Point de situation des opérations du 30 octobre au 5 novembre.
AFRIQUE – BARKHANE
Depuis le 28 septembre 2020, dans le Liptako Malo-Nigérien, la Force Barkhane a mené une succession d’actions coordonnées visant à harceler dans sa zone refuge l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Cette manœuvre globale de la Force Barkhane baptisée BOURRASQUE a mobilisé sur le terrain, pendant un peu plus d’un mois, 1600 soldats français et 1400 soldats des forces partenaires maliennes (300) et nigériennes (1100). Engagés simultanément sur le terrain et opérant de manière coordonnée, ils ont été renseignés et appuyés par des moyens aériens français et alliés (américains, britanniques et danois).
Après un premier contact le 24 octobre au sud de Tankadame, le Groupement tactique désert (GTD) Bruno, renforcé par deux compagnies des Forces armées nigériennes (FAN), a été confronté le 28 octobre à des Groupes armés terroristes (GAT) déterminés et sans esprit de recul dans la région d’Ekrafane.
Dans la même période, le Task group (TG) franco-estonien associé à l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) n°4 malienne constituant la première unité de la Task force (TF) Takuba, a été engagée en direction d’Akabar puis vers l’ouest avec un effort sur Inatès et Tin Araban.
Par ailleurs, durant plusieurs jours, une opération coordonnée menée à l’ouest du Liptako entre les commandos montagne, une compagnie des FAN et la TF Takuba a permis la récupération de matériels logistiques et la neutralisation de GAT, démontrant ainsi l’aptitude de cette dernière à harceler et engager les GAT.
Avec l’appui du GTD aérocombat, l’action des commandos montagne s’est poursuivie dans la forêt de Sorori, où ils ont effectué une mission de reconnaissance et de sécurisation.
Durant les quatre semaines de l’opération BOURRASQUE, la Force Barkhane au côté des forces armées partenaires et alliées ont permis de :
- empêcher les GAT de se ravitailler, limitant ainsi leur capacité d’action ;
- saisir ou détruire de nombreux matériels, de l’armement, des munitions, plusieurs dizaines de véhicules (pick-up et motos) et de nombreuses ressources ;
- mettre hors combat de plusieurs dizaines de GAT.
En parallèle, grâce à ces nombreuses opérations qui accentuent la pression sur les GAT présents dans la bande sahélo-saharienne (BSS), une opération ponctuelle a pu être conduite dans la région de Boulikessi le 30 octobre. Lors de durs combats, les militaires de l’opération BARKHANE appuyés par des Mirage 2000 D et un drone Reaper ont neutralisé une cinquantaine de GAT qui s’apprêtaient à attaquer une garnison malienne.
Par ailleurs, BARKHANE poursuit ses opérations de harcèlement dans le Gourma pour dénier toute capacité de nuisance aux GAT.
Dans le reste du Mali, les formations opérationnelles se poursuivent au profit des forces armées maliennes à Gao, Tessalit et Gossi.
Au cours du mois d’octobre, en parallèle de l’opération BOURRASQUE, les missions d’acheminent de matériels et vivres se sont poursuivies pour le GTD logistique (GTD LOG).
Dans le cadre de la montée en puissance de la Base opérationnelle avancée (BOA) de Ménaka qui accueillera dans quelques mois des unités de la TF Takuba dont le Task group franco-tchèque, il a mené à bien plusieurs convois dans le Liptako.
Les avions de la Force Barkhane ont réalisé 100 sorties, parmi lesquelles 26 sorties chasse, 29 sorties ISR et 45 missions de transport ou de ravitaillement.
PROCHE MOYEN-ORIENT – CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération CHAMMAL se poursuit, et les Armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech, qui tente de reconstituer son réseau et poursuit toujours ses actions violentes à bas niveau.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Dans le cadre de ses activités de directeur du Directorate of interagency and civil environment (DICE – Directorat de l'environnement civil et inter agences), le général Tardif, SNR-O de l'opération CHAMMAL, poursuit sa série de rencontres sur le théâtre irakien.
Ces derniers jours, il a rencontré des représentants de l’United Nations investigative team to promote accountability for crimes committed by Da’esh/ISIL (UNITAD - organisme des Nations Unies en charge des enquêtes sur les crimes commis par Daech) puis le général Carignan, commandant la Nato Mission Irak (NMI), dont la mission de formation au profit des Irakiens est en phase finale d'élaboration.
Le général Tardif s’est entretenu également avec des personnalités du comité international de la Croix rouge.
Sorties air hebdomadaire (bilan du 28 octobre au 03 novembre inclus)
Les aéronefs français basés au Levant et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 18 sorties aériennes.
PROCHE MOYEN-ORIENT – AGÉNOR
Après dix jours de patrouille dans le golfe d’Oman et le golfe Arabo-persique et quatre franchissements du détroit d’Ormuz, la Frégate multimissions (FREMM) Languedoc a effectué une dernière relâche opérationnelle à Abu Dhabi. Ayant appareillé en début de semaine pour ses derniers jours de patrouille dans la zone de l’opération AGÉNOR, elle sera relevée dans les prochains jours par la frégate antiaérienne Jean Bart. Ainsi grâce à une relève d’équipage inédite en opération, la FREMM Languedoc aura été intégrée durant 170 jours à la Task Force (TF) 474, composante aéronavale de cette opération. Depuis le lancement de l’opération, la France est la nation contributrice qui engage en permanence des moyens militaires.
De son côté, après une relève partielle d’équipage au cours de sa relâche opérationnelle à Dubaï, la frégate danoise HDMS Iver Huitfeldt a repris ses patrouilles de sécurité de part et d’autre du détroit d’Ormuz.
PROCHE MOYEN-ORIENT – CTF 150
Déployée dans le nord de l’océan Indien, la frégate de surveillance (FS) Floréal a intégré la Combined task force (CTF) 150 le 31 octobre dernier.
Pendant un peu plus d’un mois, la frégate française participera à cette opération dont la mission consiste principalement à lutter contre les organisations terroristes et leurs activités illégales dans le domaine maritime (trafics de drogue et d’armes principalement).
EUROPE DU NORD ET DE L’EST
Le 30 octobre, le sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) de LYNX 8 a achevé sa préparation pour l’exercice interalliés IRON WOLF en réalisant une mise en alerte de son contingent. Depuis le camp de Rukla où ils sont positionnés, les militaires français devaient, dans un temps contraint, se rassembler, récupérer leurs matériels dans la zone technique où sont stationnés les véhicules majeurs (chars Leclerc, Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) et Véhicules blindés légers (VBL)) avant de rejoindre la zone de regroupement et d’attente.
Le 1er novembre, aux côtés de ses partenaires allemands, norvégiens et néerlandais, le personnel du Service de santé des armées (SSA) de LYNX 8 a été engagé dans un exercice MASCAL (massive casualties – nombreuses victimes) qui permettait à la Multinational medical company (MN MedCoy) de l’enhanced Forward Presence Battle Group Lithuania (eFP BG LTU) de s’entraîner à l’afflux massif de blessés dans des conditions très proches de la réalité.
Le SGTIA se tient dès à présent en mesure de participer à cet exercice majeur qui réunira plus de 3000 participants et dont l’objectif principal est d’entraîner les unités à la planification et à la conduite d’opérations décisives et d’accroître le niveau d’interopérabilité des forces multinationales présentes.
BASSIN MÉDITERRANÉEN – MEDCENT
Dans le cadre de l’opération EURONAVFORMED IRINI lancée le 31 mars 2020 par décision du Conseil européen dont l’objectif principal est de faire respecter l’embargo sur les armes à destination de la Libye, imposé par les résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies, la France continue d’engager de multiples moyens navals et aériens.
Depuis le 1er octobre, la frégate anti-sous-marine (FASM) Latouche-Tréville est placée en soutien direct à l’opération. Elle a notamment pu conduire 14 contrôles de navire de commerce à destination de la Libye.
Afin d’étendre la capacité de détection, les forces armées déploient ponctuellement des moyens aériens. Ainsi, le 3 octobre un E3-F AWACS a opéré au profit d’IRINI. Par ailleurs, depuis le 1er novembre et pour deux semaines environ, un Atlantique 2 (ATL2) est déployé à La Sude en Grèce. De ce fait, il effectuera des vols de patrouille maritime en soutien direct de l’opération.
BASSIN MEDITERRANEEN – LIBAN – DAMAN
Le 27 septembre, un détachement d’environ 150 militaires de la FINUL comprenant notamment une cinquantaine de militaires français du contingent DAMAN 37 a été déployé dans la capitale libanaise. Leur mission consistait à :
- poursuivre le déblaiement des débris sur le port en appui d’un bataillon de génie libanais ;
- contribuer à la réhabilitation en centre-ville de maisons appartenant au patrimoine culturel libanais, en lien avec la direction générale des antiquités et l’ONG Blueshield.
Avec des composantes Génie et Soutien (MEC/SAN/LOG), le détachement a agi dans le cadre de la mission d’assistance de la FINUL. Après plus de 3 semaines de travaux dans le port et le centre-ville historique, les objectifs fixés ont été atteints, autant en termes de travaux réalisés qu’en termes de sécurité sanitaire.
Dans le centre-ville, deux axes sont de nouveau ré-ouverts à la circulation : les rues Mar Mikhael et Saint-Nicolas ont été complément nettoyées avec un cumul de près de 250 tonnes de gravats enlevés. Des toitures provisoires ont été posées avant la période hivernale.
Sur le port, les chiffres sont tout aussi probants : quatre hangars ont été nettoyés, 11 500 tonnes de gravats déblayés et plus 28 000m² de surface libérés.
Sur demande des Forces armées libanaises (FAL), depuis le 26 octobre et jusqu’à la fin de cette semaine, une partie du détachement français fournit un appui technique. Cette opération « VAUBAN BEYROUTH II » est la prolongation de la première mission avec un volume de force réduit pour des missions ponctuelles en centre-ville, notamment sur le bâtiment du ministère des Affaires étrangères.
TERRITOIRE NATIONAL – RESILENCE
Afin de soutenir le département de la Guadeloupe, alors classé en zone d’alerte maximale, les forces armées ont déployé du 26 septembre au 27 octobre une Cellule militaire de réanimation (CMR) au CHU de Pointe-à-Pitre.
Durant un peu plus d’un mois, les 37 personnels soignants et militaires du Service de santé des armées (SSA) et du Régiment médical (RMED) composant cette CMR ont opéré dans une aile de l’hôpital. Permettant d’en augmenter les capacités de réanimation de 8 lits, ils ont pris en charge un total de 22 patients.
Dans le cadre de l’opération RÉSILIENCE et à la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé, les armées ont engagé le mercredi 4 novembre 2020 un A400M pour réaliser une mission de transport médicalisé par voie aérienne.
Equipé du kit d’évacuation médicalisée MEROPE (module de réanimation pour les opérations) et embarquant un équipage composé de personnel de l’armée de l’Air et de l’Espace et d’équipes médicales du Service de santé des armées, cet aéronef a assuré le transfert de 4 patients en états de réanimation entre les hôpitaux de Lyon et de Nantes.
TERRITOIRE NATIONAL – SENTINELLE
À la suite des attentats perpétrés en fin de semaine dernière, le Président de la République a décidé de rehausser la posture d’alerte VIGIPIRATE au niveau « alerte attentat ». Par conséquent, les effectifs engagés dans l’opération SENTINELLE ont été augmentés en faisant appel à l’ « échelon de renforcement programmé ». Ce sont ainsi 7000 militaires qui sont déployés sur le territoire national.
Ayant fait l’objet d’une adaptation continue pour répondre au mieux aux besoins de protection des Français en lien avec les forces de sécurité intérieures, l’opération SENTINELLE montre une nouvelle fois sa réactivité.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA