventivité de nos entreprises, dont je salue les représentants venus spécialement des quatre coins de la France pour présenter leurs produits et avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger : Biotex, TDV et Sagaert.
Grâce à cette étroite coopération, le SCA pourra proposer à nos militaires des équipements conçus à base de tissus anti-criblage, de lin français à la place du coton ou encore de nouveaux gilets pare-balles innovants.
Avec vous, le SCA place l’innovation « à hauteur d’homme », pour améliorer le quotidien opérationnel d’un soldat sur le terrain. C’est une des ambitions que nous avons placées au cœur de la loi de programmation militaire, que j’ai voulue « à hauteur d’homme », précisément pour replacer l’humain au centre de notre action, pour changer le quotidien, les conditions de vie et, surtout, d’engagement de nos soldats.
Dans le domaine d’activité du SCA, ce sont ainsi plus d’1,8 milliard d’euros qui seront dépensés entre 2019 et 2025 pour améliorer l’équipement du combattant, de la nouvelle tenue de sport de l’armée de terre aux tenues de vol, en passant par les nouvelles protections balistiques. En 2019 et 2020, 450 millions d’euros ont été consacrés à l’habillement et à l’équipement renouvelé de nos soldats, dont 95 millions d’euros pour les effets et matériels les plus emblématiques : les treillis F3, les gilets pare-balles et les tenues NRBC.
Pour proposer sans cesse les meilleurs équipements, les experts du centre interarmées du soutien des équipements du Commissariat, appuyés par les acheteurs spécialisés de la plateforme Commissariat de Rambouillet, sont en lien permanent avec les armées, afin de cerner au mieux leurs besoins, ainsi qu’avec notre tissu industriel, en particulier avec nos PME, où se fait l’innovation. Avec elles, les experts du SCA ont développé une relation qui ne se contente pas de « faciliter leur accès » à la commande publique, mais qui le suscite et qui l’entretient.
Cette relation de confiance avec nos entreprises nationales donne des résultats remarquables, comme j’ai pu le voir avec les produits innovants qui m’ont été présentés. Le SCA a ainsi décerné le label « utilisé par les armées françaises » à 42 entreprises françaises, majoritairement des PME qui œuvrent pour l’habillement, un secteur d’excellence dans notre pays.
Sur nos territoires, le SCA développe cette même proximité avec nos opérateurs économiques. Il le fait grâce au maillage territorial de ses 7 plateformes commissariat et de ses 45 groupements de soutien, qui favorise l’achat au plus près des fournisseurs, comme des bénéficiaires.
Cette démarche, qui s’inscrit pleinement dans la stratégie « Action PME » que j’ai voulue pour le ministère des Armées, est un facteur évident de notre résilience collective. Et elle l’a particulièrement illustré durant la crise que nous traversons, puisque nous avons réduit au minimum les délais de paiement, nous avons anticipé des commandes, nous avons consenti des avances pour soutenir les entreprises qui traversent une passe difficile. Et c’est à 70% auprès de PME que le SCA s’est approvisionné pour acheter 2,2 millions d’euros de masques, de gel hydro-alcoolique et d’autres « équipements barrières » dont le ministère a eu besoin pendant la crise sanitaire.
Pour terminer, je voudrais partager avec vous une conviction : avoir l’ambition d’améliorer le quotidien des militaires et de leur famille, cela ne signifie pas seulement vouloir changer la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes. Au bout du compte, c’est œuvrer pour soutenir l’économie de nos territoires et de notre pays, c’est faire progresser l’efficacité de nos armées et toujours, renforcer la défense et la sécurité des Français.
Vive la République ! Vive la France !