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Chammal : Portraits de soldats de l’ombre

Mise à jour  : 17/07/2015

Ils sont peu nombreux, mais ils sont indispensables. Sans eux, sans elle, les avions ne voleraient pas, les bateaux resteraient à quai et les véhicules terrestres dans les box. Ce sont les techniciens du Service des essences des armées (SEA), au service des aviateurs, des marins et des terriens de l'opération Chammal.

Ils sont une dizaine pour s'occuper des Rafale, des Mirage 2000, de l'Atlantique 2, des navires qui arrivent à quai ou des engins spécialisés au sol qui nécessitent l'intervention d'un avitailleur spécialiste. Leur chef, l'ingénieur principal Cyrille, gère ainsi un théâtre qui a la particularité de devoir prendre en compte trois milieux. "A chaque opex ses spécificités, déclare-t-il, ici nous avitaillons le ciel, la terre et la mer".

Arrêtons-nous auprès de trois membres de son personnel.

Le maréchal des logis Elodie est issue de l’école nationale des sous-officiers d’active à Saint-Maixent, où elle a été incorporée le 1er novembre 2009."J’ai opté pour la spécialité maintenance au sein du service des essences des armées, car la mécanique, c'est ma passion, j'étais déjà titulaire d'un diplôme de mécanicien moto avant de rentrer dans l'armée". C'est ainsi que le maréchal des logis Elodie, réellement passionnée par son métier, se présente en quelques mots. Elle est mutée en première affectation à la base pétrolière interarmées (BPIA) de Chalon-sur-Saône avant de rejoindre d'autres unités du SEA, toujours dans des compagnies de maintenance.

Dans ce milieu d'hommes, on l'écoute et on la respecte, ses compétentes font force de loi. Elle parle de sa mission de 4 mois en toute simplicité: "J'occupe le poste de chef d’atelier. Ma principale tâche est de maintenir en condition opérationnelle le matériel et les véhicules pétroliers des armées, je dois donc savoir réparer aussi bien le pont des camions-ravitailleurs que le matériel spécifique de ces camions qui permet d’effectuer l'avitaillement des avions. Malgré plusieurs avaries sur divers véhicules, nous maintenons un soutien en carburant de 100% au profit des aéronefs des forces françaises de l'opération Chammal". Le maréchal des logis Elodie bénéficie d’une grande expérience, car elle avait déjà été déployée en opération extérieure, notamment en Centrafrique.

Le brigadier-chef Samir est un peu plus ancien. Il s'est engagé au SEA en novembre 2007. "Après ma formation de 6 mois à la BPIA, je suis resté sur la base pendant quelques années, puis j'ai été affecté au Dépôt Essence Air de la base aérienne de Dijon avant une troisième affectation. J'ai beaucoup voyagé : RCI, Afghanistan, Mali, et maintenant l'opération Chammal. C'est notre métier de partir !". Là aussi, le brigadier-chef Samir montre un tempérament calme et un sérieux qui transparaît. Il est investi par sa mission :"J'ai occupé plusieurs postes : conducteur avitailleur, exploitant pétrolier, chauffeur super poids lourd (tracteur avec remorque). Il n’y a jamais de routine, il faut rester vigilant et efficace". Il s'est adapté très vite aux conditions locales qui touchent le personnel et le matériel : "Je me rends compte que les fortes températures sur ce théâtre mettent à rude épreuve les hommes et les équipements. La chaleur et la poussière sont des facteurs à prendre en compte pour assurer au mieux les missions et les tâches à effectuer, et donc en premier lieu, entretenir son matériel. Comme on dit chez nous : l’entretien est au matériel ce que l’hygiène est à l’homme. J'arrive à l'avion, je prépare le matériel et dévide le tuyau d'avitaillement que je remets à mon camarade mécano avion pour qu'il l'accroche sur le Rafale, l'A400M Atlas ou l'Atlantique. J'ai ma zone de responsabilité, il a la sienne, mais c'est par notre travail ensemble que la machine redécollera".

Le 1ère Classe Jean-Yves est tout jeune dans l'institution puisqu'il est rentré en septembre 2012. Il a suivi le même cursus que ses camarades avec un stage de formation de 12 mois pour ce qui le concerne et une première affectation à la BPIA avant de partir vers un autre site en métropole. Jeune et pourtant déjà doté d’une grande expérience du terrain, puisque comme il l’affirme lui-même : "J’ai été projeté sur différentes opérations extérieures dont Serval au Mali et maintenant l'opération Chammal depuis début juin". Quant à son travail et son expérience : "Comme le brigadier-chefSamir, j'ai occupé les postes de chauffeur super poids-lourds, conducteur avitailleur et exploitant pétrolier. Il faut savoir tout faire de manière à pouvoir remplir le maximum de tâches et gérer au mieux notre emploi du temps et optimiser notre travail. Lors du plein, il faut suivre une procédure afin d’avitailler les aéronefs en toute sécurité. Avec des conditions climatiques assez rudes, il faut redoubler de vigilance car le risque est plus important ici. Lors de la distribution, nous veillons aussi à ce qu’il n’y ait pas d’anomalies sur les véhicules et ses alentours. Il m’est déjà arrivé qu’une fuite apparaisse sur les aéronefs lors du plein ; dans ce cas, nous stoppons l’avitaillement le temps de résoudre le problème et le reprenons ensuite".

Mais leur travail ne s'arrête pas là. Le brigadier-chef Samir nous explique : "Des échantillons d'essence sont régulièrement prélevés et envoyés au centre d’expertise pétrolière interarmées (CEPIA) afin de vérifier que les caractéristiques sont conformes aux spécifications en vigueur. Mais surtout, nous réalisons également nous-mêmes des tests quotidiens, qui de la source jusqu'au pied de l'avion nous garantissent que la qualité du produit correspondent aux normes exigées ".

A l'évidence, le fait de remplir nous-même nos voitures nous avait fait oublier que nos avions, nos bateaux et nos véhicules spécifiques ne s'avitaillent et ne se ravitaillent pas tous seuls. Métier dur et méconnu, mais désormais reconnu que celui de soldat du pétrole.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense