Point de situation des opérations du 17 au 23 janvier
FORCES FRANÇAISES AUX ÉMIRATS ARABES UNIS
TROISIÈME SAISIE DE DROGUE POUR LE COURBET…
La frégate légère furtive Courbet s’est illustrée une troisième fois le 18 janvier dans le domaine de la lutte contre les narcotrafics avec une nouvelle saisie de plus de trois tonnes de résine de cannabis, deux semaines seulement après la précédente.
Ayant pisté un boutre suspect toute la nuit, le Courbet a tout d’abord envoyé le Panther du détachement de la flottille 36F en reconnaissance. Les conditions météorologiques dégradées ont ensuite compliqué le franchissement depuis l’embarcation de transport rapide pour commandos (ETRACO), mais une équipe de visite expérimentée est parvenue à se hisser à bord.
Après un long examen des différents documents présentés, le boutre a été déclaré sans pavillon et la fouille a pu débuter, permettant de localiser rapidement les ballots contenant la drogue.
L’opération a été conduite en soutien direct de la Combined Task Force 150, sous contrôle opérationnel d’ALINDIEN. Le bilan du Courbet depuis son départ de Toulon en novembre dernier dépasse désormais les huit tonnes de résine de cannabis saisies sur trois boutres différents.
… QUI INTÉGRERA BIENTÔT LA MISSION DE SURVEILLANCE MARITIME EUROPÉENNE DANS LE DETROIT D’ORMUZ.
Fin janvier, la mission EMASOH (pour European-led Maritime Awareness mission in the Strait Of Hormuz) débutera officiellement. La frégate Courbet, qui assure déjà une mission de présence dans la zone, et qui agit en soutien de la CTF 150, assurera le premier mandat de cette mission multilatérale rassemblant plusieurs pays européens.
EMASOH est une mission de surveillance maritime, dont l’objet est de garantir la liberté de navigation dans le golfe Arabo-Persique et le détroit d’Ormuz, tout en protégeant les intérêts économiques européens et internationaux. Elle ne vise aucun État particulier, mais cherche à assurer la stabilité de la région, en définissant une cartographie objective et autonome de la situation sécuritaire régionale et en préservant la liberté de navigation. Cette surveillance maritime est exercée au travers de moyens aériens et navals. Elle consiste en une surveillance de l’activité aérienne et maritime civile et militaire, au bénéfice de la navigation civile. Elle contribuera à rendre la navigation plus sûre, et à restaurer la confiance et la sécurité dans la région.
EMASOH est mise en œuvre à l’initiative de la France, dans un esprit de désescalade des tensions dans le golfe Arabo-Persique et, plus particulièrement, le détroit d’Ormuz. Cette mission reste ouverte à la participation de tous les pays désireux de s’investir au profit de la stabilité régionale. À ce stade, deux pays ont fait des annonces politiques officielles sur leur participation, les Pays-Bas qui déploieront une frégate à compter de février et le Danemark qui a prévu de déployer une frégate en relève à compter de l’automne 2020.
Le déploiement d’EMASOH, dans un délai contraint, est facilité par la présence militaire française basée en permanence aux Émirats arabes unis. Ainsi, les FFEAU mettront en œuvre le poste de commandement de la mission de surveillance maritime européenne, en accord avec les Émirats arabes unis. Situé au sein de la base navale d’Abu Dhabi, ce dernier comprendra de l’ordre d’une quinzaine de personnes de différents pays européens. Il sera placé sous commandement français (ALINDIEN) au lancement de la mission. Il sera totalement opérationnel fin janvier.
La pleine capacité opérationnelle (Full Operational Capability) devrait être prononcée fin février.
MER MÉDITERRANÉE
Le 21 janvier, le groupe aéronaval (GAN) constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle a appareillé de Toulon. Son déploiement, prévu jusqu’à fin avril 2020, s’oriente dans un premier temps vers la Méditerranée orientale, pour prendre part à l’opération Inherent Resolve/Chammal aux côtés des forces françaises déjà engagées dans la lutte contre l’État islamique, avant de rejoindre l’Atlantique et la mer du Nord pour participer à des entraînements avec des partenaires européens.
Pour cette mission, baptisée FOCH, la frégate de Défense aérienne Chevalier Paul, des frégates multimissions Auvergne, Bretagne et Normandie, de la frégate légère furtive Surcouf, de la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet, des bâtiments de commandement et de ravitaillement Var, Somme et Marne, et d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), accompagneront le porte-avions, momentanément ou durant toute la mission.
Véritable fédérateur des capacités européennes, le GAN sera également accompagné de bâtiments étrangers. Des frégates grecque, allemande, belge et néerlandaise ont ainsi déjà confirmé leur participation à ce déploiement opérationnel. Elles assureront la protection et la défense du GAN, aux côtés des bâtiments français. Cette dimension internationale témoigne de l’interopérabilité et du haut niveau de coopération et de confiance entre les marines alliées mais aussi de leur soutien pour garantir la liberté de circulation dans les zones traversées.
Avec la mission FOCH, la Marine nationale évoluera dans des zones d’intérêt stratégique. Ce déploiement dans l’espace euroméditerranéen puis euroatlantique s’inscrit dans une dynamique d’engagement au profit de l’Europe et de la stabilité de ses approches.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit. Les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech, comme l’a rappelé récemment Florence Parly.
Les avions français poursuivent leurs missions sur l’ensemble de la zone d’opération, et seront bientôt rejoints par le groupe aérien embarqué du porte-avions Charles de Gaulle.
Le pilier « formation » s’est quant à lui réorganisé ces derniers jours. Désormais regroupés au sein de la Task Force (TF) MONSABERT qui a intégré une partie de l’ex TF NARVIK, les formateurs français continuent leur action au profit de la 6e division de l’école d’artillerie et de la 3e école de l’Académie de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS). Une partie du PC de la coalition de l’Opération Inherent Resolve (OIR), dont CHAMMAL est le volet français, s’est quant à lui installé au Koweït. Le GBA Dupont, représentant national (SNR-O) français et directeur des opérations civil-militaires de la coalition (CJ9) va donc rejoindre ce PC. Les éléments de soutien national français (ESN) resteront quant à eux à Bagdad pour assurer leur mission auprès des militaires français déployés.
Comme annoncé la semaine dernière, les formations ont repris, pour une cinquantaine de stagiaires, dans divers domaines.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les Rafale engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 18 sorties aériennes.
BILAN 2019 DE L’OPERATION CHAMMAL
Depuis septembre 2014, les militaires français de l’opération Chammal agissent contre Daech au Levant. Cet effort constant au sein de la Coalition a contribué à cet évènement majeur de l’année 2019, qui est la chute du califat territorial, annoncée le 23 mars.
À la suite de ce revers capital pour Daech, qui n’est pas mort pour autant et contre qui la lutte continue, la France a dissous la Task Force (TF) Wagram (groupement tactique d’artillerie), qui depuis septembre 2016 soutenait activement les troupes engagées au sol. Positionnée successivement sur quatre emprises à travers l’Irak, la TF Wagram a mené, avec ses canons CAESAR, plus de 2500 missions de feux au profit des forces irakiennes et des forces démocratiques syriennes, dont 117 en 2019.
Côté aérien, les Rafale ont effectué plus de 1100 missions de renseignement et de reconnaissance et ont délivré 45 frappes. Les avions de patrouille maritime de la Marine nationale (Atlantique 2) ont quant à eux réalisé 87 missions.
L’année 2019 a été particulièrement riche également dans ce domaine.
La TF Narvik, dédiée à la formation des forces spéciales irakiennes de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS), a mené une trentaine de stages en 2019 dans les domaines de la lutte contre les explosifs improvisés (Improvised Explosive Device), du renseignement (recherche d’indices, recueil d’informations, photographie), du combat en milieu clos (combat en zone urbaine, corps-à-corps, bêchage et effraction), du tir longue distance, de l’usage des mortiers, de la pédagogie, de la topographie ou encore du secourisme au combat.
Au cours de l’année passée, la TF Narvik a ainsi formé près de 1 400 soldats et plus de 130 instructeurs, permettant aux deux premières écoles de l’ICTS, engagée en première ligne dans la lutte contre Daech, d’atteindre leur autonomie à la fin de l’année. La TF Narvik a également participé au perfectionnement de près de 700 membres confirmés des forces spéciales irakiennes et a réalisé un village de combat.
La TF Monsabert, en charge de la formation de la 6e division d’infanterie et de l’école d’artillerie irakienne a quant à elle réalisé des stages dans des domaines comme le combat d’infanterie, la destruction d’engins explosifs saisis, la lutte contre-IED, l’appui feu artillerie, le sauvetage au combat ou encore la conduite de véhicules. Il s’agit de formations qui doivent permettre aux forces armées irakiennes de devenir autonomes dans la formation de leurs soldats et de leurs instructeurs.
En 2019, la TF Monsabert a formé plus de 1 000 soldats et 200 instructeurs. Elle a également évalué plus de 2 600 soldats confirmés afin d’améliorer leurs techniques de combat. Le pilier artillerie a formé plus de 200 cadres au sein de l’école d’artillerie irakienne et tient ainsi son rôle de primo-intervenant dans le conseil et la formation des artilleurs irakiens depuis la dissolution de la TF Wagram.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans une logique d’approche zonale en Bande Sahélo-Saharienne, la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma — grande comme un quart du territoire métropolitain français. L’action de Barkhane s’inscrit dans une approche globale en étroite collaboration avec les acteurs politiques, diplomatiques et économiques du Sahel.
Du 19 au 21 janvier, la ministre des armées, Florence Parly, est venue au Sahel accompagnée de ses homologues suédois, estonien et portugais. Le but de cette visite était de mettre en œuvre les conclusions du sommet de Pau et de présenter l’opération Barkhane aux partenaires européens.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Ces dernières semaines, Barkhane a accentué la pression sur les groupes armés terroristes, dans la zone des trois frontières et au-delà, à travers plusieurs opérations ponctuelles qui ont contribué à réduire leur potentiel offensif et à perturber leur organisation.
Deux opérations se sont notamment succédées dans le Centre du Mali, région soumise aux actes de prédation de la Katiba Macina. Ainsi, le 10 janvier, une opération des commandos de Barkhane au nord de Mopti a permis de mettre hors de combat trois terroristes, dont un cadre logisticien.
Plus tard, entre le 14 et le 15 janvier, c’est un groupe de combat complet qui a été neutralisé au cours d’une opération héliportée, marquée par d’âpres combats et plusieurs accrochages, cette fois-ci au sud de Mopti. Les commandos ont été appuyés par des hélicoptères de combat, ainsi que par une frappe aérienne. Une trentaine de djihadistes ont été mis hors de combat, une vingtaine de motos ont été détruites, et une grande quantité de matériel de téléphonie a été saisie.
Enfin, dans le Liptako, le 19 janvier au matin, au terme d’une opération, cinq terroristes armés ont été neutralisés par une frappe de drone. Cette frappe a été délivrée à proximité de Tindinbawen au Mali, non loin d’Inatès, dans une zone où sévit l’EIGS. Les trois motos des djihadistes ont également été détruites au cours de cette opération.
À travers ces actions, l’opération Barkhane frappe durement les GAT, contestant ainsi leur liberté d’action et limitant leur capacité de nuisance.
BILAN 2019 DE L’OPERATION BARKHANE
En 2019, Barkhane a poursuivi son action directe contre les groupes armés terroristes, en particulier dans la région du Liptako Gourma, en menant plus d’une centaine d’opérations seule, ou conjointement avec les forces partenaires. Deux figures importantes du RVIM, proches d’Iyad ag Ghali, ont également été neutralisées : il s’agit de Djamel Okacha, alias Yahia Abou el Hamman, et de Ali Maychou, alias Abderahmane al-Maghrebi.
Outre la mise hors de combat de nombreux membres de groupes armés terroristes, l’opération Barkhane a par ailleurs saisi ou détruit quelques centaines de motos et pick-ups et une très grande quantité de munitions de tous calibres, ainsi que du matériel électronique.
Ces opérations directes contre les GAT sont essentielles pour diminuer leur capacité de nuisance et les mettre à portée des armées locales. Elles portent des coups sévères à ces organisations et participent à la sécurisation du Sahel. Pour autant, comme l’a rappelé le CEMA cet été, « l’indicateur de réussite n’est pas le nombre de djihadistes tués, mais la quantité de population qui n’est pas, ou plus, sous le contrôle de ces groupes ». En effet, l’attrition des GAT se joue également au-delà de l’élimination physique ou de la capture : l’approche globale, dont Barkhane est le volet militaire et sur laquelle se fonde la stratégie de la France au Sahel, participe au tarissement des filières de recrutement des GAT en créant les conditions du retour de l’Etat et du développement.
Pour mener à bien ces opérations d’envergure, l’appui des partenaires des armées nationales et de la force conjointe G5 Sahel a été fondamental. L’année 2019 aura ainsi vu un renforcement de la coopération entre les soldats de Barkhane et des forces partenaires à travers un véritable partenariat de combat. L’intégration systématique des forces partenaires au sein des opérations a ainsi représenté jusqu’à plus de 50 % du volume des troupes engagées. La FCG5S a également mené une dizaine d’opérations, agissant dans des zones d’opérations complémentaires à celles de Barkhane. Cette inclusion des forces du G5 Sahel aux opérations est l’aboutissement du partenariat militaire opérationnel de Barkhane, qui a permis de former plus de 4000 soldats des forces partenaires, dont plus de la moitié de Maliens, à travers plus de 600 actions de formations.
L’appui de la composante aérienne depuis Niamey ou Ndjamena a été décisif pour ces opérations, avec 950 sorties qui auront permis de lutter directement contre les GAT, d’appuyer la composante terrestre et les partenaires au sol, en défendant au besoin ou en réassurant les emprises des forces alliées.
2019 aura également été le théâtre d’un engagement accru de nos partenaires européens, en particulier à travers notamment l’arrivée de deux hélicoptères Merlin danois. Nos partenaires européens sont incontournables pour les missions de transport, comme l’illustre l’action du détachement britannique qui a permis de transporter plus de 8000 soldats avec ses 3 CHINOOK en 2019. L’Estonie a quant à elle annoncé pour 2020 le renforcement de son détachement, qui compte actuellement une cinquantaine de militaires basés à Gao. Outre ces soutiens, l’Espagne, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Canada continuent d’apporter une aide précieuse à l’opération Barkhane dans le domaine du transport aérien de personnels et de matériels.
Avec plus d’une trentaine de convois logistiques pour ravitailler en vivres, en matériel et en carburant les différents sites au Mali, le groupement tactique désert logistique (GTD-LOG) a une nouvelle fois été un élément central de l’action de la force Barkhane en BSS. En appui de toutes les opérations, il a permis de disposer de tous les moyens logistiques nécessaires au succès des missions. Avec ses éléments de maintenance, il a contribué à l’entretien et à la réparation de l’ensemble du parc, soit plus de 800 véhicules (blindés lourds et légers, véhicules logistiques, etc.) de l’opération Barkhane, soumis à rude épreuve dans un environnement particulièrement rugueux.
En parallèle et en complément de ces opérations, la force Barkhane a conduit avec ses partenaires des missions d’appui direct au profit des populations. 76 projets d’action civilo-militaires ont ainsi été menés à bien en bande sahélo-saharienne. Par exemple, les 35 actions entreprises dans le Liptako-Gourma se sont traduites par la réalisation de 6 projets d’adduction d’eau, de 13 d’agropastoralisme et de 16 dans l’éducation, l’énergie et l’accès à l’information. Concernant l’aide médicale à la population, le service de santé de l’opération Barkhane a réalisé plus 100 consultations quotidiennes (médecine, chirurgie, traumatologie, dentaire, etc.) et environ 400 soins par jour.
Enfin, 2019 aura été tristement marquée par le décès en opération des 17 soldats français, morts pour la France. Nous nous inclinons une nouvelle fois devant leur mémoire, de même que devant celle des soldats burkinabè, maliens, nigériens et tchadiens morts au combat dans la lutte contre le terrorisme et pour la défense de leurs pays.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 89 sorties, parmi lesquelles 25 sorties de chasse, 37 sorties de ravitaillement/ISR et 27 missions de transport.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense