Point de situation des opérations du 29 novembre au 5 décembre
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Samedi 30 novembre, les corps des treize militaires morts pour la France au cours d’une opération de combat, le lundi 25, ont été rapatriés en France, après une cérémonie d’adieux célébrée dans l’intimité par leurs frères d’armes, à Gao. L’hommage national, sous la présidence d’Emmanuel Macron, s’est tenu aux Invalides, le lundi 2 décembre, en présence de nombreux citoyens, civils et militaires, venus témoigner leur compassion, et honorer la mémoire de nos treize camarades.
Après cette épreuve, Barkhane reste déterminée à œuvrer pour le retour de la stabilité au Sahel, aux côtés des forces partenaires. Sur ce théâtre complexe s’enchevêtrent des problématiques sécuritaires, ethniques, sociales, politiques et climatiques. Dans ce contexte, la stratégie de Barkhane repose sur trois objectifs complémentaires et convergents : la lutte contre les groupes armés terroristes, pour les mettre à portée des armées locales ; l’accompagnement de ces forces partenaires, pour qu'elles s’approprient cette lutte et gagnent la confiance de la population ; l’action au profit des Sahéliens, afin de limiter l’influence des groupes armés terroristes et d’améliorer les conditions de vie.
Cette stratégie se fonde sur une approche zonale de résolution de crise, avec un effort concentré sur la région du Liptako-Gourma, Barkhane restant capable d’intervenir dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne en tant que de besoin.
L’action de BARKHANE s’inscrit également dans une approche globale en étroite collaboration avec les acteurs politiques, diplomatiques et économiques du Sahel.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le 30 novembre, Barkhane a frappé une importante colonne de motos d’un groupe armé terroriste qui évoluait dans la région de Douentza, dans le Gourma.
L’action combinée des Mirage 2000 et des hélicoptères Tigre et Gazelle a permis de détruire plusieurs motos et de mettre hors de combat une dizaine de terroristes.
Cette action de Barkhane a selon toute vraisemblance entravé la préparation d’une attaque complexe, potentiellement dirigée contre les forces armées maliennes.
Le 2 décembre, Barkhane a également conduit une opération contre un groupe terroriste au sud de la frontière malo-burkinabè, en plein coeur de sa zone sanctuaire.
Une action de vives forces menées conjointement par un groupe de commandos appuyés par plusieurs hélicoptères et des moyens aériens a permis la neutralisation de plusieurs terroristes agissant dans cette zone et de détruire leurs armes et leurs équipements.
Au bilan, ces deux opérations de la force Barkhane portent un coup sévère à la confiance des GAT, à la fois privés de leur sentiment d'impunité et de leurs capacités d'initiative dans cette région.
Le groupement tactique désert logistique « Marne » a mené une opération de convoi logistique du 23 au 25 novembre à destination de la base avancée de Gossi, située au sud-est de Gao.
Le convoi était constitué d’une centaine de personnels répartis dans une cinquantaine de véhicules de la force Barkhane. Il emportait essentiellement du carburant, de l’eau, des groupes électrogènes autonomes et des pièces de maintenance.
Le convoi a emprunté la RN16 sur une distance de 170 km au départ de Gao. Cette route bitumée est praticable sur les vingt premiers kilomètres. Les 150 km suivants mettent en revanche à rude épreuve l’ensemble des véhicules de la rame et le personnel de bord.
Le convoi est appuyé par une section de combat du génie du groupement tactique désert « Acier », qui assure une vérification des passages et des ponts propices à la pause d’engins explosifs dissimulés, intervenant en cas de besoin.
La nationale traverse un territoire où l’EIGS et la Katiba Gourma constituent une menace. En complément de toutes les mesures de sécurité, un appui aérien MIRAGE 2000 assure la protection en effectuant plusieurs survols de reconnaissance du convoi afin de déceler toute menace et de dissuader tout agresseur.
Les militaires du Train de combat accompagnent le convoi et assurent le soutien matériel et technique nécessaire au bon déroulement de la mission, notamment l’entretien des véhicules réalisé par les conducteurs et le ravitaillement en carburant.
La gestion des pannes et des pneumatiques, soumis à rude épreuve, constitue le deuxième poste logistique essentiel. Outre les roues de secours propres à chaque véhicule, le sous-groupement peut compter sur un camion avec un plateau, le porteur polyvalent lourd (PPLD). À chaque anomalie ou crevaison, l’équipe légère d’intervention, formée par des mécaniciens chevronnés, déploie le PPLD pour une réparation en un temps record.
Du 22 au 30 novembre, une compagnie des forces armées du Burkina Faso (FABF) a été formée au combat par la Force Barkhane sur le camp burkinabè de Dori.
Un détachement de 40 militaires du Groupement Tactique Désert « Acier » a initié un programme d’instruction établi sur les savoir-faire techniques et tactiques : combat niveau section, armement, secourisme au combat et encore lutte contre les engins explosifs improvisés.
Ce partenariat militaire opérationnel (PMO) a pour vocation de soutenir et d’accompagner les FABF dans leur montée en puissance afin d’acquérir à terme la capacité à assurer leur sécurité de manière autonome. Plusieurs exercices sur le terrain ont été établis sur la base des retours d’expérience de cas concrets rencontrés en bande sahélo-saharienne.
Le 23 novembre à Gossi, les soldats de la force Barkhane ont accompagné les forces armées maliennes pour effectuer un don de matériel orthopédique au profit de l’hôpital des Nomades de Kaïgourou. Cette action va permettre au directeur de l’hôpital et à son équipe de combler le manque de moyens dans leur mission quotidienne au service des populations locales.
Ce centre de soins, qui se situe à deux heures de route de Gossi, est fonctionnel malgré un manque de médicaments et de matériel médical. Les deux médecins et la responsable de la maternité ont donc accueilli avec enthousiasme ce don de matériel qui leur fait cruellement défaut, et qui leur permettra de combler leurs lacunes dans leur mission quotidienne au service des populations locales.
Dans un état impeccable malgré les faibles moyens dont dispose l’établissement, la maternité gère 30 à 40 naissances par mois. Cette rencontre aura d’ailleurs été l’occasion pour l’équipe médicale de Gossi d’échanger et de prodiguer des conseils aux médecins du centre.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 94 sorties, parmi lesquelles 38 sorties de chasse, 26 sorties de ravitaillement/ISR et 30 missions de transport.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal, volet français de l’Opération Inherent Resolve, se poursuit. Les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Les avions français poursuivent leurs missions sur la zone d’opération Chammal, et le volet "conseil et formation" des forces de sécurité irakiennes se poursuit grâce à l’action des Task Force Monsabert et Narvik à Bagdad. Cet appui contribue à la lutte contre Daech et participe à la sécurisation de l’Irak.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le jeudi 28 novembre 2019, les formateurs de la Task Force Monsabert ont clôturé le stage de secourisme « First Aid Level One » destiné aux militaires de la 6e division irakienne.
Le stage se composait de trois modules : hygiène, premiers secours et préparation au transport d’un blessé. À la suite des cours théoriques et pratiques, les stagiaires ont été évalués sur leur capacité à réagir face à une situation imposant la prise en charge d’au moins deux victimes. Intervenant en équipe, les militaires irakiens ont reproduit les savoirs acquis pour poser les garrots-tourniquets ou les pansements compressifs destinés à freiner les hémorragies constatées sur les blessés. Ils ont également effectué l’ensemble des gestes qui permettent de vérifier qu’aucune autre blessure n’est présente sur le personnel touché. Enfin, ils ont préparé le brancard nécessaire à l’évacuation vers l’hôpital.
Ce stage leur a permis de s'approprier des techniques indispensables dans la lutte contre Daech, et notamment pour gérer les victimes causées par des attaques terroristes.
Engagé de septembre à novembre sur la base aérienne projetée (BAP) au Levant au sein du pilier « appui » de l’opération Chammal, le détachement Atlantique 2 de la Marine nationale a quitté le théâtre le 29 novembre dernier.
Spécialiste de la lutte anti-sous-marine, cet avion de 40 tonnes initialement conçu pour des missions de patrouilles maritimes a utilisé ses capacités au profit de missions ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) dont l’objectif sur ce théâtre est de détecter et d’identifier les activités des combattants de Daech. Polyvalent, il est également capable d’intervenir dans des missions de CAS (Close Air Support – appui aérien rapproché). La soute modulaire de l’aéronef pouvant embarquer plusieurs bombes guidées laser pour des frappes d’opportunité.
Engagé auprès des Rafale de la base aérienne projetée, cet aéronef vient compléter les moyens de renseignement et de surveillance de l’Opération Chammal.
Avec 59 sorties et plus de 413 heures de vol, l’Atlantique 2 a contribué à la réduction des capacités militaires de Daech.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les Rafale et l’Atlantique 2 engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 18 sorties aériennes.
EFP — ESTONIE
LYNX 6 : POURSUITE DE L’ENTRAÎNEMENT DES FANTASSINS POUR LE MAINTIEN DE LEURS CAPACITÉS OPÉRATIONNELLES
Fin novembre 2019, les sections d’infanterie du sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) de la mission Lynx 6 ont poursuivi leur entraînement au cours d’un exercice de combat en deux lieux différents d’Estonie.
Sur le camp de Nursipalu, au sud-est de l’Estonie, les fantassins se sont de nouveau entraînés en milieu urbain en prenant d’assaut un village de combat, face à un adversaire retranché. Ils ont ainsi mis en application des procédés maîtrisés, travaillés durant leur préparation opérationnelle avant projection, et perfectionnés lors d’exercices successifs sur le territoire estonien. Leur objectif rempli et après un débriefing tactique riche en enseignements, les soldats ont complété la manœuvre par un tir de nuit.
Sur Central Training Area, le plus grand camp d’entraînement du pays, les militaires français ont complété l’exercice précédent en travaillant en milieu naturel. Après une courte marche d’infiltration, ils ont enchaîné avec une séquence de tirs réels tout en manœuvrant afin de progresser et s’emparer d’objectifs. Une excellente coordination entre les chefs de sections et la maîtrise des feux apparaissent ainsi comme des éléments indispensables à la bonne réalisation de ce type d’exercice. Tombant en défensive, ils ont tenu leur position toute la nuit face aux incursions répétées de l’adversaire. Au petit matin, les fantassins ont repris l’offensive et organisé une embuscade contre des blindés ennemis joués par les Warrior britanniques. L’attaque achevée, les forces françaises se sont exfiltrées à pied.
Outre le maintien en condition opérationnelle, ce type d’exercice a permis aux Français de commencer les entraînements avec certains éléments du bataillon britannique nouvellement arrivé. Une mise en jambe avant "Furious Cavalry", planifié en décembre.
MER NOIRE
LE PHM COMMANDANT BIROT EN MER NOIRE
Depuis son entrée en mer Noire le 19 novembre 2019, le Commandant Birot a parcouru plus de 1500 nautiques. Si cette mission opérationnelle est effectuée dans un temps limité par la Convention de Montreux (21 jours maximum), elle permet toutefois d’atteindre trois objectifs majeurs.
Ce déploiement vise tout d’abord à affirmer l’attachement de la France à la liberté de navigation sur toutes les mers du globe, dans le respect des conventions internationales. Les journées à la mer y sont rythmées par des tirs d’artillerie, des vols de drone ou des mises à l’eau d’embarcation.
Cette mission en mer Noire est également l’occasion de travailler avec les partenaires et alliés de la zone. Depuis le 19 novembre, le Commandant Birot et son équipage se sont arrêtés en Géorgie (Batoumi) et en Ukraine (Odessa). De la visite de la présidente géorgienne, Madame Salomé Zourabichvili, au vice-amiral d’escadre Voronchenko, chef d’état-major de la marine ukrainienne, chaque entretien avec les hautes autorités locales a été l’occasion d’approfondir les liens entre la France et les pays hôtes. Ces échanges ont aussi permis de soutenir les travaux des missions militaires de défense et des Ambassades pour porter haut la volonté française d’entretenir le dialogue. Enfin, les marins français ont conduit des exercices avec les garde-côtes géorgiens et les marins ukrainiens, afin d’approfondir la connaissance mutuelle et d’améliorer l’interopérabilité.
MÉDITERRANÉE
PEAN 19 : PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE DE HAUT NIVEAU
Depuis le 25 novembre 2019, le groupe aéronaval (GAN) poursuit l’exercice PEAN 19 en Méditerranée. Cet exercice de niveau tactique constitue le dernier entraînement avancé avant son déploiement prévu en 2020. Il vise le maintien des qualifications du GAN et offre le temps d’adaptation nécessaire pour les équipages et les unités travaillant en groupe constitué. Après une semaine de montée en puissance, le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte se confrontent à un scénario de crise complexe et réaliste pendant la phase finale de l’exercice.
Les premiers jours de l’exercice PEAN 19 ont été consacrés à la constitution et à la montée en puissance du GAN. Parti de Toulon, le porte-avions Charles de Gaulle et son groupe aérien embarqué (GAé) ont été rejoints par la frégate multimissions (FREMM) Auvergne, la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul ainsi que par les bâtiments de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme et Var, les porte-hélicoptères amphibies (PHA) Mistral et Tonnerre, ainsi que le chasseur de mines tripartite Orion. Au total, douze bâtiments sont mobilisés au cours de l’exercice, dont trois frégates issues de marines alliées, comportant au plus fort près de 3 300 marins.
Le Blas de Lezo (Espagne), l’USS Ross (États-Unis) et le Luigi Rizzo (Italie) sont étroitement associés aux opérations et apportent d’importantes capacités dans le contrôle des espaces aéromaritimes. Cette participation internationale à PEAN 19 vient renforcer l’interopérabilité entre la Marine nationale et ses alliés européens et américains. Elle témoigne du rôle du groupe aéronaval qui agit comme un catalyseur de moyens et souligne la volonté de progresser ensemble pour des opérations complexes du haut de spectre.
La montée en puissance du GAN s’est progressivement structurée autour de périodes centrées sur les différents domaines de lutte. L’accent a particulièrement été placé sur les domaines antiaérien et antisurface avec des phases d’entraînement défensives et offensives, dans la continuité d’exercices de lutte anti-sous-marine réalisés auparavant. Des exercices de navigation en groupe et de ravitaillement à la mer ont été menés en parallèle. Particularité de cet entraînement, la prise en compte au sein du GAN d’une capacité amphibie, avec les PHA Mistral et Tonnerre et de guerre des mines, avec le chasseur de mine tripartite Orion.
Le scénario de PEAN 19 confronte le GAN à des menaces multiples dans tous les domaines de lutte, allant du prépositionnement préventif à l’action hostile d’unités adverses. À la suite de séries d’exercices, la dernière phase de PEAN entamée le 4 décembre reproduit le point d’orgue d’une crise internationale. Il s’agit pour le GAN, d’approfondir ses capacités à prendre part dans le règlement militaire d’une telle crise, dans un théâtre complexe.
Forces insurrectionnelles, projection de puissance étrangère, volonté de déni d’accès, contestation des espaces maritimes et aériens, ou encore violation du droit international : la simulation du contexte géopolitique de PEAN vise à garantir un GAN prêt à l’emploi, face à tous types de menaces, actuelles comme futures.
FORCES ARMÉES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
LE PATROUILLEUR ARAGO EN MISSION DE POLICE DES PECHES
Du 4 au 15 novembre 2019, le patrouilleur Arago a participé à la mission Pacifique Aito 19.6. Le but de cette mission était d’assurer la surveillance des approches maritimes de la zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française et d’effectuer des opérations de police des pêches en haute mer. Au cours de cette mission coordonnée par le centre de fusion de l’information maritime, le patrouilleur Arago a bénéficié du soutien d’un avion de patrouille maritime Falcon 200 de la flottille 25 F.
L’équipage de l’Arago a contrôlé de manière approfondie sept palangriers en haute mer et interrogé cinq autres bâtiments. La mission du patrouilleur et les contacts avec les pêcheurs ont été facilités par la présence, à bord du navire, d’un officier réserviste sinisant, chargé de réaliser les interrogations préalables à l’envoi de l’équipe de visite à bord des palangriers.
L’Arago est régulièrement déployé dans les eaux internationales limitrophes de la ZEE Polynésie française pour s’assurer du respect des règles de la Western and Central Pacific Fisheries Commission, organisation régionale des pêches ayant pour but la conservation et la gestion des stocks de poissons grands migrateurs et garantir l’intégrité des eaux polynésiennes.
Depuis le début de l’année 2019, le patrouilleur a ainsi effectué plus de 40 contrôles de navires de pêche étrangers et relevé une trentaine d’infractions
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense