Point de situation des opérations du 7 au 13 février
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans une logique d’approche zonale en Bande Sahélo-Saharienne, la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma — grande comme un quart du territoire métropolitain français. L’action de Barkhane s’inscrit dans une approche globale en étroite collaboration avec les acteurs politiques, diplomatiques et économiques du Sahel.
À la suite du Sommet de Pau, le président de la République a demandé à la force Barkhane d’accentuer son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, et en particulier l’EIGS, dans la région dite « des trois frontières ».
Poursuivant cette semaine ses efforts en appui, et en coordination avec ses partenaires des forces armées maliennes, la force Barkhane a mené plusieurs opérations, conduites au sol par les groupements tactiques déserts (GTD), mais également par les airs par des campagnes aériennes spécifiques.
Les moyens de reconnaissance et de renseignement déployés sur la base aérienne projetée (BAP) de Niamey opèrent en effet quotidiennement. Capables de fournir du renseignement ou de l’appui cinétique, ces moyens mènent également des campagnes uniquement aériennes qui ont pour objectif de déceler et neutraliser toute activité de groupes armés terroristes, dans des zones lacunaires, ou particulièrement difficiles d’accès. Dans cette optique, les différents vecteurs, les Mirage 2000D, les drones REAPER, mais aussi l’Atlantique 2 de la Marine nationale coordonnent leurs capacités spécifiques afin de caractériser les zones d’action des groupes armés terroristes.
Ces opérations sont le fruit d’un exigeant travail de préparation et de renseignement, effectué dans la durée par Barkhane et ses partenaires.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Entre le 6 et le 7 février, la force Barkhane a conduit une opération à l’ouest du Gourma. Cette action a abouti à la neutralisation d’une vingtaine de terroristes ainsi qu’à la destruction de plusieurs véhicules. Elle s’est déroulée dans une zone où sévit la katiba du Gourma. Barkhane a mobilisé ses moyens aériens sur très court préavis, démontrant la capacité de la force à agir vite et loin de ses emprises. Un drone REAPER, une patrouille de Mirage 2000D ainsi qu’un hélicoptère Tigre et un Cougar ont participé à deux frappes ciblées sur une zone où des combattants terroristes avaient été repérés.
Dans le même temps, la force Barkhane a mené une opération ponctuelle dans le Liptako. Les opérations conduites par les commandos de Barkhane ont ainsi permis la mise hors de combat d’une dizaine de terroristes lors de deux actions distinctes, dans des zones où l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) est actif.
Le lendemain, le samedi 8 février, la force a délivré une frappe aérienne dans le Liptako nigérien, neutralisant près d’une dizaine de terroristes.
Le samedi 8 février également, une patrouille de Mirage 2000 est intervenue en appui d’un détachement FAMa, au nord-est de la ville d’Hombori dans le Gourma. Un « show of force » a contribué à mettre en déroute les terroristes qui avaient tendu une embuscade aux FAMa.
Outre la coordination mise en place entre les FAMa et la patrouille aérienne, c’est l’action des guetteurs aériens tactiques avancés (GATA) maliens précédemment formés par Barkhane, qui a été décisive, en permettant un dialogue direct entre les Mirage et les troupes au sol.
Dans le même temps, une patrouille d’hélicoptères Tigre a également été engagée dans la zone d’opération. Elle s’est rapidement trouvée au contact du groupe armé terroriste, a neutralisé l’un d’entre eux et a détruit sa moto.
La réaction efficace des FAMa lors de cette embuscade fait écho à leur résistance lors de l’attaque du poste de Dinangourou du 6 février. Après avoir repoussé les assaillants au cours de violents combats qui ont permis de préserver leur emprise, les soldats ont fait appel à des renforts des forces aériennes maliennes. Leur action coordonnée a permis d’infliger de lourdes pertes au groupe terroriste les ayant attaqués. Cette réaction illustre la progression des forces armées maliennes, et est une conséquence directe des efforts fournis par Barkhane et ses partenaires dans le cadre du partenariat militaire opérationnel.
Enfin, les actions de recherche d’éléments des groupes armés terroristes, entreprises à la suite de l’embuscade repoussée par les FAMa dans la région de Hombori, ont été concrétisées le mercredi 12 février par une opération qui a visé un campement des groupes armés terroristes dans la région de Gossi. Cette opération a combiné frappes de Mirage 2000-D et tirs d’hélicoptères. Une quantité importante de matériel a été détruite, et plusieurs terroristes ont été mis hors de combat. Après les frappes, la force Barkhane a mis au sol un groupe de commandos pour sécuriser la zone. Des motos, de l’armement et des vêtements militaires ont été saisis, de même qu’un important volume de carburant.
En marge de ces actions ponctuelles, le groupement tactique désert « Walsh » et un détachement des forces armées maliennes ont mené une vaste opération de contrôle de zone dans le Gourma, au sud de Gao, dans un secteur carrefour clé entre le Liptako et les pays frontaliers du 27 janvier au 7 février.
Au départ de Gao, les éléments de la force Barkhane et ceux des FAMa se sont coordonnés dans leur préparation afin de contrôler si les mesures particulières et les conduites à tenir en cas d’incident étaient connues de tous.
Un des objectifs de cette opération de contrôle de zone était de couper les nœuds logistiques, de communication et de trafic des GAT dans une zone qui dessert le Liptako voisin et les pays frontaliers.
Cette opération a également permis d’échanger avec le commandant de la garnison malienne de la région. Des patrouilles conjointes ont été réalisées, ainsi que des actions de ratissage dans plusieurs oueds.
Si cette opération ne s’est pas traduite par des confrontations avec les groupes armés terroristes, elle concourt néanmoins pleinement aux objectifs de la force Barkhane : participer à la montée en puissance des FAMa par le partenariat de combat, et contribuer de fait à apporter une forme de sécurité aux populations locales.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 122 sorties, parmi lesquelles 30 sorties de chasse, 44 sorties ISR et 48 missions de transport ou de ravitaillement.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Les avions français de la base aérienne projetée au Levant et du groupe aéronaval poursuivent leurs missions sur l’ensemble de la zone d’opération, tandis que la Task Force Monsabert poursuit son action au sein du pilier « formation ».
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Dans la nuit du 8 au 9 février, le destroyer américain USS Ross a rejoint le groupe aéronaval (GAN), constitué en Task Force 473, dans le cadre de l’opération Chammal, volet français de l’opération de la coalition internationale Inherent Resolve de lutte contre Daech.
La Marine nationale et l’US Navy coopèrent régulièrement en exercices comme en opération, pour atteindre désormais un très haut niveau d’interopérabilité leur permettant d’être engagées conjointement sur les théâtres d’opérations. En complément de l’intégration de l’USS Ross au groupe aéronaval, des avions de lutte anti-sous-marine P8 de l’US Navy ont également coopéré avec les deux frégates multimissions (FREMM) Auvergne et Bretagne accompagnant le GAN.
L’accueil à bord du porte-avions Charles de Gaulle le 10 février, du commandant de l’USS Ross le commander John D. John, a permis de formaliser l’entrée du bâtiment américain au sein du groupe aéronaval. Ce même navire avait par ailleurs déjà intégré le GAN en 2019, lors de la mission « Clémenceau » puis plus récemment pour l’exercice PEAN, de préparation du GAN avant son déploiement. Cette visite a également permis de coordonner les modes d’actions de l’USS Ross et du groupe aéronaval en termes de défense aérienne et de s’assurer de la fluidité des échanges et des objectifs communs à atteindre.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 54 sorties aériennes.
ÉLÉMENTS FRANÇAIS AU SÉNÉGAL
Durant l’année, les instructeurs du pôle de coopération Afrique de l’ouest des EFS ont formé et entraîné plus de 6600 soldats lors de 260 actions de formation. Près de 75 % de ces soldats ont par la suite été engagés dans des opérations extérieures comme intérieures.
Les instructeurs des EFS ont concentré leurs efforts sur la qualité des formations. Dans ce domaine, les spécialistes ont mis en œuvre des formations multi domaines sur du long terme pour la construction capacitaire d’outil de combat performant. Aujourd’hui, nous pouvons saluer le niveau technique élevé atteint par des unités telles que les sections d’appuis spécialisées du bataillon des commandos des forces armées sénégalaises ou encore les forces spéciales sénégalaises et ivoiriennes occupant le haut du spectre.
En 2019, les EFS auront formé près de 300 moniteurs ISTC (instruction sur le tir de combat), 150 moniteurs de secours au combat, 75 moniteurs contre-IED (Improvised Explosive Devices) et 45 médecins au secourisme de combat de niveau trois. En outre, afin d’accroître la capitalisation des compétences acquises, de nombreuses actions de formation ont été conduites de concert avec des instructeurs des pays partenaires. L’amalgame d’instructeurs africains dans les équipes d’instructeurs français s’inscrit dans l’approche des EFS de passer progressivement d’une logique de « formation des formateurs » à celle « d’emploi des formateurs ». Il s’agit en outre, d’un levier prometteur pour accélérer la montée en compétences des armées ouest-africaines et la diffusion des bonnes pratiques.
Pour 2020, les priorités se concentreront sur l’opérationnalisation de la force G5 Sahel, des forces armées de Côte d’Ivoire, des unités francophones de la MINUSMA et des forces armées sénégalaises. Cette année, l’effort se portera sur trois axes majeurs : la structuration des commandements nationaux, la mise en réseau des états-majors nationaux ainsi que l’accompagnement dans la durée d’unités dites de « Première ligne », aptes à exploiter le renseignement.
Cette année enfin, les EFS ont planifié 282 actions de coopération pour répondre aux besoins des partenaires et contribuer à la montée en puissance de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique de l’ouest. Face à la demande d’actions de formation qui dépasse les capacités d’instruction, le plan de coopération des EFS s’ouvre aux contributions d’autres armées. Tel est le cas notamment au travers de la mise en œuvre d’un DIO franco-britannique au Libéria et de l’emploi d’un instructeur espagnol au sein d’un DIO état-major.
BILAN POLICE DES PÊCHES 2019
La préservation des ressources halieutiques, la lutte contre la pêche illicite ainsi que la protection des diverses zones économiques exclusives constituent des enjeux économiques majeurs pour l’ensemble des forces de souveraineté française présentes dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), aux Antilles (FAA), en Nouvelle-Calédonie (FANC) ou encore en Polynésie française (FAPF), ou en Guyane (FAG).
Afin de lutter contre le trafic d’espèces protégées (lambins, oursins blancs), de participer aux impératifs de santé publique ou de surveiller les différentes zones économiques exclusives dans un contexte de croissance de l’effort de pêche, les forces armées participent activement à ces missions avec l’aide des bâtiments de la Marine nationale et de la gendarmerie maritime, mais aussi de l’armée de l’Air et en coopération avec les détachements militaires permanents déployés sur ces territoires.
Aux Antilles, en 2019, les FAA ont effectué, en Guadeloupe et en Martinique, 18 heures de surveillance aérienne (hélicoptère Panther, de la Marine et ponctuellement un avion Falcon 50 Marine venant de métropole) et 43 jours de surveillance maritime grâce au patrouilleur côtier de la Gendarmerie maritime Violette et le remorqueur portuaire côtier Maïto permettant le contrôle de 50 navires, la relève de 36 casiers et l’établissement de 20 procès-verbaux.
En Nouvelle-Calédonie, neuf contrôles ont été conduits par les patrouilleurs de la Marine « La Moqueuse » et « La Glorieuse » et par le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) « D’Entrecasteaux ». L’ensemble des moyens aériens et maritimes des forces armées ont consacré aux opérations de police des pêches près de 50 heures de vol et 43 jours de mer, dont 400 heures de mer de contrôle des pêches effectives.
De leur côté, les FAZSOI ont réalisé, en 2019, neuf opérations de police des pêches conduites par la Marine nationale dans la zone maritime sud de l’océan Indien. Les infractions relevées ont débouché sur l’appréhension de 700 kilos de poissons et 420 kilos d’holothuries. Elles concernaient en majorité des embarcations légères mahoraises en infraction à la réglementation et un navire palangrier réunionnais en action de pêche non autorisée dans les eaux territoriales des îles Glorieuses. En 2020, les bâtiments de la Marine nationale basés à La Réunion, frégates de surveillance « Nivôse » et « Floréal », BSAOM « Champlain », patrouilleur « Le Malin » et patrouilleur polaire « L’Astrolabe », effectueront plus de 600 jours de patrouille dans les ZEE françaises « chaudes » et « froides » situées dans la zone sud de l’océan Indien.
En Polynésie française, les FAPF, grâce à la présence des bâtiments de la Marine (patrouilleur Arago, frégate de surveillance Prairial et BSAOM Bougainville ont réalisé 66 visites de navires de pêche étrangers en haute-mer au titre de la Western and Central Pacific Fisheries Commission [WCPFC – organisation régionale des pêches pour l’ouest du Pacifique]. Cet excellent bilan place la France au premier rang des nations réalisant les contrôles WCPFC, devant les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En complément, les avions Falcon 200 Gardian de la Marine ont réalisé 253 survols de navires de pêches dans la ZEE et à ses abords en 2019, souvent à 1 000 voire 2 000 kilomètres de Tahiti. Les forces contribuent enfin à cette mission à travers la coopération régionale. En 2019, les moyens des FAPF ont participé à trois opérations de coopération de surveillance maritime avec les États voisins et insulaires du Pacifique.
Enfin, en Guyane, les moyens maritimes des FAG, constitués de deux patrouilleurs Antilles-Guyane La Confiance et La Résolue de deux vedettes côtières de surveillance maritime de la gendarmerie maritime Organabo et Mahury et de l’embarcation remonte filets Caouanne ont ainsi cumulé près de 364 jours de mer dont 201 exclusivement dédiés à la mission de police des pêches. Les moyens aériens de l’escadron de transport 68 Antilles Guyane, dont l’équipage est renforcé par un personnel volant issu de l’aéronautique navale affecté à l’état-major des FAG, ponctuellement appuyés par un Falcon 50 de la Marine venant de métropole, ont consacré 112 heures de vol à l’appui des opérations en 2019. Cette mobilisation des FAG, en liaison avec les autres administrations, dont les affaires maritimes et les douanes garde-côtes, a permis de mener 103 actions sur des embarcations suspectes, conduisant à 15 déroutements ainsi qu’à la confiscation de 243 kilomètres de filets et le rejet de plus de 49 tonnes de poissons. Elle a également permis la saisie de 587 kilos de vessies natatoires.
L’ensemble de ces actions réalisées par les forces armées françaises en coopération avec d’autres acteurs forment un bilan positif qui continuera de se renforcer en 2020. Ce bilan positif démontre aussi la détermination de l’État français à faire respecter sa souveraineté sur les différents espaces maritimes et à préserver ses ressources halieutiques.
La France dispose du 2e domaine maritime mondial, avec près de 19 000 km de littoral et 10,2 millions de km2 de zone économique exclusive [ZEE] dont 97 % se situent outre-mer. La protection de ces espaces est une priorité, à laquelle participent les armées notamment dans le cadre de la mission de police des pêches. Celle-ci s’inscrit dans un cadre européen et interministériel mobilisant plusieurs services de l’État.
TERRITOIRE NATIONAL
Depuis la soirée du 3 février, la Corse est balayée par des vents violents et en proie à d’importants incendies principalement sur les secteurs de Quenza (Corse-du-Sud) et de Solaro (Haute-Corse).
Dès le 4 février, le préfet de la zone de Défense et de Sécurité Sud, qui coordonne l’action des secours, a demandé l’engagement des armées pour renforcer les moyens civils de lutte contre l’incendie. Le général de corps d’armée Benoît Houssay, officier général de la zone de défense et de sécurité Sud, a ainsi engagé à Quenza deux camions-citernes feux de forêt et une équipe de pompiers de l’air de la base aérienne 126 de Solenzara. Il assure depuis Marseille le contrôle opérationnel des unités militaires déployées.
Le passage de la tempête Ciara a ravivé les flammes et la situation s’est à nouveau dégradée dans la nuit du 10 au 11 février. Ainsi, depuis le 11 février, la base aérienne 126 de Solenzara et le 2e Régiment Etranger de Parachutistes de Calvi mettent à nouveau en œuvre des camions-citernes feux de forêt à Quenza.
Un hélicoptère de manœuvre de type Puma a appuyé le dispositif de Quenza le mercredi 12 février. Il a permis la dépose d’un détachement d’intervention héliporté sur la ligne de crête du Col de Larone et d’acheminer du matériel au plus près d’une zone de feu inaccessible aux autres moyens de secours.
Ce sont actuellement plus de 650 sapeurs-pompiers, marins-pompiers et sapeurs-sauveteurs qui sont déployés sur les différents sinistres pour stabiliser la situation. Ils sont appuyés par les formations militaires de la sécurité civile (UIISC 5 de Corte et UIISC 7 de Brignoles) et par les marins-pompiers de Marseille.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense