Opérations
Point de situation des opérations du 21 au 27 août.
AFRIQUE – BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Malgré les récents évènements au Mali, l’opération Barkhane demandée par les Maliens et autorisée par le Conseil de Sécurité de l'ONU conserve son tempo opérationnel.
En coopération avec les différentes armées partenaires, la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma. Dans des conditions environnementales rendues délicates par la saison des pluies, l’effort de lutte contre les groupes armés terroristes dans la région dite « des trois frontières » est maintenu.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Au cours des deux derniers mois, dans le cadre des relèves planifiées, la force Barkhane a vu sa physionomie évoluer.
- Groupement tactique désert (GTD) 1 : Succédant au GTD « Dragon », le GTD « Bruno » composé de militaires des 3ème RPIMa, 1er RHP, 17ème RGP, 35ème RAP et 21ème RIMA est opérationnel depuis le 17 juillet dernier et opère majoritairement dans le Gourma malien ;
- GTD 2 : Le GTD « Bercheny » armé par les 1er RHP, 17ème RGP, 1er RCP, 16ème BCP et 35ème RAP a pris la place du GTD « Centurion » et concentre son action dans le Liptako.
Enfin, après une année à la tête de l’opération Barkhane, le général de division Facon a transmis le 31 juillet dernier, le commandement de la force au général de division Marc Conruyt. Ce dernier souhaite placer son mandat sous le signe d’une parfaite coopération avec les l’ensemble des forces partenaires, tant FC G5 que forces nationales. Quelles que soient les circonstances, le sens de l’action reste celui d’accompagner systématiquement les partenaires locaux dans le combat contre le terrorisme.
La saison des pluies qui touche actuellement la bande sahélo-saharienne rend le terrain peu pratiquable et cloisonné avec des oueds prononcés difficilement franchissables. Pour poursuivre la dynamique opérationnelle et maintenir la pression sur les GAT, les GTD adaptent leurs modes d’action, leur permettant ainsi de s’affranchir en partie de ces contraintes particulières. Outre l’emploi des véhicules à haute mobilité (VHM), la grande agilité sur le théâtre est garantie par la conduite d’opérations héliportées et de largages par air (LPA), notamment avec le C-130J arrivé récemment sur le théâtre en remplacement de l’emblématique Transall C160. Après plus de 50 ans de bons et loyaux services en opérations extérieures, le Transall a tiré sa révérence et ne sera désormais plus présent de manière permanente en BSS.
Malgré ces conditions particulières, les opérations se poursuivent en maintenant un rythme soutenu. Il n’y a pas eu un jour sans que des troupes ne soient pas déployées sur le terrain avec les forces partenaires et toutes les opportunités de mener des opérations conjointes, communes sont saisies et exploitées.
De manière non exhaustive, on peut évoquer :
- Les actions des commandos montagne ou parachutiste qui, au courant du mois d’août, aux ordres du Groupement tactique désert aérocombat (GTD-A), ont effectué des missions de reconnaissance et de fouille. Appuyés par des hélicoptères de reconnaissance et d’attaque et parfois des drones, ils ont permis de mettre hors de combat plusieurs membres des groupes armés terroristes et de trouver des ressources logistiques (motos, armement, etc.) ;
- une unité de combat du GTD «Bruno» a conduit une OHP en coopération avec le GTD-A au cœur de la région du Gourma malien. Déployés sur plusieurs zones d’action distinctes, les quelques 150 militaires ont patrouillé et controlé, pendant plusieurs jours et en totale autonomie, plusieurs hectares de forêt et d’oued, permettant notamment de saisir des ressources logistiques ;
- à la même période, un drone REAPER opérant dans l’Est du Liptako, a repéré des mouvements suspects de la part de plusieurs individus. Une patrouille de deux MIRAGE 2000 D ravitaillée par un C-135 a rejoint la zone a rejoint la zone. Des frappes ont été ordonnées et conduites, permettant la neutralisation de terroristes armés et la destruction d’équipements.
Le mois écoulé aura également été marqué par l’attaque et l’assassinat de 6 Français et les 2 Nigériens, dans la région de Kouré au Niger. A la demande des Forces armées nigériennes, une patrouille de 2 MIRAGE 2000D a été immédiatement engagée dans la région à la recherche des auteurs. La patrouille de chasseurs a par la suite été relevée par un drone.
Depuis la déclaration de l’initial operationnal capility (IOC) de la TF Takuba le 15 juillet dernier, la montée en puissance de cette force se poursuit conformément au planning prévu et annoncé. A Gao, le Task Group (TG) franco-estonien est complet et a conduit des entraînements conjoints pour affiner et roder les procédures opérationnelles. Une unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) malienne sera très prochainement intégrée à cette préparation opérationnelle. L’objectif est de conduire les premières opérations communes au début de l’automne.
Le second TG qui sera composé de forces spéciales françaises et tchèques a, quant à lui, déjà entamé sa préparation opérationnelle commune en France. A Ménaka, où ce TG sera basé, les sapeurs du détachement d'appui au déploiement lourd de Barkhane ont débuté l’important chantier d’aménagement des infrastructures.
Sorties air hebdomadaires (bilan du 19 au 25 août inclus)
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 92 sorties, parmi lesquelles 20 sorties chasse, 36 sorties ISR et 36 missions de transport ou de ravitaillement.
PROCHE MOYEN ORIENT – CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les Armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech, qui tente de reconstituer son réseau et poursuit ses actions violentes à bas niveau.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Cet été a vu la relève des postes de direction de l'opération Chammal.
Outre les relèves du commandant de la base aérienne projetée (BAP) au Levant et du commandement des éléments français en poste à Al Udeid au Qatar au sein du Combined Air Operation Center (CAOC), on notera celle du senior national représentative opératif (SNR-O).
En effet, le 14 juillet, le général de brigade aérienne Dominique Tardif a succédé au général Stéphane Dupont comme représentant national opératif de théâtre et chef du Directorate of Interagency and Civil Environment (DICE).
La défaite de Daesh et l'autonomie acquise par les forces de sécurité irakiennes, notamment grâce au travail de formation et de conseil, réalisé par la coalition, dont la France, avec les Task Forces Narvik et Monsabert, imposent une adaptation et une réorganisation de certaines de l'opération Inherent Resolve (OIR).
Ce sont tout d'abord les actions civilo-militaires qui ont été repensées, avec la création du Directorate of Interagency and Civil Environment (DICE). Ce service, dirigé par le général Tardif, SNR-O de l'opération Chammal, se trouve au cœur des relations entre le gouvernement irakien, les acteurs militaires et les organisations internationales et non gouvernementales qui ont des représentants en Irak. Il a pour objectif de coordonner les activités de ces différentes entités dans les domaines de l'assistance humanitaire, du déminage, de l'aide d’urgence et de l'assistance à l'établissement des conditions de stabilisation de la zone.
C'est ensuite la « fonction formation » qui est complètement refondue. Une entité globale, le Military Advisory Group (MAG), est en charge de la politique de conseil qui sera désormais prodiguée aux hautes autorités militaires irakiennes, en particulier au sein du joint operation center – Irak (JOC-I), le centre de commandement des opérations de l'état-major irakien.
Cette mission est confiée à un nouvelle organe : le Joint Operations Advisory Team (JOCAT) qui est une équipe de conseil pour le commandement interarmées des opérations. Ce JOCAT, basé à Bagdad, sera dirigé par un colonel français et intègrera une trentaine de personnes. Quatre officiers français supplémentaires seront positionnés au sein de cette nouvelle structure
Sorties air hebdomadaires (bilan du 19 au 25 août inclus)
Les aéronefs français basés au Levant et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 14 sorties aériennes.
PROCHE MOYEN ORIENT – AGENOR
Dans le golfe arabo persique, la France reste engagée dans la mission européenne AGENOR grâce notamment à une frégate multi-missions (FREMM) et un avion de patrouille maritime Atlantique 2.
Le 6 août dernier, la frégate Languedoc a réalisé sa première relève d’équipage en opération. L’équipage B a été relevé par l’équipage A après une période de passation de consignes de trois jours au sein de la base navale d’Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis). Cette première relève d’équipage à l’étranger pour une FREMM marque une étape importante dans la manœuvre « bâtiment à double équipage (B2E) » et a pour effet d’augmenter significativement la durée de présence du bâtiment dans cette mission visant à garantir la liberté de navigation dans le golfe arabo-persique et le détroit d’Ormuz et à protéger les intérêts économiques européens et internationaux.
Du coté de nos partenaires européens, outre la présence d’officiers néerlandais, danois, belges et allemands au sein du FHQ de l’opération, la frégate danoise « Iver Huitfeldt » intègre cette semaine la Task Force.
EUROPE DU NORD ET DE L’EST
Après une première phase consacrée à l’acheminement et la mise en condition opérationnelle du matériel, la mission Lynx est à nouveau présente en Lituanie au sein de l’enhanced Forward Presence Battle group (eFP BG). Armé de 300 soldats et équipé de véhicules blindés dont 5 chars Leclerc et 14 véhicules blindés de combat d’Infanterie (VBCI), le Sous Groupement Tactique Interarmes (SGTIA) français et ses éléments de soutien sont intégrés au Battle Group de l’OTAN. Placé sous commandement allemand, ce Battle Group qui intègre également des unités de combats allemandes, norvégiennes, néerlandaises et tchèques a atteint sa pleine capacité opérationnelle le 4 août dernier.
Depuis le franchissement de ce jalon important, de nombreux exercices conjoints ont été conduits dans la zone de manœuvre de Gaižiūnai où le terrain sablonneux et les forêts denses leur ont permis de s’approprier un environnement nouveau, de partager leurs savoir-faire et d’atteindre un haut niveau d’interopérabilité dans le combat blindé.
Au sein de l’état-major du battle group installé dans le camp militaire de Rukla, des militaires français sont pleinement intégrés et contribuent notamment au travaux de planification et de renseignement.
Dans la deuxième partie de son mandat, le détachement air français présent à Ämari dans le cadre de la mission enhanced Air Policing (eAP), a tenu la permanence de sécurité pendant quatre semaines. Les Mirage 2000-5 ont décollé sur alerte à plusieurs reprises pour intervenir dans l’espace aérien des pays baltes et identifier des aéronefs inconnus.
Pendant les semaines dites « cold » lors desquelles la permanence de sûreté était tenue par le plot de Siaulai en Lituanie, les pilotes de chasse français ont réalisé des vols multinationaux avec l’Espagne et la Finlande. Ils se sont entraînés au combat et ont ainsi développé leur interopérabilité.
La coopération franco-estonienne s’est également illustrée dans plusieurs activités. Les Mirage ont pu s’entraîner au combat aux côtés d’aéronefs estoniens et différentes unités du détachement se sont également entraînées au sol avec l’armée estonienne, comme les pompiers de l’air ou encore les Commandos parachutistes de l’air n°20 (CPA20).
A ce jour, les 4 Mirage 200-5 ont effectué 638 heures de vol en 443 sorties.
Enfin, le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des Armées est actuellement en déplacement en Estonie et rend notamment visite au détachement français.
BASSIN MEDITERRANEEN
Faisant suite aux explosions survenues à Beyrouth le 04 aout dernier, l’opération « Amitié » concrétise l’action des armées qui déploient et acheminent, en coordination avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur et le ministère des Solidarités et de la santé, des moyens humains et matériels pour venir en aide au Liban et aux Libanais.
Dès le 05 aout, des aéronefs militaires ont permis d’acheminer sur place des produits de première nécessité (denrées, eau, médicaments, matériel de santé, etc.) mais également d’engager les premiers sapeurs-sauveteurs et marins pompiers.
C’est ensuite un pont maritime qui a été mis en place. Le PHA Tonnerre et le navire affrété MN CALAO arrivés respectivement les 13 et 16 aout à Beyrouth ont permis de compléter cet acheminement.
Au bilan, ce sont 750 militaires et 1200 tonnes de fret humanitaire qui auront été débarqués au Liban.
A terre, les équipes françaises agissent sur demandes des libanais.
- les sapeurs sauveteurs, les marins pompiers et des chiens ont aidé à la recherche de victimes ;
- le GT génie « Ventoux » fort de presque 400 militaires issus majoritairement de différents régiments du Génie et équipé d’engins lourds de déblaiement a procédé au dégagement des accès aux quais, des quartiers à proximité du port comme la gare routière qui est l’un des lieux de transit majeur de la ville et des zones d'entrepôts à proximité immédiate du point de l'explosion ;
- le port a fait l’objet d’investigations minutieuses, menées par les marins du Groupe de plongeurs démineurs (GPD) et du Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM). A ce jour, grâce aux plongées et aux moyens sonar, tous les bassins ont été vérifiés ainsi que plus de la moitié des points d’intérêts listés les forces armées libanaise (FAL). Les plongeurs démineurs ont également effectué des travaux sous-marins.
Attachée au respect de l’embargo des Nations Unies sur les armes en Libye, la France participe à l’opération de l’Union européenne IRINI. Les Falcon 50 de la Marine nationale contribuent directement à cette opération (5 vols de surveillance dédiés ont été effectués cet été). Un AWACS de l’armée de l’Air a également opéré en soutien associé de l’opération les 06 et 17 août dernier.
L’activité multilatérale QUAD-EUNOMIA 2020 a débuté au matin du 26 août, au sud-ouest de Chypre. Réunissant des moyens navals et aériens grecs, chypriotes, italien et français, cette initiative qui vise à contribuer à la sécurité commune en Méditerranée orientale et à défendre la liberté de navigation, tout en rappelant l’attachement de tous les participants au respect du droit maritime international a consisté en la réalisation de manœuvres en force constituée.
TERRITOIRE NATIONAL
L’opération Sentinelle, participation des Armées au plan VIGIPIRATE poursuit sa lutte contre le terrorisme militarisé sur le territoire national.
Faisant l’objet d’une adaptation continue pour épauler au mieux les forces de sécurité intérieure, le dispositif a été renforcé durant la période estivale.
Hier, à Annecy, à la suite d’un coup de feu tiré par un homme a priori déséquilibré, une quinzaine de militaires participant à cette opération ont été engagés aux côtés des forces de police, suite à une demande de prêt de main forte, pour contribuer au bouclage de la zone.
Alors que plus de 60% de la zone Sud (PACA, Occitanie et Corse) est actuellement en risque incendie « sévère », les armées interviennent aux côtés de la sécurité civile, des services départementaux d’incendie et de secours et de l’office national des forêts dans la lutte contre les feux de forêt en zone méditerranéenne.
Depuis mi-juillet, les deux Modules Adaptés de Surveillance (MAS) déployés en Corse et armés par les militaires du 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi et de la base aérienne 126 réalisent quotidiennement des actions de prévention auprès du grand public.
Les deux détachements du Groupe du génie intégré (GGI), armés par le 19e régiment de génie de Besançon, pré-positionnés à Lézignan-Corbières et à Nîmes ont été engagés à plusieurs reprises dans les départements de l’arc méditerranéen afin de créer des pare-feu et ouvrir de nouvelles pistes, notamment lors des incendies du 24 aout près d’Istres ou encore dans la nuit du 4 au 5 août dans le secteur de Martigues/Port-de-Bouc.
Lors de ce dernier cas, l’important dispositif a également intégré les pompiers de l’air de l’Escadron de Sécurité Incendie et de Sauvetage (ESIS) de la base aérienne 125 d’Istres. En effet, en cas de nécessité, des moyens complémentaires à l’opération « Héphaïstos » peuvent être engagés sur demande de l’autorité préfectorale. Toujours à Martigues, sous la coordination du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Méditerranée, la Marine nationale a déployé trois bâtiments de soutien et d’assistance permettant des évacuations par voie maritime.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA
