Point de situation des opérations du 12 au 19 mars.
Dès le mercredi 18 mars, les armées ont déployé le MOdule de Réanimation pour Patient à Haute Élongation d’Évacuation (MORPHEE), en alerte sur la base aérienne d’Istres, sur un A330 Phénix de l’armée de l’Air. Ce véritable « service de réanimation volant » a ainsi permis de transférer six patients entre l’hôpital de Mulhouse, situé dans une zone saturée, et les Hôpitaux d’instruction des Armées (HIA) Laveran, à Marseille, et Sainte-Anne, à Toulon, dans des conditions de prise en charge adaptées.
MORPHEE est mis en œuvre par une équipe pouvant aller jusqu’à 24 personnes : 6 à 12 membres d’équipage en fonction de l’élongation, et douze membres du Service de santé des armées (SSA) pour la prise en charge des blessés, membres soignants qui peuvent être renforcés selon les besoins de certains patients. Il est destiné aux patients nécessitant des soins intensifs (sous oxygénothérapie et monitorage constant).
MORPHEE reste en alerte, et pourra continuer à participer au transfert des personnes gravement atteintes depuis les hôpitaux métropolitains les plus saturés pour faciliter leur prise en charge dans des structures plus libres, en lien avec la Direction générale de la Santé.
De plus, le Service de santé des armées avec le soutien de l’armée de Terre va créer et mettre à disposition un Élément Militaire de Réanimation du SSA (EMR-SSA), qui est une structure médicale modulaire sous tente, d’une capacité de 30 lits de réanimation, qui permettra la prise en charge de patients COVID-19. En coordination avec la Direction Générale de la Santé, ce module va être déployé dans les prochains jours à proximité de l’hôpital de Mulhouse.
L’Élément Militaire de Réanimation est une capacité spécifique du régiment médical (RMED) de La Valbonne. Il va être armé par du personnel de ce régiment et du service de santé des armées, qui va être projeté dans un premier temps à Chanteau (près d’Orléans) auprès de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) pour procéder à la préparation de l’infrastructure.
L’EMR qui va être déployé à proximité de l’hôpital de Mulhouse est une structure qui n’existe pas en tant que telle dans les armées. Elle va être créée à partir des éléments qui sont normalement maintenus en réserve pour constituer les antennes médico-chirurgicales en opérations extérieures, pour des actes de soins lourds qui nécessitent une configuration différente de ces matériels. La constitution de cet EMR consiste donc à récupérer le matériel là où il est stocké pour les opérations extérieures, le reconfigurer, et surtout définir, mettre en place et tester la structure d’accueil de ces modules, pour un cas très particulier qui consiste à gérer des patients atteints d’une pathologie grave et extrêmement contagieuse.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
La force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma et concentre son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, en particulier contre l’état islamique au grand Sahara dans la région dite « des trois frontières ».
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le 12 mars, la force Barkhane est intervenue dans le secteur d’Ayorou pour appuyer un poste de la garde nationale attaqué par un groupe armé terroriste.
Alors que les forces de sécurité nigériennes repoussaient l’attaque, la force Barkhane, rapidement alertée par les forces armées nigériennes, a mené une opération aérienne impliquant des Mirage 2000 et un drone Reaper qui ont rapidement localisé les auteurs terroristes. Deux frappes ont été réalisées. Au bilan plus d’une vingtaine de terroristes ont été neutralisés et plus d’une dizaine de motos détruites.
Ø Comité de direction « 3D » à Bamako
En coordination avec la force Barkhane, les forces armées nigériennes ont effectué une reconnaissance des sites, confirmant que le groupe armé terroriste responsable de l’attaque avait été durement touché.
La stratégie sahélienne de la France vise à ce que les États partenaires acquièrent la capacité d’assurer de façon autonome les défis qui leur sont posés. Elle repose sur une approche globale (politique, sécuritaire et de développement) dont le volet militaire est porté par l’opération Barkhane, conduite par les armées françaises.
Dans ce cadre, les 9 et 10 mars à Bamako, le général de division Pascal Facon, commandant la force (COMANFOR) Barkhane a participé au « comité directeur 3D » au Sahel : 3D pour Diplomatie, Défense et Développement, 3 dimensions qui sont au cœur des enjeux sahéliens et de la stratégie de résolution de crise. Il a présenté, au sein de cette instance, l’action de la force Barkhane, volet militaire de l’action de la France au Sahel.
Cette rencontre était placée sous le pilotage conjoint de l’ambassade de France, de Barkhane et de l’agence française de développement (AFD). Il s’agissait du 6e comité directeur organisé depuis le lancement de cette instance en octobre 2018, et du premier organisé depuis le sommet de Pau, ce qui lui conférait une dimension particulière.
Pour rappel, 4 grands piliers structurant l’action ont été identifiés lors du sommet de Pau : le combat contre le terrorisme, le renforcement des capacités militaires des pays du G5 Sahel, l’appui au retour de l’Etat et des administrations, et l’aide au développement.
La force Barkhane agit pleinement dans le premier pilier en concentrant ses efforts militaires sur la région des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), en ciblant en priorité l’État islamique au grand Sahara (EIGS) et en accentuant la coordination entre les forces opérant dans la région. Elle concourt également aux autres piliers portés par les autres acteurs.
La première partie de ce comité directeur s’est déroulée entre les membres de l’équipe France. Elle a permis de réaliser un point sur la situation politique, militaire et de développement en lien avec les conclusions du sommet de Pau, mais également d’affiner l’approche territoriale globale de l’équipe France afin de mieux coordonner les actions 3D.
Le COMANFOR, pour sa part, a notamment présenté une information actualisée de la situation sécuritaire sur le terrain ainsi que les perspectives d’évolutions possibles. Il a rappelé comment le volet militaire de l’action de la France était porté par l’opération Barkhane, avec le concours et le soutien de partenaires internationaux. Sur le plan de l’aide aux populations, pilier 4 porté notamment par l’Alliance Sahel[1] et l’AFD, le COMANFOR a rappelé comment la force Barkhane agissait en soutien de ces acteurs impliqués sur le théâtre, en cherchant à créer un écosystème favorable aux projets de développement.
Pour la première fois, ce comité directeur a intégré une session ouverte aux partenaires internationaux, associant la MINUSMa et les membres de l’Alliance Sahel, afin de leur présenter les avancées de cette approche Diplomatie – défense – développement au Mali.
Cette seconde réunion était présidée par les porte-parole de l’Alliance Sahel au Mali : l’ambassadeur des Pays-Bas et la banque mondiale. Un focus particulier sur les régions du centre, de Kidal, de Ménaka et de Gao a été fait. À ce titre, les acteurs de l’équipe France ont présenté et partagé avec les partenaires internationaux l’action 3D de la France. Par la suite, les membres du comité ont pu échanger sur l’approche territoriale et définir une stratégie conjointe qui reposera sur la superposition des cartes sécuritaires et des projets de développement.
Le général de division Pascal Facon, commandant la force (COMANFOR) Barkhane a participé le 12 mars à Bamako à l’instance de coordination au Mali (ICM) , organisée et présidée par la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMa). Cette instance réunissait les grands commandeurs des forces et missions opérant au Sahel.
L’ICM vise à favoriser la synchronisation des plans des différentes forces ou missions. Elle s’inscrit donc dans le souhait, réaffirmé au sommet de Pau, d’accroître les efforts de coordination mis en œuvre dans les initiatives et les opérations au Sahel.
Le général de division N’Diaye, adjoint au commandant de la force de la MINUSMa, le général de division Coulibaly, chef d’état-major général des armées des forces armées maliennes (FAMa), le COMANFOR Barkhane, le général Namata, commandant de la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) et le général Ribeiro, commandant de la mission EUTM, se sont ainsi réunis pour faire un point des avancées réalisées dans les opérations militaires et la formation. Chaque commandeur a ainsi pu présenter sa vision à moyen terme et partager son analyse de la situation actuelle.
Un point particulier a été fait sur la coopération entre la force Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) à la suite de la création récente du mécanisme de commandement conjoint (MCC) et l’atteinte de sa pleine capacité opérationnelle vendredi 13 mars. Le MCC permet désormais d’uniformiser la perception de la situation tactique des deux forces sahéliennes, de fluidifier leurs échanges d’informations, et de synchroniser leurs actions, favorisant l’obtention de meilleurs résultats opérationnels.
Au cours de cette instance, le colonel major Sanogo, sous-chef des opérations de l’état-major général des armées maliennes, a présenté le plan Maliko. Ce plan ambitieux coordonné par le ministre de la Défense et des anciens Combattants malien bénéficie du concourt des autres ministères et services de l’État. Il regroupe un ensemble de mesures qui permettra d’une part de réformer les FAMa pour les rendre plus efficaces et d’autre part de restaurer de manière durable l’autorité de l’état à travers le pays, en favorisant la restauration des administrations et des différents services étatiques.
À l’issue de cette réunion, le COMANFOR Barkhane s’est félicité des opérations conduites par la MINUSMa, en particulier le long du fleuve Niger dans le Liptako-Gourma, ainsi que de l’action de formation de l’EUTM réalisée auprès du futur poste de commandement interarmées de théâtre de la FC-G5S de Bamako.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 105 sorties, parmi lesquelles 34 sorties de chasse, 33 sorties ISR et 38 missions de transport ou de ravitaillement.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 19 sorties aériennes.
ATLANTIQUE, MANCHE et MER DU NORD
LE GAN ENTRE EN MER DU NORD ET POURSUIT SA MISSION OPÉRATIONNELLE AU PROFIT DE LA SÉCURITÉ EUROPÉENNE
Près de deux mois après le départ de la mission Foch de Toulon, le groupe aéronaval constitué en Task Force 473 a fait escale à Brest, ville qui a vu naître le porte-avions Charles de Gaulle.
Après quatre semaines en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération Inherent Resolve/Chammal de lutte contre le terrorisme, et 17 jours de patrouille opérationnelle en Méditerranée centrale au cours desquels le GAN a coopéré avec ses alliés grecs et américains, le porte-avions et son escorte ont franchi le détroit de Gibraltar pour entamer une nouvelle phase opérationnelle de la mission Foch en Atlantique.
Le groupe aéronaval contribue en Atlantique à la défense européenne et à la sécurité collective par la maîtrise de l’espace aéromaritime. Par sa présence, il renforce la capacité d’appréciation de situation régionale, en lien avec ses alliés.
Le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme, les frégates multimissions (FREMM) Bretagne et Normandie, la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul, la frégate allemande Lübeck, la frégate belge Léopold 1er, la frégate espagnole Blas de Lezo et la frégate portugaise Corte Real, ont effectué une relâche opérationnelle de deux jours dans le port militaire de Brest. Cet arrêt, nécessaire pour la poursuite de la mission, a permis de ravitailler en vivres et en carburant les bâtiments du GAN, de réaliser des opérations de maintenance technique et d’effectuer les mouvements logistiques nécessaires à la continuité de la mission. Le sous-marin qui participe à l’escorte du porte-avions assurait quant à lui, en mer, la surveillance des approches nationales pour permettre au GAN d’appareiller lundi en sécurité.
Il s’agissait de la première escale du porte-avions Charles de Gaulle à Brest depuis 10 ans.
Entré en mer du Nord dans la nuit du 16 au 17 mars, le GAN poursuit sa mission en mer du Nord où il entretient la coopération opérationnelle avec les marines alliées et contribuer activement à la protection des approches maritimes et territoriales européennes.
Avant son arrivée en escale, le GAN a procédé dans la nuit du 12 mars à un exercice de tir d’un missile MISTRAL, partie intégrante du système d’autodéfense surface-air à courte portée du porte-avions Charles de Gaulle. Objectif de l’exercice : entraîner les opérateurs et le bâtiment à riposter, dans des conditions proches du réel, contre une menace directe sur le porte-avions.
Au sein du Central Opération, les marins concentrés ont suivi une attaque aérienne simulée par une cible, tractée par un aéronef. La cible simule un missile ennemi qu’il faut détecter, suivre avant de procéder au tir, à partir d’un lanceur SADRAL.
L’exercice s’est déroulé avec succès, le missile MISTRAL ayant été tiré aussitôt la piste détectée et identifiée comme menace. La destruction de ce missile, simulé, illustre la capacité du porte-avions à protéger son espace vital face à ce type de menace.
Le porte-avions Charles de Gaulle est équipé de 12 missiles MISTRAL, disposés sur 2 lanceurs SADRAL. Ils constituent une partie complémentaire des capacités d’autodéfense du porte-avions avec les missiles ASTER. Ensemble, et associés aux capacités de la frégate de défense antiaérienne (FDA) qui escorte le GAN, ils protègent le porte-avions sur 360° et assurent une bulle de sécurité contre toute menace surface-air.
Mardi 17 mars, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) qui escorte le GAN pendant la mission Foch s’est livré à un exercice de type « linkex » avec un avion E2C-Hawkeye du groupe aérien embarqué (GAé) à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Doté de capteurs très performants, le SNA a identifié et localisé une menace fictive en mer. En revenant à l’immersion périscopique, le sous-marin a ensuite transmis par liaison de données tactiques L11 l’information, en temps réel, à l’avion Hawkeye alors en vol dans la zone. Capable de suivre plus de 1 500 pistes et de transmettre cette information à une portée de près de 200 nautiques, le Hawkeye a joué pleinement son rôle de contrôleur en relayant les informations recueillies aux Rafale marine qui se sont ensuite rendus, depuis le porte-avions Charles de Gaulle, sur l’objectif identifié par le sous-marin. Lors de l’exercice, ce sont plus de 100 pistes qui ont été envoyées à l’E2C-Hawkeye, alors situé à 150 nautiques du SNA. Cette formidable agrégation de moyens fait du GAN un outil puissant et efficace, démultiplicateur de capacités, disposant d’une appréciation autonome de situation et d’intervention rapide, proportionnée et graduée.
MISSION JEANNE D’ARC
LE GROUPE JEANNE D’ARC INTÈGRE LA CTF150
Le 15 mars, le groupe Jeanne d’Arc 2020, constitué du porte-hélicoptères amphibie Mistral et de la frégate de type La Fayette Guépratte, a intégré la Combined Task Force 150 (CTF150) en soutien direct. La CTF150 lutte en Océan Indien contre les trafics illicites qui alimentent le terrorisme. Cette opération multinationale participe également au maintien de la sécurité et de la sureté maritime dans le golfe d’Aden et en mer d’Arabie depuis 2011.
Le TG a patrouillé dans la zone du golfe du Yemen pour identifier et localiser les bâtiments suspectés de trafic illicites. Cette contribution a permis d’améliorer sensiblement la connaissance des modes d’actions des trafiquants, en améliorant la connaissance des flux maritimes de la zone, et ainsi notre capacité à identifier plus facilement leurs comportements caractéristiques.
Dans ce cadre également, le TG a profité de la présence de nombreux autres bâtiments alliés pour conduire des « PASSEX », entrainements communs permettant d’améliorer notre interopérabilité et connaissance mutuelle. A ce titre, le mardi 17 mars, le Guépratte a conduit un « PASSEX » avec la marine australienne également présente dans la zone. Le Mistral quant à lui s’est entrainé au côté d’une frégate Japonaise, le mercredi 18 mars, en effectuant notamment des manœuvres d’évolution tactiques, des exercices de tirs et des appontages croisés d’aéronefs d’un bâtiment à un au
[1] En juillet 2017, La France, l’Allemagne et l’Union Européenne, accompagné de la Banque africaine de développement et du Programme des Nations Unies pour le développement ont lancé l’Alliance Sahel, une plate-forme de coopération internationale pour intervenir davantage et mieux au Sahel. Elle finance et coordonne avec les pays du G5 Sahel plus de 730 projets.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense