Point de situation des opérations du 22 au 28 novembre
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Le décès de treize militaires français dans le Liptako malien, morts pour la France à la suite d’une collision entre deux hélicoptères français, un Tigre et un Cougar, a douloureusement marqué l'actualité des opérations. Cet évènement est survenu lors d’une opération de combat particulièrement difficile, le lundi 25 novembre, peu avant 20 h, heure de Paris.
L’abordage entre les deux hélicoptères s’est produit alors qu’ils évoluaient à très basse altitude. Ils participaient à une opération d’appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de groupes armés terroristes.
Les treize militaires morts au combat sont les deux membres d’équipage du Tigre (5e RHC), les cinq membres d’équipage du Cougar du 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC), quatre opérateurs du groupement commandos montagne (GCM) du 4e régiment de chasseurs (4e RCH), un opérateur GCM du 93e régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) et un opérateur GCM du 2e Régiment étranger du génie (2e REG).
Les Armées rendent hommage à leurs frères d’armes, morts pour la France, ainsi qu’à leurs familles et leurs proches. Elles s’associent à leur douleur et leur expriment leur plus profonde compassion.
Cette épreuve tragique ne remet pas en cause la détermination de Barkhane à œuvrer pour le retour de la stabilité au Sahel. Résiliente, Barkhane reste déterminée à combattre les groupes armés terroristes. Elle continue cette lutte aux côtés des forces partenaires, qu’elle forme et accompagne, et poursuit son action au profit de la population.
L’opération au cours de laquelle les militaires ont trouvé la mort était une action d’infiltration lancée par les commandos de Barkhane le 22 novembre, dans le Liptako, au sud d’Indelimane.
Dans l’après-midi du 25 novembre, le groupement de commandos parachutistes a observé un groupe de terroristes équipés d’un pick-up et de plusieurs motos, avec lequel ils ont rapidement été en contact par le feu.
En raison de l’obscurité particulièrement forte qui tombait, et de la complexité du franchissement de l’Oued d’Eranga, les troupes au sol ont fait appel à des moyens aériens.
Une patrouille d’avions de chasse est arrivée sur zone, rapidement suivie par un hélicoptère Cougar et deux hélicoptères Tigre. Le Cougar emportait une équipe d’extraction immédiate des commandos montagne du 4e régiment de chasseurs.
S’engage une mission de reconnaissance de nuit, dans des conditions de combat et des conditions opérationnelles très exigeantes pour suivre la trace du pick-up.
Les commandos parachutistes, au sol, entendent deux explosions, vers 19 h 38, heure de Paris. Elles sont dues à la chute des deux hélicoptères, confirmée rapidement après par le Tigre qui reste en vol.
La priorité de Barkhane a alors été la récupération des corps et la sécurisation de la zone d’opération, assurées notamment par les commandos montagne et parachutistes.
Les Chinook britanniques ont apporté leur concours à ces opérations de sécurisation, en transportant du matériel et du personnel.
Enfin, deux sections de la MINUSMA, basées à Menaka, ont également participé à la sécurisation.
Une cérémonie d’hommage se tiendra le lundi 2 décembre aux Invalides, sous la présidence de M. Emmanuel Macron, président de la République.
Les « boîtes noires » (ou enregistreurs de vol) des deux appareils ont été récupérées, puis transmises au Bureau Enquête Accident pour la sécurité de l’aéronautique d’État (BEA-É), organisme indépendant chargé des enquêtes techniques et de sécurité. L’Inspection des Armées va également conduire une enquête de commandement.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Une autre opération s’est déroulée dans le Liptako du 19 au 25 novembre. Le groupement tactique désert n°2 (GTD-2) y a mené une opération au sud de Ménaka, à la frontière entre le Mali et le Niger.
Partis depuis la base opérationnelle avancée temporaire (BOAT) de Ménaka et appuyés par le groupement tactique désert aérocombat (GTD-A), les soldats du GTD-2 avaient pour mission de reconnaître cette région, où sévit notamment l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).
Nombre de campements ont été reconnus, tandis que le marché de Tagalelt a fait l’objet d’un contrôle méticuleux. Dans le village de Tin Abao des personnels suspects ont fait l’objet d’interrogatoires approfondis. D’autres fouilles et des contrôles de véhicules ont permis de mettre la pression sur l’ennemi, tout en recueillant des renseignements précis sur la situation sécuritaire dans la zone.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 97 sorties, parmi lesquelles 34 sorties de chasse, 24 sorties de ravitaillement/ISR et 39 missions de transport.
ÉLÉMENTS FRANÇAIS AU SÉNÉGAL
LES EFS FORMENT PLUS DE 200 SOLDATS DES FORCES ARMÉES MALIENNES
Du 30 octobre au 16 novembre 2019, 22 formateurs spécialistes des éléments français au Sénégal (EFS) ont mis en condition avant projection deux compagnies de la 8e et la 2e région militaire des forces armées maliennes. Plus de 200 Maliens ont suivi une formation dans les domaines de l’infanterie, du tir au combat, du contre-IED (engins explosifs improvisés) et du secourisme au combat. Cette formation s’est déroulée dans un centre d’instruction proche de la capitale malienne.
Au programme de ces dix jours d’instruction ponctués d’entraînements intensifs : préparation et diffusion des ordres du chef de section vers ses subordonnés, séances de manipulation de l’armement, extraction et mise en sécurité d’un blessé avant sa prise en charge, réaction face à une embuscade, etc. L’objectif principal était de donner les outils au niveau de la section pour faire face de manière offensive aux situations telles que l’embuscade, la prise à partie, la découverte d’un IED ou la réduction d’une position ennemie.
Durant la période de mise en condition un spécialiste des EFS a également formé six moniteurs de sauvetage au combat. Ils pourront ainsi participer activement à l’entretien des compétences des autres éléments.
Les phases de mise en situation ont succédé aux périodes d’instruction théoriques et les répétitions ont permis d'ancrer des réactions offensives selon divers scénarios de contact avec des groupes armés. Grâce au savoir-faire et à la pédagogie des instructeurs, les militaires maliens ont ainsi développé leurs compétences sur ces techniques particulièrement utiles en opération.
Composante clef dans la conduite de la stratégie préventive conduite par la France en Afrique de l’ouest, les EFS ont réalisé des missions de formation des armées nationales, au Sénégal pour 25 % d’entre elles comme dans quinze autres pays d’Afrique de l’Ouest. Au premier semestre 2019, les détachements d’instruction opérationnelle des EFS ont formé près de 4 000 militaires à travers 150 actions de formation, contribuant notamment à la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal, volet français de l’Opération Inherent Resolve, se poursuit. Les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Les avions français poursuivent leurs missions sur la zone d’opération Chammal, et le volet conseil et formation des forces de sécurité irakiennes se poursuit grâce à l’action des Task Force Monsabert et Narvik à Bagdad. Cet appui contribue à la lutte contre Daech et participe à la sécurisation de l’Irak.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le 21 novembre marquait la fin du stage contre-IED, ou lutte anti-engins explosifs improvisés, dispensé par le personnel français de l’élément opérationnel de déminage (EOD) déployé au sein de la Task Force Monsabert, au profit des soldats de la 6e division irakienne. À cette occasion, ces spécialistes du déminage et de la destruction de munitions ont présenté le robot français de lutte contre-IED : le PackBot.
Ce robot télécommandé d’environ 20 kilos permet de repérer et désamorcer les engins explosifs improvisés. Équipé d’une caméra permettant au pilote de manœuvrer ce matériel à distance, il est capable de se protéger d’un éventuel déclenchement de l’explosif. Armé d’un bras mécanique, il peut soulever des objets encombrants et désamorcer l’explosif repéré. Ses quatre chenilles, dont deux pivotant sur un axe, lui garantissent une mobilité et une stabilité qui facilitent le franchissement de tout obstacle sur le terrain.
L’ensemble du stage dispensé par le personnel de l’EOD de la Task Force Monsabert a permis aux spécialistes des forces armées irakiennes de perfectionner leur approche de la lutte contre les engins explosifs improvisés. Le partenariat avec la 6e division irakienne, fondé sur un partage de connaissances par le biais d’instructions et de conseils, contribue directement à la lutte antiterroriste en Irak.
Fin novembre, les soldats irakiens de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) ont effectué un exercice d’entretien de recueil d’informations. Cette formation est dispensée par des militaires français spécialistes du renseignement et déployés au sein de la Task Force (TF) Narvik. L’objectif de ce module est de former les soldats de l’ICTS à l’obtention de renseignement orienté sur le terrorisme sans faire usage de la force, tout en gagnant la confiance de leur interlocuteur.
Les stagiaires sont placés en binômes et doivent mener l’entretien dans l’optique de soutirer un maximum d’informations. La personne qui joue le rôle de l’informateur est un traducteur irakien travaillant pour la TF Narvik. Des militaires français et irakiens sont également présents dans la salle pour interagir avec les stagiaires et créer une ambiance similaire à l’environnement choisi. À l’issue, les instructeurs français réalisent un débriefing sur la gestion des entretiens et les résultats obtenus.
Cette formation permet aux stagiaires irakiens de perfectionner leurs techniques de renseignement sans utiliser la moindre forme de violence, en s’appuyant sur un réseau d’informateurs locaux qu’ils auront développé. En procédant ainsi, ils parviennent à collecter et transmettre de précieux éléments qui contribuent à la lutte contre Daech.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les Rafale et l’Atlantique 2 engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 24 sorties aériennes.
COOPÉRATION FRANCO-BRITANNIQUE
EXERCICE GRIFFIN BLAST ET GRIFFIN BLAZE POUR LES FORCES FRANÇAISE ET BRITANNIQUE
Du 18 au 29 novembre 2019 se déroulent, simultanément, les exercices de poste de commandement Griffin Blast et Griffin Blaze au cours desquels les équipes française et britannique approfondissent les procédures conjointes mise en œuvre dans la perspective du déploiement de la CJEF (Combined Joint Expeditionary Force – Force expéditionnaire conjointe interarmées).
Concrétisation opérationnelle de la coopération mise en œuvre en 2010 avec la signature du traité de Lancaster House, la CJEF atteindra sa pleine capacité opérationnelle en 2020. Les exercices Griffin Blast et Griffin Blaze s’inscrivent dans la dynamique de cette montée en puissance qui, depuis 2010, a permis de développer la CJEF dans ses différentes fonctions et composantes : Flandres (2011, dominante terrestre), Corsican Lion (2012, dominante maritime), Joint Warrior 13.2/Capable Eagle (2013, dominante aérienne), Rochambeau (2014, dominante terrestre), Griffin Strike 2016 et plus récemment Griffin Strike 2019 (amphibie).
Griffin Blast et Griffin Blaze constituent donc une étape charnière. Destinés à affiner les procédures et modes d’organisation de niveau stratégique mis en œuvre pour planifier une opération conjointe, ils permettent de tester deux structures de commandement conjointes: une équipe de coordination stratégique franco-britannique, chargée de la planification stratégique de niveau politique et militaire (basée à Londres), et un état-major binationale de niveau opératif (basé à Northwood).
Fondés sur un scénario de projection de puissance interalliée réalisée à la demande d’un état tiers et sous mandat de l’ONU, ces exercices seront suivis d’un exercice de niveau opératif en juin 2020, dénommé Griffin Rise, qui validera l’atteinte de la pleine capacité opérationnelle de la CJEF.
Ainsi, dix ans après le traité de Lancaster House, les forces françaises et britanniques seront en mesure de mettre en œuvre un état-major stratégique conjoint de circonstance et un état-major opératif binational déployé avec leurs composantes associées tout en réalisant un déploiement de forces.
Avec la CJEF, elles disposent d’un outil complémentaire, offrant davantage de réactivité pour mener des opérations allant de l’assistance humanitaire jusqu’à l’entrée en premier sur un théâtre afin d’assurer la défense de leurs intérêts et de participer leur sécurité collective.
La CJEF constitue une véritable plus-value opérationnelle pour nos deux nations, car elle traduit une volonté commune au plus haut niveau politique, elle permet de répondre aux défis d’un environnement incertain et de couvrir un large spectre de missions tout en mettant en œuvre un outil polyvalent et réactif sans mobiliser des forces dédiées en permanence.
TERRITOIRE NATIONAL
SENTINELLE : EXERCICE AVEC LES SAPEURS-POMPIERS DE LA 11e COMPAGNIE D’INCENDIE ET DE SECOURS DE LA BSPP
Le 18 novembre 2019, la section du maréchal des logis-chef Christophe du 503e RT, actuellement déployée sur l’opération Sentinelle en Ile-de-France, a réalisé un exercice avec les soldats du feu de la caserne de la 11e compagnie d’incendie et de secours de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).
Cet exercice a été réalisé afin de tester la coordination des forces d’intervention, Sentinelle et BSPP, en cas d’attaque terroriste. Le scénario a pris la forme d’une double attaque : par un véhicule bélier sur la terrasse d’un restaurant, suivi d’une prise à partie par d’autres assaillants retranchés dans le bâtiment.
La mission des militaires de l’opération Sentinelle consiste à neutraliser la menace terroriste, de réaliser les premiers soins aux blessés, et de sécuriser le périmètre afin que les soldats de la BSPP puissent intervenir rapidement pour porter secours aux victimes. La coordination et la communication sont deux éléments essentiels pour ce type d’évènement qui permettent une réaction et une prise en charge des victimes des plus rapides. L’exercice a, par ailleurs, permis de mettre en exergue la nécessité de devoir progresser ensemble sur la zone d’attaque afin de permettre l’évacuation rapide des blessés.
L’exercice s’est terminé par un instant d’échange entre les soldats : les sapeurs-pompiers de la caserne de Sévigné ont ainsi pu découvrir l’armement collectif et individuel du combattant, et les tringlots du 503e RT ont pu s’essayer à la traditionnelle « planche ». Ce type d’exercice conjoint entre les éléments Sentinelle et les sapeurs-pompiers de Paris est reconduit avec chaque nouvelle unité déployée sur l’opération Sentinelle en Île-de-France.
250E LANCEMENT D’ARIANE SOUS PROTECTION DES FORCES ARMEES EN GUYANE
Le mardi 26 novembre, la 250e fusée Ariane s’est élevée dans les airs emportant avec elle deux satellites de télécommunication. Ce lancement marque 40 années de lancements des vecteurs Ariane. Les forces armées en Guyane (FAG) étaient une nouvelle fois au rendez-vous pour assurer la protection du lanceur avec une forte mobilisation opérationnelle de 6 jours dans les trois milieux.
L’une des missions principales des FAG est en effet de participer à la protection hermétique du centre spatial guyanais (CSG). Le dispositif, mis en œuvre dans les 24 heures qui ont précédé la date initiale du lancement - le vendredi 22 novembre - a pour vocation de préserver de toute intrusion la zone et les abords du pas de tir. L’opération de sécurisation du CSG porte depuis avril 2008 le nom de Titan. Ce nom fait référence au plus gros coléoptère de Guyane le « Titanus Giganteus » qui de manière agile, évolue dans les trois dimensions : Terre, Air et Mer.
Si habituellement, le dispositif Terre est aux ordres du 3e régiment étranger d’infanterie (3e REI), cette fois il était aux ordres du 9e régiment d’infanterie de marine (9e RIMa) qui avait déployé sa 1ère compagnie sur les chemins de patrouilles à pied, en quad, en véhicules chenillés BV206 ou même en kayak. En effet, le 9e RIMa doit toujours être en mesure d’assurer cette mission, notamment si le 3e Étranger est engagé ailleurs comme ce fut le cas à l’automne 2017 dans le cadre de l’opération Irma de secours aux Antilles.
La bulle de sûreté aérienne placée sous commandement de la haute autorité de défense aérienne, le commandant de la base aérienne 367 (BA367), regroupe les hélicoptères Fennec armés de tireurs d’élites ainsi qu’une batterie de missiles sol-air Mistral. Le tout est renseigné en permanence par les contrôleurs du centre de contrôle militaire. La projection d’un élément d’intervention est également rendue possible grâce aux hélicoptères Puma de l’escadron de transport 68 de la BA367. Enfin, en mer, le patrouilleur Antilles-Guyane la Résolue et la vedette côtière de surveillance maritime la Mahury ont assuré la protection au large du CSG.
Le lancement, initialement prévu le vendredi 22 novembre, a dû être reporté. Le 9e de Marine a dû basculer le commandement Terre le mardi 26 novembre au matin au 3e REI car les marsouins étaient attendus en forêt pour poursuivre la mission Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal.
Le soir même, à 18h23 à Kourou, après quelques 150 heures de déploiement sécuritaire en continu, les militaires ont vu Ariane 5 décoller et emporter avec elle deux satellites de télécommunication.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense