Point de situation des opérations du 3 au 10 octobre
GRIFFIN STRIKE 2019
MANŒUVRE AMPHIBIE FRANCO-BRITANNIQUE MAJEURE AU LARGE DE L’ECOSSE
L’exercice maritime « Griffin Strike 19 » a débuté sa séquence tactique le lundi 07 octobre 2019, à la suite d’une phase de montée en puissance de la force amphibie franco-britannique.
Ainsi, jusqu’au vendredi 18 octobre, les moyens conjoints de la Marine nationale et de la Royal Navy, associés à ceux des armées de terre française et britannique et de la Royal Air Force, sont mobilisés au large de Glasgow. L’objectif est de qualifier l’état-major de la composante maritime (Maritime Combined Command - MCC) de la future force expéditionnaire conjointe interalliée, la CJEF (Combined Joint Expeditionary Force).
Les premiers jours de l’exercice ont été consacrés au test des capacités de l’ensemble des Tasks Groups et à leur intégration au MCC pour assurer au commandement les moyens d’agir en coopération, dans tous les domaines de lutte (sous-marin, amphibie, aérien, surface). Prochainement qualifié, le MCC sera très rapidement en mesure de disposer d’une autonomie d’appréciation essentielle pour la maîtrise de la situation navale du scenario.
Qu’est-ce que la CJEF ?
Par les accords de Lancaster House conclus en 2010, la France et le Royaume-Uni travaillent depuis bientôt 10 ans à l’édification d’une capacité permettant aux forces françaises et britanniques de déployer, sous faible préavis, une force expéditionnaire interalliée et interarmées d’entrée en premier et non permanente, ainsi qu’un état-major binational.
Dans la lignée des entrainements majeurs ayant lieu chaque année depuis 2010, Griffin Strike 19 contribue à atteindre la pleine capacité opérationnelle (Full Operationnal Capability – FOC) de la CJEF prévue en 2020, en assurant la qualification opérationnelle de sa composante maritime. Cet état-major maritime offre au commandement de la CJEF des options capacitaires dans chaque domaine de lutte, au-dessus, sur et au-dessous de la surface.
Un exercice ambitieux
Signe du niveau d’ambition et de leur envergure capacitaire de nos deux armées, plusieurs dizaines de bâtiment et près d’un millier de personnels seront déployés pour cet exercice. 15 bâtiments de surface et 3 sous-marins, associés à des forces terrestres (40 militaires du Groupement d’aide à l’engagement amphibie de la 9e Brigade d’Infanterie de Marine et un bataillon du 12th Regiment Royal Artillery composé de 60 combattants) et à des moyens aériens franco-britanniques (une quinzaine d’aéronefs) vont pendant plus de 10 jours participer à cette activité. En mer, à terre et dans les airs, ils démontreront la capacité de la composante maritime de la CJEF à faire face aux principaux défis de défense et de sécurité actuels de nos deux nations européennes.
Cette force déployée pour l’exercice a pris le nom de Task Force 315, et son état-major est embarqué à bord du porte-hélicoptères amphibie français Tonnerre. Le Rear Admiral (UK) Burns, assisté du capitaine de vaisseau (FR) Janicot, assureront le commandement de cet état-major franco-britannique, composé de 100 militaires. La qualification de la capacité opérationnelle du MCC entamera la « road to the Full Operationnal Capability » de la CJEF prévue en 2020.
MER BALTIQUE
LE CHASSEUR DE MINE CROIX DU SUD S’ENTRAINE AVEC LA MARINE SUEDOISE
Le 30 septembre 2019, le chasseur de mines tripartite Croix du Sud a conduit au large de la Suède une série d’exercices en coopération avec le HSWMS Trossö de la marine suédoise. Ces exercices communs avaient pour objectifs le renforcement de l’interopérabilité entre les deux marines alliées tout en offrant un entraînement de qualité aux équipages.
Le HSWMS Trossö, bâtiment polyvalent de 72 m de long avec à son bord un équipage de 64 marins venait de participer, comme la Croix du Sud, à l’exercice international NORTHERN COASTS 2019. Les deux unités ont effectué un exercice croisé d’assistance à un bâtiment sinistré en y projetant une équipe de pompiers et une équipe médicale. La coopération entre les deux navires s’est terminée avec une présentation de ravitaillement à la mer puis un transfert de charge légère.
Au terme de cette coopération avec le HSWMS Trossö, le chasseur de mine Croix du Sud a repris sa patrouille opérationnelle en mer Baltique.
GOLFE DE GUINEE – MISSION CORYMBE
FIN DE MISSION POUR LE PATROUILLEUR DE HAUTE MER EV JACOUBET
Le patrouilleur de haute mer (PHM) Enseigne de vaisseau Jacoubet vient d’achever le 148ème mandat de la mission « Corymbe », qui s’est déroulée du 12 août au 8 octobre 2019. Du Sénégal à l'Angola, il a patrouillé avec les marines des pays riverains du Golfe de Guinée et en coopération avec leur Centre Opérationnel de Commandement, dans les zones économiques exclusives (ZEE) de dix-sept pays.
Corymbe est une mission quasi permanente de la Marine nationale dans le golfe de Guinée mise en place en 1990. Elle a deux objectifs majeurs : participer à la protection des intérêts français dans la zone et contribuer à la diminution de l’insécurité maritime, en aidant notamment au renforcement des capacités des marines riveraines du golfe dans le domaine de sécurité maritime, dans le cadre du processus de Yaoundé.
Ce mandat confirme la montée en puissance des structures mises en places dans le cadre de ce processus. En effet, des patrouilles conjointes sont menées avec les marines riveraines, qui connaissent parfaitement les problématiques de leur zone respective ainsi que les espaces maritimes dans lesquels ils évoluent. L’EV Jacoubet a ainsi formé des marins, effectué des patrouilles conjointes et échangé avec eux pour approfondir notre connaissance du golfe de Guinée. Ces formations s’inscrivent dans le cadre plus large de la préparation à l'exercice « Grand African NEMO 2019 », très attendu des partenaires africains de la région, et qui se déroulera du 28 octobre au 5 novembre
Au cours de son mandat, l’EV Jacoubet a ainsi participé à neuf patrouilles SAGNE en coordination avec les Centres nationaux des Opérations Maritimes (COM) mis en place par le processus de Yaoundé initié en 2013. Les patrouilles Sagne ont pour objectif de renforcer l’interopérabilité entre les marines française et africaines dans le domaine de la lutte contre l’insécurité maritime
Son équipage a formé 91 marins lors des Périodes d’Instruction Opérationnelles (PIO) en escale, et a conduit une journée de patrouille à proximité des plateformes pétrolières au large du Nigéria.
Enfin, plusieurs patrouilles ont été effectuées dans les zones économiques exclusives de dix-sept pays riverains du Golfe de Guinée en reportant aux COM des pays concernés les activités observées.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal, volet français de l’Opération Inherent Resolve, poursuit sa mission de lutte contre Daech. Au Levant, cette lutte nécessite toujours une action déterminée de la Coalition, en appui des forces locales, qui poursuivent leurs différentes opérations de ratissage et de sécurisation contre les cellules clandestines de Daech.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
La France poursuit son engagement au sein des piliers « appui » et « formation » de la Coalition. Au sein de ce dernier, les armées françaises participent directement à l’amélioration des capacités et des savoir-faire de l’armée irakienne par l’action des Task Force Narvik et Monsabert, déployées à Bagdad. Cet appui à la formation et à l’entraînement des forces de sécurité irakiennes contribue à la lutte contre Daech et participe à la sécurisation de l’Irak.
Du 31 août au 3 octobre, la Task Force (TF) Narvik a formé 18 militaires de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) à l’utilisation des mortiers légers. Ces cinq semaines de formation ont permis de spécialiser les équipiers à l’usage de cette arme d’appui que l’ICTS emploie dans ses missions .
La TF Narvik a mis les compétences de ses instructeurs à disposition de l’ICTS pour se spécialiser et gagner en efficacité lors de ses opérations, le mortier étant essentiel à l’appui des actions de combat débarqué. Sa souplesse d’emploi permet de réagir face à des situations auxquelles les forces spéciales irakiennes peuvent être confrontés.
En effet, un mortier léger de 60mm peut être mis en batterie en moins de deux minutes et appliquer des feux aptes à neutraliser une position retranchée (cache, grotte, etc.).
La formation a commencé par des cours de présentation du mortier et de son emploi. Les opérateurs de l’ICTS se sont ensuite familiarisés avec la mise en place du tube et de son support pour acquérir les bases nécessaires pour la suite de la formation.
La troisième semaine était consacrée à la topographie et à ses outils (boussole, télémètre), des éléments essentiels pour permettre le calcul des coordonnées de tir.
Des tests chronométrés ont ensuite été organisés pour entraîner les commandos à déployer les pièces le plus rapidement possible.
Ces tests ont préparé la dernière semaine de formation durant laquelle les 18 stagiaires des forces spéciales ont pu réaliser plus d’une centaine de tirs réels de jour comme de nuit sur le camp de manœuvre de Besmayah (à proximité de Bagdad), au plus proche des conditions des missions de l’ICTS sur le terrain.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les Rafale et l’Atlantique 2 engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 19 sorties aériennes.
Début octobre, dans le cadre d’une mission d’appui à la lutte contre Daesh au profit des forces de sécurité irakiennes, les équipages des Rafale de la base aérienne projetée (BAP) au Levant ont démontré l’agilité et adaptabilité des forces aériennes françaises.
Deux Rafale devaient effectuer une mission de Close Air Support (CAS) ou appui aérien rapproché au profit des forces de sécurité irakiennes. Le CAS consiste à appuyer les forces au sol par une frappe ou par un effet de dissuasion en volant bas et vite.
Cependant, quelques minutes avant le décollage des avions, le Centre de commandement interalliés des opérations aériennes (Combined Air Operations Center - CAOC) basé au Qatar donne l’ordre aux Rafale sur la BAP d’effectuer un tout autre type de mission au-dessus de l’Irak, un objectif potentiel de Daech venant d’être repéré sur le théâtre d’opérations.
Une mission de renseignement leur est donc confiée pour prendre des photos d’opportunités sur zone en mettant en œuvre les Pod RECO NG (Reconnaissance Nouvelle Génération) fixés sous l’avion qui délivrent des prises de vues de grande qualité. Les équipages de Rafale sont également formés à utiliser des appareils photos classiques depuis leurs cockpits pour capturer « à la main » des éléments exploitables à des fins de renseignement.
La préparation de cette nouvelle mission a été réalisée par les équipages et les personnels du service de renseignement en moins de 20 minutes.
Quelques heures plus tard, guidés par des forces de la coalition internationale à la fois depuis le sol mais aussi depuis les airs par un aéronef américain de contrôle aérien, les photos de l’objectif survolé étaient prises. Une fois de retour sur la base aérienne projetée, les spécialistes du renseignement du détachement de chasse ont pu traiter, analyser les photos prises et les envoyer aux centres de commandements au Qatar mais également en France.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans une logique d’approche zonale en Bande Sahélo-Saharienne, La force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma – grande comme un quart du territoire métropolitain français – en appuyant les forces partenaires par le biais d’opérations conjointes et en agissant au profit de la population.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Cette semaine Barkhane et ses partenaires ont poursuivi leur effort de lutte contre les groupes armés terroristes dans le Liptako-Gourma.
En particulier, Barkhane a poursuivi son appui à la remontée en puissance des camps de Boulkessy et Mondoro au Mali, à la suite des attaques du 30 septembre.
Après le renfort sécuritaire matérialisé par l’engagement de patrouilles de Mirage et d’hélicoptères Tigre immédiatement après l’attaque, Barkhane a apporté vendredi 4 octobre un soutien logistique aux Forces Armées maliennes, notamment pour le ravitaillement du camp. Depuis, les opérations se sont limitées au maintien d’un contact permanent avec les autorités militaires du camp, et par des vols de réassurance d’hélicoptères et de chasseurs.
Du 29 septembre au 7 octobre, le Groupement Tactique Désert « Belleface » a mené une opération au sud de Gao afin de marquer avec détermination la présence de la force Barkhane dans la région de Tessit et de renforcer le Partenariat Militaire Opérationnel avec les Forces Armées Maliennes (FAMa) implantées sur zone.
L’objectif de cette importante opération, qui a mobilisé environ 200 hommes et une quarantaine de véhicules, était de réaliser un contrôle de zone dans un secteur où la force Barkhane n’avait pas opéré récemment et qui se situe entre la région du Liptako et la zone des trois frontières (Mali/Burkina-Faso/Niger). Il s’agissait de contribuer à la sécurité des populations dans ce large périmètre et également d’accompagner les FAMa qui y sont implantés dans l’accomplissement de leurs missions.
Le premier temps de l’opération a consisté à la reconnaissance de la zone d’opération au sud de Gao avec deux phases distinctes.
Au cours de la première phase, il s’agissait d’appuyer les FAMa appartenant aux forces partenaires du G5 Sahel implantées dans la ville de Tessit et de patrouiller conjointement avec eux afin de rassurer la population.
La deuxième phase consistait, grâce au concours de la force Barkhane et à l’expertise de la section génie en renfort, à l’amélioration des défenses passives de certains points de la ville et du camp FAMa qui ont été réévaluées et renforcées.
Le deuxième temps consistait en une opération conjointe de fouilles sur des collines dans le secteur de Soudéhéri, propice à l’installation de cache d’armement de groupes armés terroristes (GAT). Le ratissage systématique de la zone escarpée et la reconnaissance des grottes ont été exécutés dans des conditions très difficiles tant au niveau des températures élevées qu’au niveau de la difficulté à progresser. De l’armement et du matériel de transmissions ont notamment été saisis au cours de cette phase.
La présence des FAMa et de la force Barkhane sur les zones de Tessit et Soudéhéri a permis de dissuader les GAT d’opérer dans cette région tout en montrant la capacité de la force Barkhane à mener des actions loin de leur base.
La première semaine d’octobre est la période où les enfants maliens reprennent le chemin de l’école. Les 1er et 2 octobre, les équipes d’actions civilo-militaires (ACM) des forces armées maliennes et de Barkhane ont contribué à améliorer les conditions de travail des élèves et des professeurs dans plusieurs villes du Mali.
A Kidal, le 1er octobre, dans le complexe scolaire Baye Ag Mahada comprenant une école primaire et un collège, la distribution d’une centaine de kits a permis aux enfants d’obtenir le matériel nécessaire pour débuter sereinement leur année scolaire. Ces cartables contiennent des cahiers, des stylos, des crayons, des gommes, des règles, des ardoises et des craies, favorisant ainsi un accès à toutes et à tous à l’éducation.
Le 2 octobre, à l’école du quartier Aliou de Kidal, en présence d’autorités civiles, les élèves ont également reçu des kits scolaires. Par ailleurs, chaque professeur a obtenu un kit enseignant comprenant des compas, des craies, des rapporteurs, des ardoises, des ballons et des pompes de gonflage. Les équipes ACM maliennes et françaises en ont profité pour faire une sensibilisation UXO (Unexplosed Objects) aux élèves et professeurs sur les risques de toucher des objets inconnus.
A Gossi, à l’école Bocar Toure, la cour était dans un état délabrée ne permettant pas aux enfants de jouer en toute sécurité. Les équipes ACM maliennes ont initié le nettoyage de la cour, immédiatement imitées par les élèves et professeurs de l’école.
Dans le même temps, à Tombouctou, les équipes ACM maliennes ont fait des travaux de réfection d’un préau au jardin d’enfant de la ville, pouvant également faire office d’école maternelle.
Ces actions civilo-militaires, au profit des élèves maliens, favorisent leur insertion dans le système éducatif. Complément indispensable aux missions opérationnelles de Barkhane, elles favorisent les conditions d’une stabilité durable dans le pays.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 98 sorties, parmi lesquelles 28 sorties de chasse, 26 sorties de ravitaillement/ISR et 44 missions de transport.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense