Opérations
Opération Chammal en Irak/Syrie et Barkhane au Sahel, lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, mission Corymbe dans le golfe de Guinée, lutte contre les trafics illicites en océan Indien (CTF 150) : retrouvez le point de situation des opérations de la semaine.
FORCES ARMEES EN GUYANE
LUTTE CONTRE L’ORPAILLAGE ILLEGAL
En quatre mois, la somme des avoirs criminels saisis ou détruits aux orpailleurs illégaux atteint 6,5 millions d’euros soit un rythme annuel 1,5 fois plus élevé que lors de l’année record de 2016.
Depuis le début de l’année 2018, les bilans des saisies-destructions réalisées dans le cadre des opérations de lutte contre l’orpaillage illégal sont en effet excellents. Ce sont par exemple 340 moteurs, 228 groupes électrogènes, 84 pirogues, 46 quads, et près de 70 kg de mercure qui ont été détruits ou saisis depuis le début de l’année.
Ces résultats ont été obtenus à volume constant en effectif des forces armées en Guyane (FAG), grâce à un effort conséquent de déploiement de nos unités et une présence accrue des administrations dotées de pouvoirs judiciaires ou administratifs de saisies ou destructions : gendarmerie, douane, police aux frontières.
Près de 70% des patrouilles menées par les FAG sont désormais accompagnées d’agents de l’Etat assermentés ; le reste des patrouilles se concentrant sur le recueil de renseignements.
Une opération conjointe rassemblant pour la première fois les FAG, la gendarmerie, la douane et les forces armées et de police surinamaises a en outre été récemment menée sur le Maroni.
Ces coups significatifs portés à l’orpaillage illégal n’entament malheureusement que partiellement la détermination des orpailleurs à revenir exploiter les sites dès que les forces Harpie cessent d’occuper le terrain. Les enjeux financiers sont en effet très importants : certains puits produisant 3 à 4 kg d’or par mois, soit l’équivalent d’environ 100 000 € de gains.
Les FAG adaptent donc leur mode d’action et s’attachent à occuper le terrain le plus longtemps possible comme à revenir sur les sites déjà visités pour dissuader et décourager les orpailleurs à revenir.
Depuis la fin du mois d’avril, une compagnie d’infanterie supplémentaire est venue renforcer le dispositif de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Ce renfort exceptionnel a pour but de maintenir l’effort dans la durée dans une période où habituellement la présence des FAG en forêt est moindre compte tenu des relèves estivales.
S’il n’a pas vocation à se pérenniser, ce renfort pourrait néanmoins être maintenu jusqu’à la fin de l’année afin de poursuivre l’effort à une période où les FAG pourraient être davantage absorbées par la mission de protection du site de lancement guyanais.
Pour consolider ces résultats, les forces armées en Guyane vont maintenir la pression sur les secteurs ayant fait l’objet de nombreuses opérations et poursuivre le contrôle des flux logistiques des orpailleurs illégaux.
En 2019, sans renfort des Armées de la métropole cette fois, mais avec un renfort prévu de 90 gendarmes départementaux, il devrait être possible de capitaliser sur les résultats de 2018 et de poursuivre la réduction du nombre de sites d’orpaillage illégaux actifs.
Celui-ci ne cesse de décroître. Selon l’observatoire de l’activité minière (OAM), il était de 623 fin 2017, de 477 lors de notre dernier bilan intermédiaire réalisé au 1er février 2018 ; il est de 283 aujourd’hui (chiffre arrêté le 24 avril 2018).
CORYMBE
AFRICAN NEMO 18.2 ET RELEVE
Dans le cadre de sa mission Corymbe, le patrouilleur de haute mer Premier-maître L’Her et le Falcon 50M basé à Dakar ont mené du 7 au 12 mai 2018, avec six nations africaines, l’exercice African NEMO 2018.2.
Cet exercice régulier a pour but de renforcer notre interopérabilité et d’accompagner les marines africaines dans la prise en charge de la sécurisation de leurs espaces maritimes, en améliorant notamment leur coordination dans le domaine de la surveillance et de la prise en charge des contrevenants.
Les enjeux sont importants puisque le golfe de Guinée reste en tête des régions touchées par les actes de piraterie et de brigandage maritime.
En 2017, 143 incidents maritimes liés à la piraterie se sont produits dans le golfe de Guinée. Concernant la pêche INN (illicite, non déclarée, non réglementée), elle représente en Afrique de l’Ouest selon les dernières estimations environ 37% des prélèvements annuels, soit une valeur de 1,3 milliard de dollars.
A l’issue de cet exercice, le dimanche 13 mai, le patrouilleur de haute mer commandant Birot a relevé le premier-maître L’Her au sein de l’opération Corymbe.
Au cours de sa mission, le PM L’Her a mené 31 périodes de coopération ou d’instruction opérationnelle au profit des marines africaines dans tous les domaines (manœuvre, navigation, sécurité, plongée, opérations …).
COMBINED MARITIME FORCE
TASK FORCE 150
Actuellement en océan Indien et en soutien direct de la Combined Task Force 150 (CTF 150), la frégate légère furtive La Fayette a saisi 260 kg d’héroïne le 11 mai en océan Indien.
Cette prise porte à plus de 900 kg d’héroïne et 6 tonnes de cannabis les saisies réalisées au cours des douze derniers mois par nos moyens.
Cette saisie est l’occasion de souligner l’engagement actuel important des moyens français au sein de la CTF 150.
Trois unités françaises sont en effet actuellement engagées au sein de l’opération : la FLF La Fayette, la frégate de surveillance Nivôse et un Falcon 50 opérant depuis Mayotte.
La CTF 150 est l’une des trois Combined Maritime Force (CMF), forces maritimes multinationales qui visent à promouvoir la sécurité et la stabilité en océan Indien et dans le golfe Persique. Son centre de commandement est colocalisé à Bahrein avec celui des trois autres forces.
Mise en place à la suite des attentats du 11 septembre 2001, la mission de la CTF 150 est de perturber les organisations terroristes en entravant leurs activités illégales connexes et leurs flux d’approvisionnements logistiques et financiers transitant en océan Indien.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THEATRE
Sur le théâtre irako-syrien, cette semaine a été marquée par la poursuite de l’offensive contre les dernières emprises territoriales de Daech en Syrie et par le bon déroulement des élections parlementaires en Irak.
En Syrie, l’offensive menée contre les dernières poches de Daech dans la vallée de l’Euphrate suit son cours. Menée par les forces démocratiques syriennes, elle est appuyée par la Coalition et coordonnée avec les forces de sécurité irakiennes positionnées en interdiction de leur côté de la frontière.
Depuis le 1er mai et le lancement de l’offensive, plus de 30 km2 de terrain ont été repris à Daech.
En Irak, les forces de sécurité irakiennes ont été principalement engagées dans la sécurisation des élections parlementaires qui se sont déroulées sans incident majeur. La France a participé à aider les Irakiens, en particulier avec un stage d’apprentissage à l’utilisation de drones qui ont permis la surveillance des abords de certains points de vote.
En parallèle, les opérations des forces de sécurité irakiennes se sont poursuivies, en particulier dans les secteurs de Tal Afar et Mossoul.
ACTIVITE DE LA FORCE
Les instructeurs de la Task Force Narvik ont débuté depuis le 29 avril l’enseignement d’un nouveau module intitulé « Intelligence Collecting Course » au profit des forces de sécurité irakiennes.
Ce stage a pour but de former des petites unités autonomes capables de s’infiltrer, de se dissimuler, de collecter, d’analyser et de faire remonter des informations afin de fournir du renseignement tactique et appuyer le commandement.
Cette nouvelle formation dure un mois, deux semaines de cours théoriques suivies par deux semaines de pratique.
La Task Force Wagram est toujours engagée en appui de l’offensive contre les dernières poches de Daech dans la vallée de l’Euphrate.
Cette semaine, elle a réalisé 27 missions de tir (bilan du 09 au 15 mai).
Depuis le début de son engagement, la TF Wagram a réalisé 1709 missions de tirs.
L’activité des forces aériennes françaises engagées dans l’opération Chammal se poursuit en appui des forces engagées au sol.
Sur la semaine écoulée, les aéronefs engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 16 sorties aériennes en appui des forces locales engagées au sol (bilan du 09 au 15 mai). Une frappe planifiée a été réalisée dans le secteur d’Abu Kamal permettant la destruction d’un bâtiment logistique de Daech.
Bilan total depuis le 19/09/14 :
8063 sorties / 1450 frappes / 2241 objectifs neutralisés.
BARKHANE
APPRÉCIATION DE SITUATION
Sur le plan politique, la semaine a été particulièrement riche, marquée par la prorogation du mandat de l’EUTM Mali, la tenue du comité de défense et de sécurité du G5 Sahel, la visite du Premier ministre malien à Ménaka et l’inauguration du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) de Kidal.
Lundi 14 mai, le Conseil de l’UE a prorogé le mandat de l’EUTM de deux ans et modifié son mandat pour étendre son soutien à la Force Conjointe du G5 Sahel en lui fournissant des conseils et un appui à la formation. Par ailleurs, le Conseil a décidé d’augmenter sensiblement le budget alloué à la mission, porté à 59,7 millions d’euros pour la période allant du 19 mai 2018 au 18 mai 2020, contre 33,4 millions d’euros pour la période de deux ans qui s’achève.
Cette semaine s’est également tenue la 6ème réunion du Comité de défense et de Sécurité des Etats membres du G5 Sahel. Le commandant de la force Barkhane a participé aux travaux du Comité au cours desquels un protocole d’accord entre la force Conjointe et Barkhane a été signé.
Ce document énonce les conditions et les modalités d’appui réciproque entre la Force Barkhane et la Force Conjointe G5 Sahel afin d’améliorer leur efficacité opérationnelle et la coordination de leurs opérations sur le terrain.
Le 9 mai, le Premier ministre malien s’est rendu à Ménaka. C’est la première visite d’une autorité politique officielle dans cette ville depuis 2012. Cet évènement, sécurisé par les forces armées maliennes, est un signal fort du retour de l’état malien dans cette région.
A Kidal, le MOC, constitué d’une quarantaine de combattants (FAMa, CMA, Plateforme) a été inauguré le 10 mai en présence du coordinateur du MOC le général Coulibaly et de l’adjoint du Force Commander MINUSMA, le général Kane. Cet évènement constitue une avancée de l’accord de paix et de réconciliation au Mali.
Sur le plan sécuritaire, la situation a principalement été marquée par des attaques indirectes contre les emprises militaires d’Aguelhok (le 11 mai) et de Tessalit (les 9 et 13 mai). Elles n’ont fait ni victime, ni dégât.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
La Force Barkhane poursuit son effort dans la région des trois frontières au côté des forces armées maliennes et en coordination avec les forces armées nigériennes.
Les opérations se concentrent principalement dans les régions de Ménaka et d’In Delimane, ainsi que le long de la frontière entre le Mali et le Niger.
Cette semaine, le groupement tactique désert infanterie a effectué avec une compagnie des forces armées maliennes une opération de reconnaissance des monts Chetoloka, sur la frontière entre le Mali et le Niger.
Des opérations de sécurisation et de contrôle de zone ont également été menées dans la région de Ménaka, notamment par le groupement tactique logistique.
Ces différentes opérations ont montré que les groupes armés terroristes continuent à refuser l’affrontement direct avec Barkhane.
Barkhane poursuit son effort au profit des populations vivant dans la région de Ménaka et d’In Delimane. Barkhane y conduit des projets couvrant les domaines de l’accès à l’eau, à l’information, à l’éducation et à l’administration.
A Ménaka par exemple, la deuxième tranche des travaux de construction du château d’eau a été lancée tandis que le projet de curage du puits de la place de l’indépendance avance.
Dans le domaine de la téléphonie, Barkhane a livré trois antennes qui ont permis la mise en place d’un émetteur de grande puissance améliorant sensiblement la qualité de la téléphonie dans la région.
Barkhane va également prochainement contribuer à l’acheminement de deux nouveaux groupes électrogènes de 550 KVA, prévus de remplacer le groupe électrogène (actuellement en panne) de 250 KVA vétuste.
A In Delimane, en réponse aux demandes de l’assemblée des associations, les projets de rénovation de l’école et de la salle communale ont été lancés.
Barkhane a profité de la réalisation de ces projets pour former des soldats des forces armées maliennes aux actions civilo-militaires. Depuis début mai 2018 à Ménaka, soldats maliens et soldats de la force Barkhane réalisent en effet ensemble des missions au profit des populations locales.
La semaine dernière, ces équipes conjointes sont notamment allées à la rencontre de familles d’éleveurs qui se sont rassemblées dans un camp à Ménaka avec leur bétail.
30 sorties chasse / 25 sorties RAV ISR / 35 sorties transport.
Total : 90 sorties (77 la semaine dernière).
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense
