Point de situation des opérations du 17 au 23 avril.
TERRITOIRE NATIONAL – OPÉRATION RÉSILIENCE
Lancée le 25 mars 2020, l’opération « Résilience » constitue la contribution des armées à l’engagement interministériel contre la propagation du Covid-19. Elle est centrée sur l’aide et le soutien aux populations ainsi que sur l’appui aux services publics pour faire face à cette épidémie, en métropole et outre-mer, dans les domaines de la santé, de la logistique et de la protection. Les armées s’engagent dans l’ensemble des secteurs où elles peuvent apporter un soutien aux autorités civiles, en adaptant leurs actions aux contextes locaux et dans le cadre d’un dialogue avec les autorités de l’État.
SITUATION HEBDOMADAIRE
En complément de ce qu’accomplit déjà le personnel médical des établissements militaires du Service de santé des armées (SSA), les armées ont participé activement au désengorgement des zones les plus lourdement frappées par le coronavirus, à travers l’Élément Militaire de Réanimation (EMR-SSA) à Mulhouse, mais aussi par des opérations de transfert mobilisant les moyens des trois armées.
Le vendredi 17 avril 2020, la ministre des Armées a annoncé l’adaptation du format de l’EMR de Mulhouse en raison de l’évolution favorable du contexte épidémiologique et sanitaire dans la région Grand Est, qui se traduit par un besoin moindre en lits de réanimation. Un module de dix lits de réanimation sera reconditionné et en mesure d’être déployé ultérieurement en fonction des besoins, en concertation avec le ministère des Solidarités et de la Santé. Déployé depuis le 24 mars à Mulhouse, l’EMR accueille toujours des patients atteints du Covid-19. Il a accueilli 46 patients depuis sa mise en place.
Les militaires de l’opération Résilience apportent également leur concours aux autorités civiles dans le domaine logistique, via le transport de fret aérien, terrestre, ou maritime, la mise à disposition d’emprises, ou l’affectation d’experts logistiques auprès des autorités civiles et sanitaires pour les appuyer dans ce domaine clé de la lutte contre le coronavirus. Ils appuient en particulier la manœuvre de livraison et d’acheminement des masques de protection sur l’ensemble du territoire national.
Les missions de soutien logistique se poursuivent sur l’ensemble du territoire national, en France métropolitaine et outre-mer. Les militaires de l’opération Résilience ont effectué cette semaine de nombreuses missions de transport de matériel sanitaire (masques, gel hydro-alcoolique, produits de santé). Le détachement d’experts logisticiens en renfort des structures civiles se poursuit, ainsi que la mise à disposition d’équipements ou d’infrastructures militaires au profit des autorités civiles.
Le 21 avril, les militaires du 1er Régiment d’infanterie de Sarrebourg, renforcés par des éléments du 1er Régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg et du Centre de formation initiale des militaires du rang de Dieuze, ont assuré la distribution de 18 000 masques sur plus de 60 établissements de santé et paramédicaux de Basse Moselle désignés par l’Agence régionale de santé du Grand Est.
Les militaires de l’opération Résilience peuvent assurer la protection de sites sensibles militaires et civils, ainsi que des missions de surveillance et de présence dissuasive en appui des forces de sécurité intérieure. Les missions de protection de sites de production et de stockage de produits sanitaires sensibles se poursuivent, de façon autonome ou en appui des forces de sécurité intérieure, en métropole et outre-mer.
La problématique particulière des élongations propre aux territoires ultra-marins nécessite la mise en place de moyens spécifiques pour soutenir les autorités locales dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19. La Marine nationale a mobilisé ses bâtiments à cet effet, lesquels auront vocation à intervenir sur les 3 volets de l’opération Résilience.Décidé par le Président de la République le 25 mars, l’envoi de deux porte-hélicoptères amphibies (PHA) de la Marine nationale dans les approches des territoires français ultra-marins viendra appuyer l’action de l’État dans la lutte contre la pandémie.
Après avoir atteint Mayotte le 4 avril, et avoir débarqué son sous-groupement tactique embarqué, le PHA Mistral y a effectué le 16 avril une première livraison de 233 tonnes de fret (eau, denrées alimentaires, matériel sanitaire) chargées à La Réunion, afin de soutenir les autorités civiles dans la lutte contre l’épidémie. Le même jour, un Casa CN-235 de l’escadron de transport 50 « Réunion » des Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) a décollé vers Mayotte pour y livrer 1,3 t de fret sanitaire, notamment composé de solution hydro-alcoolique et de masques de protection.
Le PHA Dixmude, qui a appareillé de Toulon le 3 avril, a quant à lui atteint les Antilles le 17 avril avec à son bord près de 138 tonnes de matériel et de moyens de transport (170 000 masques FFP2, 1 million de masques chirurgicaux et des centaines de litres de gel hydro-alcoolique, ainsi que 4 hélicoptères), mais également des spécialistes, personnels de santé et experts en désinfection. Il a dans un premier temps effectué une tournée logistique dans les îles des Antilles françaises (Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique) entre le 17 et le 19 avril.
Le 16 avril, l’Escadron de transport 50 « Réunion » des FAZSOI a réalisé une évacuation de ressortissants au profit de onze passagers depuis l’île Rodrigues, située sur le territoire de Maurice, à la suite de la fermeture des frontières et la suspension des vols.
Enfin, un avion de transport stratégique A400M ATLAS va être placé sous le contrôle opérationnel des Forces armées en Polynésie française (FAPF) afin de diminuer l’isolement lié aux mesures de confinement. Sur réquisition du haut-commissaire en Polynésie française, il pourra ainsi acheminer ou aller récupérer du fret, et le cas échéant contribuer aux évacuations sanitaires. Cet aéronef doit arriver le 27 avril, pour une durée d’un mois.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
La force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma et concentre son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, en particulier contre l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la région dite « des trois frontières ».
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le groupement tactique désert (GTD) « Dragon » a été engagé dans une opération de harcèlement de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) dans le Gourma malien, en partenariat avec les forces armées maliennes (FAMa). D’une manière plus générale, le partenariat de combat à l’œuvre entre les forces armées partenaires et la force conjointe du G5 Sahel se poursuit en bande sahélo-saharienne, sur un rythme soutenu. Au cours de cette mission, plusieurs terroristes ont été neutralisés par l’unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) malienne et la force Barkhane. Du matériel militaire a également été saisi.
Entrant dans le cadre du partenariat de combat dont l’objectif est la montée en puissance des FAMa, la formation des ULRI s’inscrit pleinement dans les objectifs définis lors du sommet de Pau. Elle démontre toute la pertinence du combat conjoint et de l’adaptation des modes d’action à la menace et au terrain, permettant aux unités maliennes de gagner en discrétion, en agilité et en mobilité.
Ainsi, le dimanche 19 avril, alors que le détachement débutait conjointement sa progression vers la zone d’objectif, un soldat malien a détecté plusieurs hommes armés en moto dans un oued. Les militaires maliens et le détachement de liaison et d’appui (DLA) du GTD « Dragon » ont mis hors de combat plusieurs terroristes. Les FAMa ont ensuite saisi leurs armes et leurs munitions, deux motos ainsi que tout le matériel militaire.
Par cette action d’opportunité alliant mobilité et agilité, les soldats maliens de l’ULRI ont ainsi démontré la pertinence de cette unité équipée de motos et l’efficacité de ses modes d’action face à un ennemi dissimulé, mais toujours combatif. Ils ont également su restituer au combat des savoir-faire acquis très récemment. Détection, intervention, neutralisation : tous ces modes d’actions et procédures avaient en effet été travaillés pendant les trois semaines de formation de l’ULRI, assurée ces dernières semaines par la force Barkhane.
Quelques jours plus tard, soldats français et maliens ont découvert plusieurs caches d’un groupe armé terroriste dans une forêt à proximité. À l’approche de la force, plusieurs terroristes ont fui à pied, abandonnant leur matériel et leur plot logistique. Au bilan, quatre motos, des tenues de combat, plusieurs centaines de munitions et du matériel nécessaire à la fabrication d’engins explosifs improvisés ont été récupérés.
Du 8 au 16 avril, le Groupement tactique désert logistique (GTD-LOG) « Chambure » a réalisé une mission logistique pour ravitailler la base opérationnelle avancée de Menaka en matériaux de construction, en carburant et en vivres.
Pour sa sécurité, le convoi peut compter à la fois sur les armes de bord de ses véhicules logistiques, mais aussi sur la puissance de feu et les capacités d’appui de son escorte composée d’une section d’infanterie, d’un groupe génie et d’un Joint terminal attack controller (JTAC).
En appui du convoi, le groupe génie apporte une capacité de lutte contre la menace IED. Équipé d’un véhicule système d’ouverture d’itinéraire miné (SOUVIM) et d’un Buffalo, il permet de lever les suspicions d’IED en effectuant des vérifications et éventuellement de la destruction.
Enfin, le convoi est également appuyé par un JTAC, chargé de maintenir la liaison entre le convoi et les moyens aériens. En effet, les distances couvertes par les convois sont telles que l’appui des chasseurs ou des hélicoptères est crucial.
Après plusieurs jours de trajet, le convoi arrive à Menaka, chargé de toutes les ressources dont la base a besoin pour soutenir les unités du Groupement tactique désert (GTD) « Centurion » installées dans cette base, leur permettant ainsi de poursuivre les opérations contre les GAT, aux côtés des forces armées partenaires.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 87 sorties, parmi lesquelles 22 sorties chasse, 29 sorties ISR et 36 missions de transport ou de ravitaillement.
DAMAN
La Blue Line est une ligne de séparation entre le Sud-Liban et Israël. Cette ligne est jalonnée par des barils bleus d’où son nom de « Blue Line ». Du côté israélien, une Technical Fence composée essentiellement d’un grillage avec barbelés, a été ajoutée pour éviter toute intrusion venant d’un pays ou l’autre. Elle est l’objet de l’attention de la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dont le mandat est régi par la résolution 1701, avec notamment la mission de contrôler la cessation des hostilités dans la région.
En fin de semaine, des brèches ont été détectées dans la Technical Fence israélienne qui longe la Blue Line. Cette découverte a généré des tensions entre les deux pays nécessitant l’intervention de la FINUL pour ramener le calme dans la zone et mener une enquête sur ces brèches, rapidement réparées par les forces israéliennes.
Côté libanais, l’accès est rendu difficile par la présence de zones minées. Afin que l’équipe chargée de l’enquête puisse accéder à la Technical Fence, la FINUL a alors demandé l’intervention de la Force Commander Reserve (FCR) avec le déploiement de ses experts démineurs français, dits EOD (Explosive Ordonance Disposal), et sa section de sapeurs.
Ils ont reçu pour mission de sécuriser un couloir d’accès à la Blue Line sur une distance d’environ 200 mètres aux abords immédiats d’une zone minée. Seul le contingent français détient une capacité EOD au sein de la FINUL.
Durant 6 heures, les sapeurs de la FCR, soutenus et guidés par les EOD, ont progressé pour ouvrir ce couloir d’accès. Dans cette zone, les sols sont particulièrement encombrés de déchets métalliques. Les détecteurs de mines électromagnétiques portables (DHPM) utilisés par les sapeurs ont donc alerté et chaque fois, protégé par sa tenue de déminage, le sapeur a sondé avec attention puis fouillé délicatement le sol afin de découvrir l’objet et l’identifier. La concentration exigée, le poids de la tenue de déminage et la chaleur du soleil libanais ont contraint les sapeurs à se relayer toutes les 30 minutes.
Les EOD ont ensuite parcouru les cent derniers mètres avec des « matramines » (support gonflable) aux pieds pour vérifier l’accès jusqu’à la Technical Fence. . Ils ont ainsi permis à l’équipe d’investigation de la FINUL de mener son enquête en quelques heures.
L’efficacité et la réactivité de la FCR contribuent pleinement au maintien de la paix dans la région. Les casques bleus français poursuivent ainsi leur mission au quotidien, aux côtés de l’armée libanaise et au profit de la population du Sud-Liban.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Les aéronefs français basés en Jordanie, au Qatar et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 14 sorties aériennes.
FANC
À la suite du passage du cyclone tropical HAROLD sur le Vanuatu, les forces armées en Nouvelle-Calédonie ont acheminé plus de onze tonnes de fret humanitaire par voie maritime. Cette opération a été réalisée en lien avec le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, l’ambassade de France à Port-Vila et la délégation territoriale de la Croix rouge française.
Ce fret a été livré le 23 avril par le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) D’Entrecasteaux. Depuis octobre 2019, le centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a positionné du stock humanitaire à Nouméa, au sein des locaux de la délégation territoriale de la Croix rouge française. Cette mesure a été prise dans le cadre de l’accord FRANZ, accord tripartite de coopération qui associe depuis 1992 la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande dans le but de coordonner l’aide civile et militaire aux États et territoires du Pacifique insulaire victimes de catastrophes naturelles. Il a permis de disposer d’un stock régional d’équipements de première nécessité (1000 bâches, 450 « kits shelter », 200 « kits hygiène ») rapidement mobilisés au profit des populations sinistrées.
Dans le contexte actuel de la crise du COVID 19, le fret a été désinfecté avec du produit virucide et déchargé à Port-Vila en respectant un protocole très strict évitant tout contact entre l’équipage et le personnel vanuatais.
FORCES ARMÉES EN ZONE SUD DE L’OCÉAN INDIEN
Lundi 20 avril 2020, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Réunion a sollicité les Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) et l’hélicoptère de type Panther du détachement 36F affecté sur la frégate de surveillance Floréal pour une évacuation médicale (MEDEVAC) sur le navire de type vraquier AVALON à 70 nautiques au large des côtes de La Réunion.
Après une analyse de la situation et notamment des conditions d’application des gestes barrière, le Panther a rapidement décollé pour rejoindre le vraquier dont un marin présentait des signes de pathologie cardiaque.
Hélitreuillée avec succès sur le navire de commerce, l’équipe médicale du Floréal, composée du médecin et de l’infirmier major, ainsi que le plongeur du Panther, a rapidement pris en charge le marin. Celui-ci a ensuite été évacué vers le CHU Nord de La Réunion.
Dans un contexte épidémique contraignant, la réactivité avec laquelle cette mission a été menée, en coordination avec le SAMU, le CROSS Réunion et les FAZSOI a permis de mettre hors de danger le marin.
Malgré l’absence de risque Covid-19 identifié, un technicien et trois marins pompiers de la Base navale de Port des Galets spécialisés nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), en lien avec l’équipe NRBC du 2e Régiment de dragons (2e RD) ont procédé au bionettoyage de l’appareil. Cela a ainsi permis aux équipes de se préparer à gérer ultérieurement des cas de contamination avérés.
Cette intervention illustre le savoir-faire et la capacité de l’équipage du Panther et de l’équipe médicale du bord à porter assistance dans les plus brefs délais aux populations en danger, dans le cadre de la mission de service public menée par la Marine nationale et les FAZSOI.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA