Point de situation des opérations du 14 au 20 février
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Dans une logique d’approche zonale en Bande Sahélo-Saharienne, la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma, grande comme un quart du territoire métropolitain français. L’action de Barkhane s’inscrit dans une approche globale en étroite collaboration avec les acteurs politiques, diplomatiques et économiques du Sahel.
À la suite du Sommet de Pau, le président de la République a demandé à la force Barkhane d’accentuer son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, et en particulier l’EIGS, dans la région dite « des trois frontières ».
Cette semaine, Barkhane a mené plusieurs opérations qui ont permis de mettre hors de combat un grand nombre de membres de groupes armés terroristes, de saisir d’importantes quantités de matériel, mais aussi d’affirmer la présence de la force Barkhane dans le Liptako-Gourma et de rassurer les populations. Ces opérations mettent les groupes armés terroristes sous forte pression, et permettent de les affaiblir pour favoriser le retour de la gouvernance dans leurs zones de prédation.
Cette semaine a également été tristement marquée par la mort, au Burkina Faso, le 16 février 2020, du sergent-chef Morgan HENRY, du 54ème régiment de transmissions de Haguenau, découvert mort au sein de son campement. Les causes du décès ne sont pas connues, et une enquête de gendarmerie, menée par la prévôté, a été diligentée pour établir les circonstances de sa mort.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Entre le 9 et le 17 février, Barkhane a mené plusieurs opérations dans le Centre du Mali autour de la ville de Mopti. Ces actions ont concrétisé un travail de préparation et de renseignement permettant de caractériser avec certitude l’activité des groupes armés terroristes. Elles ont permis de neutraliser une cinquantaine de leurs membres, de détruire une trentaine de motos et deux pickups, et enfin de saisir de l’armement, des téléphones et du matériel électronique.
Ces opérations ont été menées en deux phases. La première s’est déroulée entre le 9 et le 10 février, au nord-ouest de Mopti. Des frappes aériennes de drone et de Mirage 2000, couplées à l’engagement d’hélicoptères de combat ont permis de neutraliser une vingtaine de combattants armés. Parmi eux se trouvait un cadre de l’EIGS.
La deuxième action a été menée entre le 16 et le 17 février, au sud de Mopti, dans une région où sévit la Katiba Macina. Cette fois-ci, les frappes aériennes et tirs d’hélicoptères de combat ont été accompagnés d’un assaut héliporté. Une trentaine de combattants djihadistes ont été mis hors de combat.
Ces deux opérations, au bilan matériel et humain très lourd, fragilisent le potentiel offensif des groupes armés terroristes dans cette région.
Du 9 au 15 février, le groupement tactique désert « Acier » a mené une opération dans le Liptako malien. Au cours de cette opération, un terroriste a été mis hors de combat et plusieurs ressources ont été saisies. La force Barkhane continue ainsi à opérer de manière permanente en zone des trois frontières pour déstructurer les réseaux des terroristes et réduire leurs capacités logistiques, préalables indispensables à la stabilisation de la zone.
L’opération s’est déroulée dans une zone reculée du Liptako où les groupes armés terroristes (GAT) optent régulièrement pour une stratégie de dissimulation au sein de la population, qu’ils maintiennent sous pression par la menace, tout en s’appuyant sur des plots logistiques dans lesquels ils peuvent cacher armes et équipements.
Le second jour de l’opération, au cours d’un contrôle de zone à proximité d’un village de la région, la force Barkhane a surpris des terroristes, neutralisant l’un d’entre eux et détruisant sa moto. Poursuivant cette action, une vaste opération de ratissage a été lancée par le groupement tactique « Acier » dans les environs, en particulier dans certains oueds. Plusieurs ressources ont ainsi été découvertes, révélant la présence d’un point d’approvisionnement GAT comprenant notamment de nombreuses munitions et des motos.
Cette opération menée par le groupement tactique désert « Acier » s’inscrit pleinement dans la dynamique actuelle des opérations de Barkhane, qui repose sur la diminution du potentiel des groupes armés terroristes. Ainsi, les matériels détruits et les armements saisis perturbent significativement leur chaîne d’approvisionnement logistique. Parallèlement, ces opérations de ratissage contribuent aussi à rassurer la population, tout en amenant davantage de sécurité.
Le 13 février, dans le cadre d’une action de recherche de groupes armés terroristes (GAT) dans la région d’Hombori, la force Barkhane a décelé un campement GAT et constaté la présence de nombreux hommes armés. Cette opération résultait d’un long travail de renseignement qui a permis d’accroître la connaissance de cette zone. Au moment opportun, une patrouille de Mirage 2000 et des hélicoptères Tigre ont été engagés conjointement pour neutraliser plusieurs combattants terroristes et détruire une quantité importante de matériel.
La zone d’opération était située dans une région où la force avait déjà opéré à deux reprises. Une première fois en appui des forces armées maliennes (FAMa), le 8 février, une seconde fois le 12 février lorsque la force Barkhane avait détruit un premier campement GAT. Au cours de cette seconde action, une patrouille de Mirage 2000 et une autre patrouille d’hélicoptères Tigre avaient opéré ensemble tandis qu’un drone REAPER assurait la fonction d’air mission commander (voir ci-dessous).
Le 12 février, au cours d’une opération planifiée, la force Barkhane a mis hors de combat plusieurs terroristes et détruit de nombreuses ressources logistiques lors d’une action conduite contre un campement de groupes armés terroristes (GAT) dans la région d’Hombori. Une patrouille de Mirage 2000D et une patrouille d’hélicoptères Tigre ont attaqué successivement le campement terroriste, en présence d’un drone REAPER, qui a assuré la fonction d’air mission commander.
Le drone MQ-9 REAPER est mis en œuvre par un équipage comprenant un pilote, un coordinateur tactique, un opérateur capteur et un interprète « images », déployés sur la base aérienne projetée de Niamey. La France a en effet fait le choix d’opérer ses drones par des personnels projetés en opérations extérieures, au sein des emprises de l’opération Barkhane. De fait, les drones complètent utilement les moyens de la force, sans que leur emploi et leur nature ne diffèrent des autres vecteurs engagés, tant les armements et les procédures mises en œuvre sont identiques.
Si le REAPER a permis de jouer un rôle important dans le domaine de l’observation et du renseignement, son apport principal a été celui de coordinateur de l’attaque. La fonction d’air mission commander consiste en effet à assurer la coordination des éléments en vol. Cela peut comprendre l’élaboration d’un plan de frappes, l’attribution d’objectifs aux différents moyens en vol, mais également la réorientation d’un moyen en cours d’action. D’une manière générale, cette mission peut être assignée à l’équipage d’un avion, d’un hélicoptère, ou encore d’un drone REAPER. Elle est semblable à celle qu’occupe un joint tactical air controller (JTAC) lorsqu’un aéronef vient appuyer des troupes au sol. L’air mission commander reçoit des objectifs à atteindre de la part du centre opération interarmées de la force Barkhane, stationné à N’Djamena, sous le contrôle duquel il reste tout au long de l’action.
Lors de cette mission, s’appuyant sur son vaste rayon d’action et son autonomie, le drone REAPER, par sa double tâche de renseignement et de coordination, a contribué à l’aboutissement d’une campagne de renseignement qui s’inscrivait dans le temps long. Ainsi combinés et coordonnés, l’ensemble des moyens de la force Barkhane participent activement à la diminution du potentiel des groupes armés terroristes et, de fait, à la stabilisation de la situation au bénéfice des populations locales.
ENTRETIEN AVEC LE GÉNÉRAL NAMATA, COMMANDANT LA FORCE CONJOINTE DU G5 SAHEL
Un mois après le sommet de Pau où le président de la République française a demandé à la force Barkhane d’accentuer son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, les efforts se poursuivent. La coordination entre la chaîne de commandement de la force Barkhane et celle des forces partenaires, notamment la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), se renforce. Rencontre avec le général de brigade nigérien Oumarou Namata, commandant la FC-G5S depuis le 13 juillet 2019.
Mon général, quelle est la mission de la FC-G5S ?
Conformément au mandat du conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, la FC-G5S a pour mission de mener des opérations pour contenir la menace terroriste et éradiquer le crime organisé en particulier le trafic de drogue et les trafics d’êtres humains dans l’espace des pays du G5 Sahel, en vue d’y créer un environnement favorable au développement socio-économique. Il faut certainement préciser que c’est une initiative récente pour répondre à un phénomène d’ampleur internationale qui, lui, est largement plus ancien. La FC-G5S est donc relativement bien jeune et est toujours en pleine montée en puissance.
À propos de cette montée en puissance, où en est-elle ?
La FC-G5S agit sur le terrain malgré les difficultés, dont celles liées au manque d’équipements. Elle a à son actif une bonne vingtaine d’opérations ayant permis pour le moins de marquer sa présence et sa détermination à poursuivre la mission et capitaliser d’assez bons résultats. Actuellement, il apparaît clairement que la force n’est pas en reste dans le combat général engagé contre le terrorisme et le crime organisé qui gangrènent l’espace sahélo-saharien. Elle constitue même l’une des alternatives crédibles et déjà disponibles.
Comment qualifieriez-vous l’adversaire ? Quel regard portez-vous sur lui ?
Nous faisons face d’une façon générale à trois types de défis :
Tout d’abord, les groupes armés terroristes (GAT) qui ont proliféré en nombre et en volume. Ils maintiennent la pression sur certaines zones à travers des éléments, des assassinats ciblés et des rackets prenant des formes de collectes forcées, de taxes et de vols massifs de bétail ;
Ensuite, les groupes criminels organisés (GCO) agissant autour des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains qui constituent une menace tout aussi sérieuse et qui sont imbriqués avec les GAT, avec lesquels ils interagissent ;
Enfin, à côté de la menace purement terroriste, la situation sécuritaire est aussi fragilisée par l’exacerbation par endroit des conflits à caractère intercommunautaires et interethniques, le plus souvent instrumentalisés par les divers groupes armés précédemment cités.
Mais il faut certainement le rappeler, l’extrémisme n’est pas l’apanage du Sahel, c’est un phénomène qui fait fi des frontières et qui essaye sournoisement de s’installer là où ses adeptes pensent pouvoir diffuser leurs théories du chaos.
Comment jugez-vous la coopération avec la force Barkhane ?
Pour ce qui est de la FC-G5S, Barkhane est actuellement un partenaire de taille qui l’accompagne et reste décisif dans beaucoup de domaines, permettant de faciliter l’accomplissement de la mission assignée. Pour l’heure, la plupart des réussites actuelles l’ont été grâce à une bonne coordination ou à des actions conjointes avec les armées nationales dont nous complétons les dispositifs, mais aussi avec Barkhane. Cette coopération déjà fonctionnelle en pratique s’est vue confortée par les instructions découlant du récent sommet de Pau, demandant la mise en place d’un mécanisme de commandement conjoint entre la FC-G5S et Barkhane.
Où en est la mise en place de ce mécanisme conjoint entre la FC-G5S et Barkhane ?
Des échanges d’officiers entre les deux forces ont été opérés et les planifications conjointes sont déjà avancées. Un poste de commandement conjoint ad hoc sera largement outillé pour conduire ensemble, de façon synchronisée les différentes actions envisagées. Des officiers provenant des états-majors burkinabé, malien et nigérien ont aussi été associés, pour l’harmonisation des actions avec les forces nationales concourantes.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 132 sorties, parmi lesquelles 35 sorties de chasse, 46 sorties ISR et 51 missions de transport ou de ravitaillement.
MÉDITERRANÉE
En parallèle des opérations aériennes menées par le groupe aéronaval dans le cadre de sa participation à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, des Rafale marine du groupe aérien embarqué se sont entraînés avec des partenaires régionaux et alliés.
Le premier de ces entraînements a ainsi eu lieu le 16 février 2020 avec des Rafale de l’armée de l’Air égyptienne. Dans un scénario à deux contre deux, les aéronefs se sont ainsi affrontés fictivement en alternant des missions de « DCA » (Defensive Counter Air – Défense d’une zone et prise en charge de la menace) et d’« OCA » (Offensive Counter Air – Mission offensive de reprise d’une zone). A plus de 100 nautiques (environ 200 kilomètres) du porte-avions Charles de Gaulle, les deux Rafale Marine étaient ainsi chargés de défendre une zone contre les tentatives d’attaque des deux Rafale égyptiens, avant d’échanger les rôles dans l’après-midi. Un E2-C Hawkeye de l’armée de l’Air égyptienne a également participé à l’exercice, ainsi qu’un Rafale marine supplémentaire chargé de ravitailler en carburant les aéronefs.
Outre le renforcement de la coopération avec nos alliés et partenaires dans la région, ces entraînements tactiques permettent d’harmoniser les procédures techniques de transmission et participent à l’amélioration de notre connaissance mutuelle, autant dans le domaine capacitaire que tactique. La coordination entre les Rafale Marine du groupe aérien embarqué et les aéronefs des autres nations se trouve ainsi renforcée et permet d’accroître notre niveau d’interopérabilité en matière de combat aérien.
Cette capacité à opérer et s’entraîner avec les armées alliées et partenaires de la région démontre le véritable rôle fédérateur du groupe aéronaval constitué autour du porte-avions et de son groupe aérien embarqué. Dans la poursuite de cette démarche de coopération et de connaissance mutuelle, les Rafale marine ont pu mener le 18 février des exercices similaires avec deux Eurofighter Typhoon britanniques. La veille, dix Rafale marine catapultés depuis le porte-avions ont mené, un entraînement mutuel de défense aérienne avec la République de Chypre, entraînant ainsi les pilotes à évoluer en milieu contraint.
Toujours dans le domaine de la coopération, une frégate grecque, le HNS Psara, a intégré le 18 février le groupe aéronaval. Pendant dix jours, elle poursuivra l’action entreprise par la frégate Spetsai qui a accompagné le GAN depuis son départ et jusqu’au 28 janvier dernier. En intégrant le GAN, le HNS Psara complète les capacités de défense de ce dernier et contribue ainsi à approfondir l’interopérabilité franco-hellénique. La frégate transitera avec le GAN de la Méditerranée orientale vers la Méditerranée occidentale avant le passage en Atlantique du porte-avions Charles de Gaulle et de son escorte, l’occasion de réaliser un exercice de défense aérienne d’ampleur avec les moyens aériens grecs.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Les avions français de la base aérienne projetée au Levant et du groupe aéronaval poursuivent leurs missions sur l’ensemble de la zone d’opération, tandis que la Task Force Monsabert poursuit son action au sein du pilier « formation ».
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Du 9 au 13 février 2020, les officiers français de la Task Force Monsabert ont formé leurs homologues irakiens de la 6e division d’infanterie à la tactique générale, afin de perfectionner leur maîtrise du commandement en renforçant leur méthodologie dans l’élaboration des ordres.
Ces cinq jours de formation ont consisté à étudier l’articulation d’un centre opérationnel de niveau bataillon et le rôle de chaque acteur dans la réalisation d’une opération de grande envergure.
Les instructeurs français ont également appris aux Irakiens à coordonner une mission de contrôle de zone et de ratissage consistant à boucler un secteur défini avant d’effectuer des recherches d’individus ou de munitions. L’armée irakienne a régulièrement recours à ce type d’opération dans le cadre de sa lutte contre les groupes terroristes et a ainsi acquis de nouvelles techniques pour renforcer sa capacité à réduire la menace djihadiste.
Les officiers français de la Task Force Monsabert ont par ailleurs veillé à transmettre leurs connaissances en matière d’élaboration des ordres. Dans ce cadre, un exemple de briefing mission a présenté aux stagiaires la finalité recherchée dans toute opération menée par une force armée. Pour conserver une méthodologie écrite de ces savoir-faire, les officiers irakiens, attentifs et très réceptifs aux conseils des instructeurs, se sont vu remettre un mémento traduit en arabe.
Pour ces officiers irakiens, et notamment pour les lieutenants de la 6e division irakienne, ce stage leur a enfin permis de monter en compétences en étudiant les types de missions assurées par leurs supérieurs. Amenés à suppléer parfois leur commandant d’unité ou leur supérieur direct, les stagiaires ont ainsi pu acquérir les connaissances de base nécessaires à assurer temporairement la mission confiée.
Le 15 février, dans le cadre de la montée en puissance du programme de l’A330 « Phénix », un appareil a décollé de la base aérienne 125 d’Istres, en direction de l’Irak. La mission, qui a duré près de quatorze heures, a permis d’effectuer les premiers ravitaillements de l’appareil dans le cadre de l’opération Chammal, et souligne l’engagement français au sein de l’opération Inherent Resolve (OIR). Ce concours d’un appareil A330 au sein de la coalition OIR démontre également les capacités de ce nouvel appareil de l’armée de l’air à évoluer dans un cadre complexe et permet d’éprouver son intégration.
Avion multirôle, le « Phénix » est capable de réaliser des missions de ravitaillement en vol, d’évacuation sanitaire et de transport stratégique tout en permettant d’assurer la permanence de la mission de dissuasion nucléaire. Grâce à ses capacités exceptionnelles, l’aéronef apporte un crédit opérationnel indéniable sur la scène internationale. Il augmente encore l’allonge et l’endurance des avions de chasse et permettra à terme de déployer une force de vingt Rafale à 20 000 km en 48 h. Le Phénix assure ainsi la projection de force de l’armée de l’Air.
Ainsi, après avoir parcouru plus de 3 500 kilomètres depuis Istres, le nouvel avion ravitailleur de l’armée de l’air a pu délivrer plus de 20 tonnes de carburant aux Rafale de la Marine nationale, engagés au Levant pour trois semaines depuis le porte-avions Charles de Gaulle. Ces opérations de ravitaillement en vol ont permis aux appareils du groupe aérien embarqué de réaliser leur mission au-dessus du territoire irakien, au profit de la coalition.
Lors de cette première mission opérationnelle au profit de l’opération Chammal, le « Phénix » s’est parfaitement intégré dans un environnement électronique particulièrement dense, mettant en œuvre ses capacités avancées de communications et de liaisons de données tactiques. En se connectant aux réseaux de la coalition et du groupe aéronaval, l’équipage a pu bénéficier d’une connaissance fine de la situation tactique sur le théâtre, gage de sécurité et de performance opérationnelle.
Cette mission de l’A330 « Phénix » marque ainsi un jalon supplémentaire de sa montée en puissance. Ce vol confirme également la vocation des bases aériennes, véritables outils de combat permettant, depuis le territoire national, des missions en appui des opérations extérieures. Il souligne une nouvelle fois la dualité des moyens de la dissuasion nucléaire aéroportée, au service des opérations aériennes conventionnelles interarmées et interallié.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 56 sorties aériennes.
CORYMBE
Après sept mois, le patrouilleur de haute mer Commandant Bouan a effectué sa deuxième escale à Lagos. Elle a permis d’illustrer une nette progression des actions de coopération entre les Marines française et nigériane.
Pendant six jours, dont deux à la mer, le Commandant Bouan a ainsi dispensé un large panel de formations (secourisme de combat, opération de visite, cyber) aux marins nigérians et conduit plusieurs entraînements (visites croisées, manœuvres aviation, assistance sécurité à la mer). Ces exercices de coopération à la mer, préparés conjointement avec la Nigerian Navy, ont été menés avec la frégate Unity, le patrouilleur N’Guru et un hélicoptère Agusta A109 des forces armées nigérianes.
Bénéficiant d’une Marine bien équipée et autonome dans sa formation, le Nigéria recherche activement de nouveaux partenaires d’entraînement pour interagir dans la région du Golfe de Guinée. La Marine nationale, dont un bâtiment assure une présence quasi permanente dans cette zone depuis 1990, apparaît ainsi pour les cadres nigérians comme un partenaire de premier plan.
La coopération avec le Nigéria ne s’est d’ailleurs pas limitée à des échanges entre militaires. Ainsi, le pacha du Commandant Bouan a dispensé une présentation sur l’application des procédures de rétention et des mesures restrictives et privatives de liberté (MRPL) à bord du bâtiment à une délégation de 24 magistrats encadrés par l’ONU-Drugs and Crimes (ONUDC). Il s’agit d’un thème particulièrement d’actualité au Nigéria, acteur régional principal dans la lutte contre la piraterie et le brigandage dans le golfe de Guinée.
ÉLÉMENTS FRANÇAIS AU GABON
En 2019, les éléments français au Gabon (EFG) ont formé au total 9 455 stagiaires issus des armées partenaires en Afrique centrale. Avec 380 militaires déployés à Libreville, les EFG constituent l’un des deux pôles opérationnels de coopération français sur la façade ouest-africaine, l’autre étant celui des éléments français au Sénégal (EFS).
L’objectif principal de cette coopération est d’accompagner les armées des pays de la communauté économique des États d’Afrique centrale, comptant à ce jour onze états membres, dans le renforcement de leur capacité opérationnelle. Ces armées sont en effet toujours plus sollicitées sur leur territoire national et à l’étranger. Les actions de partenariat conduites par les EFG se traduisent par l’envoi régulier de détachements d’appui opérationnel, constitués de plusieurs instructeurs spécialisés, dans les pays partenaires afin d’y assurer des formations, ou par l’accueil au camp de Gaulle de nombreux stagiaires.
L’un des atouts des EFG réside dans leur capacité à accueillir les détachements des forces armées partenaires pour des formations, à Libreville, sur le site du camp de Gaulle ou directement en forêt, au centre d’entraînement au combat en forêt du Gabon (CEC FOGA), seul lieu dédié à la formation au combat en forêt équatoriale d’Afrique centrale. Cette capacité d’accueil, facilitée par les autorités gabonaises, contribue très largement au dynamisme du pôle opérationnel de coopération et constitue un précieux outil d’intégration régionale. Ainsi en 2019, près de 2 000 stagiaires étrangers issus des autres pays de la sous-région ont reçu une formation au Gabon.
Pour contribuer à la montée en puissance des armées de la sous-région, les EFG s’efforcent d’apporter une réponse adaptée et « sur mesure » à leurs attentes et besoins. Les instructeurs français s’appuient sur leurs expériences récentes (opérations extérieures et sur le territoire national en France) pour délivrer une instruction conforme à la réalité des opérations. Du soutien logistique à la lutte contre les groupes terroristes en passant par la maintenance opérationnelle, le secourisme au combat ou le contrôle de zone maritime ou fluviale, l’offre de formation ne cesse d’évoluer afin de répondre aux exigences des pays partenaires.
En 2019, les actions de formation se sont concentrées sur le personnel officier et sous-officier. Les EFG privilégient la logique de formation de formateurs qui permet d’aller vers l’autosuffisance des forces armées partenaires dans la transmission des savoirs.
Dans cet esprit, les EFG ont multiplié les actions de formation au profit des états-majors des armées de la sous-région. En fournissant un appui régulier à l’école d’état-major de Libreville par le biais de formations ciblées dans les diverses spécialités détenues par les officiers des EFG, mais aussi en rassemblant au camp de Gaulle des officiers des pays partenaires pour des formations d’état-major suivies d’exercices en commun ou en se rendant directement dans les pays demandeurs afin d’y conduire des actions de formation spécifiques.
Enfin, en 2019, afin de renforcer de façon temporaire le Groupement de coopération opérationnelle (GCO/6e bataillon d’infanterie de Marine) des EFG, un GT PMO (groupement tactique/partenariat militaire opérationnel) composé de 158 militaires a été déployé en République centrafricaine à compter de fin avril, notamment à Bouar, pour participer à la reconstruction des forces armées centrafricaines (FACA).
En coopération directe avec le détachement d’appui opérationnel stationné à Bangui et en complément de l’EUTM-RCA, le GT PMO, organisé en quatre détachements homogènes indépendants renforcés par un détachement d’experts, a formé les quinze instructeurs du centre d’instruction de Bouar (CIB) puis a participé à l’incorporation des nouvelles recrues FACA en appui d’EUTM (environ 500 soldats).
Ces formations « sur mesure », adaptées aux besoins des FACA, dans des domaines particuliers comme le soutien sanitaire, la formation de la prévôté, la formation dans le domaine de la gestion de munitions, illustrent la coopération opérationnelle développée par les armées françaises au profit de leurs partenaires centrafricains, à laquelle contribue directement le GT PMO.
Les EFG s’inscrivent dans la continuité de l’action des armées françaises en République centrafricaine depuis la fin de l’opération SANGARIS en octobre 2016, en appuyant régulièrement la MINUSCA dans les actions de formations. L’opérationnalisation des FACA est une des priorités des EFG.
En 2020, la demande en formation dans la zone de responsabilité des EFG augmentera encore. L’objectif pour les EFG est donc de maintenir le même niveau d’exigence concernant la qualité des instructions et de répondre au plus juste aux problématiques et aux attentes des pays partenaires.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense