Point de situation des opérations du 31 janvier au 6 février
TERRITOIRE NATIONAL
En raison de l’épidémie du coronavirus, le gouvernement français a organisé l’évacuation de ressortissants français et européens depuis la Chine vers la métropole. Cette opération de rapatriement a été pilotée par le centre de crise du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et coordonnée avec le ministère des Solidarités et de la Santé, le ministère des Armées et le ministère de l’Intérieur en lien étroit avec les autorités chinoises.
L’officier général de la zone de défense et de sécurité sud (OGZDS), le général de corps d’armée Houssay a assuré le contrôle opérationnel de toute la manœuvre d’accueil, de transport terrestre vers les centres d’accueil de Carry le Rouet et d’Aix les Milles et de désinfection depuis le centre opérationnel de son état-major à Marseille, et a coordonné l’expertise de plusieurs formations de l’armée de l’Air, de l’armée de Terre, du service de santé des armées et du service de commissariat des armées.
La base aérienne 125 d’Istres a ainsi été, du 30 janvier au 3 février, la plateforme d’accueil de tous les intervenants civils et militaires qui ont œuvré à la prise en charge de près de 550 ressortissants français et étrangers rapatriés à bord de 2 avions en provenance de WUHAN.
Dans le premier avion, un A340 militaire de l’escadron de transport 3/60 « Esterel », une équipe médicale du service de santé des armées (SSA) et de l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile n° 7 (UIISC7) de Brignoles dans le Var ont été chargés de la prise en compte des passagers à l’embarquement et de leur suivi médical durant le vol. Les centres médicaux de Marseille et d’Istres ont assuré la mise en place des moyens de prévention et de protection pour l’ensemble de la manœuvre de rapatriement et coordonné la prise en charge des ressortissants symptomatiques par le service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR).
Le groupement de soutien de la base de défense (GSBDD) d’Istres a assuré le soutien logistique des ressortissants sur la base puis leur transport vers leur lieu d’hébergement appuyé par une équipe et un camion du 503e régiment du Train de Nîmes pour le chargement et le transport des bagages.
Enfin, la section d’intervention sur les risques nucléaires radiologiques biologiques et chimiques ou explosifs (NRBC-E) de la base aérienne 120 de Cazaux renforcée de moyens de la BA 125 d’Istres et de la BA 115 d’Orange ont assuré toute la manœuvre de désinfection des aéronefs, véhicules et infrastructures ayant accueilli les ressortissants.
MISSION JEANNE D’ARC 2020
Du 26 février au 30 juillet 2020 se déroulera la mission annuelle « Jeanne d’Arc » pendant laquelle les officiers élèves de l’école d’application des officiers de marine (EAOM) terminent leur cycle de formation en effectuant leur premier déploiement opérationnel de longue durée. La Task Force, composée du PHA Mistral et de la FLF Guépratte doit être déployée de la mer Méditerranée à la zone Indo-Pacifique.
La mission Jeanne d’Arc 2020 est un déploiement opérationnel de haut niveau et de longue durée d’un groupe amphibie articulé autour du PHA Mistral et de la FLF Guépratte, renforcés d’une Alouette III de la Marine, d’un groupement tactique embarqué, d’un sous-groupe aéromobile de 2 Gazelle de l’ALAT et d’un détachement d’un MH90 italien.
Elle démontre la capacité de projection au loin de la marine française, et constitue une capacité d’intervention rapidement projetable, notamment pour des opérations d’assistance après une catastrophe naturelle de type HADR, et participera également à des missions de sécurisation en océan Indien en intégrant la TF150, et assurera une mission de présence dans la zone Indo-Pacifique.
Ce déploiement est également un vecteur de coopération qui contribue à renforcer l’interopérabilité avec nos principaux partenaires des zones traversées, notamment l’Inde, le Japon, ou l’Australie, comme le confirme les interactions planifiées comme l’exercice multinational Lapérouse, l’exercice Varuna avec l’Inde, mais aussi l’exercice Croix du Sud, exercice d’évaluation de la capacité HADR qui constituera un point culminant de ce déploiement dans la zone Asie-Pacifique.
Cette mission remplit également un rôle de formation à la mer des officiers de la Marine nationale. Pour les officiers élèves français et internationaux participant au déploiement, la mission Jeanne d’Arc constitue une véritable mise en condition opérationnelle et une mise en pratique de la formation polyvalente reçue à l’École navale. En partant loin, longtemps, en équipage, au sein d’une mission opérationnelle, les futurs officiers se préparent à la conduite des opérations, grâce à la pratique du métier et à l’expérience de la prise de responsabilité.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Les avions français, depuis la base aérienne projetée et le porte-avions Charles de Gaulle, poursuivent leurs missions sur l’ensemble de la zone d’opération tandis que la Task force Monsabert poursuit son action au sein du pilier « formation ».
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Depuis leur arrivée en zone d’opération Chammal le 29 janvier dernier, les Rafale marine et les E2C Hawkeye du groupe aéronaval constitué en Task Force 473 poursuivent les opérations aériennes de lutte contre Daech.
Chaque jour, les marins décollent du Charles de Gaulle pour des missions aériennes de reconnaissance tactique et de défense aérienne, ainsi que des vols d’appui aérien en soutien des opérations terrestres. Les capacités de reconnaissance, de renseignement et de frappe du Rafale marine sont complétées par deux avions de guet aérien E2C-Hawkeye, également mis en œuvre depuis le porte-avions. Ils patrouillent au-dessus des territoires d’intérêt et concourent ainsi à l’éclairage de la force et à la compréhension du théâtre. En cinq jours, 22 appareils répartis en 13 patrouilles ont été catapultés depuis le porte-avions, cumulant ainsi plus de 60 heures de vols opérationnels au-dessus du théâtre. Ils sont soutenus par un Caïman marine, hélicoptère de combat multiluttes et un avion de patrouille maritime Atlantique 2, aux capacités complémentaires de maîtrise des espaces aéromaritimes et de recueil de renseignement.
Ce déploiement de la Task force 473 en Méditerranée orientale est le 5e depuis 2014 et le lancement de l’opération Chammal.
Dans les prochaines semaines, le groupe aéronaval continuera de mettre en œuvre quotidiennement ses aéronefs, en complément des moyens français de l’armée de l’Air déjà déployés dans la zone.
Début février, la Task Force Monsabert a formé les tireurs d’élite de la 6e division d’infanterie irakienne à la lutte « anti-sniping ». L’objectif était d’enseigner les bons réflexes à adopter en cas de prise à partie par un tireur d’élite ennemi.
Après plusieurs cours théoriques présentant les modes d’action des tireurs d’élite, les militaires irakiens ont été confrontés à des cas pratiques au sein du village de combat construit par la Task Force Monsabert.
Commandé par son chef de groupe, chaque tireur devait étudier la présence éventuelle d’un sniper dans les bâtiments, et se déplacer discrètement et ne pas se faire détecter par le sniper ennemi. S’appuyant sur les possibilités de camouflage offertes par la végétation et le relief, les tireurs de la 6e division irakienne s’étaient positionnés afin de pouvoir neutraliser l’ennemi.
Cette formation a permis de renforcer la capacité opérationnelle des tireurs d’élite irakiens qui possèdent, pour la plupart, une certaine expérience du feu. En effet, certains d’entre eux ont déjà participé à des combats contre Daech. Régulièrement déployés dans le cadre de la lutte antiterroriste, ces tireurs d’élite de la 6e division irakienne réduisent le champ d’action des tireurs isolés djihadistes et veillent ainsi à la protection des forces armées et des populations civiles.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les Rafale, ATL-2 et E2-C engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 60 sorties aériennes.
Ce lundi 3 février 2020, un Rafale a d’ailleurs décollé de la BAP H5 pour une mission d’appui aux forces de sécurités engagées au levant, qui s’avère être la 10000e sortie aérienne de l’opération « Chammal », tous aéronefs confondus.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans une logique d’approche zonale en Bande Sahélo-Saharienne, la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma — grande comme un quart du territoire métropolitain français. L’action de Barkhane s’inscrit dans une approche globale en étroite collaboration avec les acteurs politiques, diplomatiques et économiques du Sahel.
À l’occasion du Sommet de Pau, les dirigeants du G5 Sahel ont réaffirmé l’importance et la nécessité de l’opération Barkhane pour la stabilité du Sahel. En conséquence, à la demande du président de la République, les Armées vont accentuer leur effort dans la lutte contre les groupes armés terroristes, effort qui se concentrera dans la région dite « des trois frontières ».
En complément des renforts annoncés à l’occasion du sommet de Pau, constitués actuellement de 220 militaires du 2e REP en provenance des FFCI, ce sont près de 400 militaires qui seront déployés progressivement dans les prochaines semaines. Ils viendront pour l’essentiel densifier deux groupements tactiques désert et les groupements « logistique », et « transmission ». Des véhicules supplémentaires vont également être déployés : une trentaine de blindés légers, une trentaine de blindés lourds et une vingtaine de véhicules logistiques.
Ainsi, la France déploiera bientôt près de 5100 militaires au sein de l’opération Barkhane.
Cette adaptation constitue un effort important pour les Armées françaises. Constituée en grande partie d’unités directement employables sur le terrain, elle est nécessaire pour accentuer la pression sur les groupes armés terroristes qui agissent dans le Liptako-Gourma, en particulier l’EIGS, à travers des opérations menées conjointement avec les forces des pays du G5 Sahel. Il s’agit de mettre ces groupes à portée de nos partenaires, de lutter contre leur emprise sur la population sahélienne, mais aussi de contribuer à la progression des forces locales à travers un véritable partenariat de combat.
La nature et les missions de ces effectifs complémentaires sont amenées à évoluer au cours du prochain semestre, afin de préparer notamment l’accueil des partenaires européens engagés dans la TF Takuba, mais également pour participer à la construction de la « Coalition pour le Sahel ».
Par ailleurs, dans ce cadre, Barkhane travaille activement au renforcement de la coordination entre sa chaîne de commandement, et celles des forces partenaires intervenant dans la région des « trois frontières », en particulier la force conjointe G5 Sahel.
Une structure dédiée va être mise en place dans les prochains jours à Niamey, à proximité du poste de commandement du fuseau Centre de la force conjointe. Intégrant des officiers de liaison des différentes forces impliquées, elle permettra de coordonner et de synchroniser les actions dans les domaines du renseignement, de la planification et de la conduite, et d’améliorer les délais de réaction en cas d’alerte.
De son côté, le poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) de l’opération Barkhane, stationné à N’Djamena, a d’ores et déjà intégré début février trois officiers de liaison, burkinabè, malien et nigérien, issus de la force conjointe du G5 Sahel (FC G5S).
Leur mission est double. En planification, ils participent à la synchronisation des plans pour obtenir des effets complémentaires sur le terrain. En conduite, ils contribuent à améliorer le suivi tactique des opérations et à assurer le partage d’informations spécifiques.
Ce mécanisme de coordination des commandements, prémices de la Coalition pour le Sahel annoncée au Sommet de Pau, n’est pas un organe de fusion des chaînes de commandements. Celles-ci ont et vont garder leurs caractéristiques propres : ainsi, si Barkhane est la seule force capable d’intégrer les contributeurs extérieurs au Sahel, et notamment la TF Takuba, la force conjointe est la seule qui puisse assurer le commandement d’unités des forces locales.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Du 29 au 31 janvier, le groupement tactique désert « Acier » a mené une manœuvre aéroterrestre, sous la forme d’une opération « coup de poing » au sud de Gao, sur la rive ouest du fleuve Niger, en coopération avec les forces armées maliennes. Ce mode d’action permet à la force Barkhane d’agir vite et loin, tout en créant de l’incertitude chez les groupes armés terroristes.
Les unités françaises et le détachement des forces armées maliennes avaient pour mission de reconnaître un village et ses environs dans la région sud de Gao, au sein duquel des pressions ponctuelles des groupes armés terroristes sur la population étaient avérées. Pour cette opération, la force Barkhane a mis en œuvre un mode d’action réactif combinant manœuvre aéroterrestre et déploiement de forces par voie routière. La simultanéité de l’action a nécessité une coordination fine, incluant les partenaires maliens.
L’effort tactique a été mis sur la surprise en s’appuyant sur les hélicoptères français CAÏMAN et danois MERLIN pour la mise en place d’une partie des unités. En parallèle, le reste de l’unité a effectué une reconnaissance offensive conjointe avec les forces armées maliennes, le long du fleuve Niger.
Les forces armées maliennes ont contribué au bouclage de la zone. Leur connaissance du milieu et leur facilité à établir le contact avec la population sont une plus-value pour la force Barkhane.
Au cours de cette opération, qui contribue également à rassurer les populations locales, des points d’intérêt ont été fouillés et des ressources ont été saisies dans des caches, permettant l’orientation d’opérations futures.
Du 22 janvier à courant février, un stage de formation de la 2e unité spéciale antiterroriste (USAT-2), encadré par le groupement tactique désert « Acier », se déroule dans le camp des forces armées maliennes (FAMa), à proximité de la base de Gao.
Dans le cadre des accords de paix et de réconciliation, les forces partenaires de l’opération Barkhane suivent différentes formations afin qu’elles puissent prendre l’ascendant de manière durable et autonome contre les réseaux terroristes. La formation d’un bataillon unité spéciale en fait partie. L’objectif est d’améliorer les compétences professionnelles de cette unité, placée sous les ordres du chef d’état-major général des armées malien, pour garantir une efficacité opérationnelle et contribuer ainsi à la lutte contre les groupes armés terroristes. La 1re USAT avait été formée en juillet 2019 par le groupement tactique désert « Edelweiss ».
Cette formation est axée sur des notions tactiques fondamentales et des instructions ciblées et adaptées aux besoins des soldats maliens. Elle s’attache à faire progresser les forces partenaires sur certains fondamentaux du combat et de la vie militaire comme la notion de sûreté en opération, la défense de base, la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), le sauvetage au combat, le maintien en condition du matériel. Les outils de commandement tels « les cahiers d’ordres » font aussi l’objet de cours dédiés. Ils s’avèrent indispensables pour améliorer la diffusion des ordres, et in fine le commandement des unités.
Le 22 janvier, la formation a débuté par une séquence d’évaluation initiale des recrues FAMa. Cette séance permet notamment d’identifier la pédagogie à mettre en place, qui privilégie l’instruction visuelle à base de photographies et de vidéos ; en effet, un cours peut devoir être traduit en 3 dialectes.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 112 sorties, parmi lesquelles 30 sorties de chasse, 40 sorties ISR et 42 missions de transport/ravitaillement.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense