Point de situation des opérations du 01 au 07 mai.
TERRITOIRE NATIONAL – OPÉRATION RÉSILIENCE
Lancée le 25 mars 2020, l’opération « Résilience » constitue la contribution des armées à l’engagement interministériel contre la propagation du Covid-19. Elle est centrée sur l’aide et le soutien aux populations ainsi que sur l’appui aux services publics pour faire face à cette épidémie, en métropole et outre-mer, dans les domaines de la santé, de la logistique et de la protection. Les armées s’engagent dans l’ensemble des secteurs où elles peuvent apporter un soutien aux autorités civiles, en adaptant leurs actions aux contextes locaux et dans le cadre d’un dialogue avec les autorités de l’État.
SITUATION HEBDOMADAIRE
En complément de ce qu’accomplit déjà le personnel médical des établissements militaires du Service de santé des armées (SSA), les armées ont participé activement au désengorgement des zones les plus lourdement frappées par le coronavirus, à travers l’Élément Militaire de Réanimation (EMR-SSA) à Mulhouse, mais aussi par des opérations de transfert mobilisant les moyens des trois armées.
Compte tenu de la géographie particulière du territoire, la préfecture a adressé aux Forces Armées de Guyane (FAG) plusieurs demandes de concours d’aérotransport de patients Covid-19. Dernièrement, le 28 avril 2020 les FAG ont assuré le transport médical de huit patients par le biais d’un hélicoptère PUMA.
Les armées poursuivent par ailleurs de la mise en place d’unités d’appui sanitaire, entités détachées au profit d’hôpitaux afin de soutenir leur fonctionnement général dans les domaines du transport, de la manutention et de l’organisation. Elles peuvent également participer à la protection du site. Ainsi, à la demande de la délégation du Var de l’ARS de la région PACA, une UAS formée par le 54ème régiment d’artillerie de Hyères est déployée depuis le lundi 4 mai au profit du centre hospitalier et deux EHPAD de la ville.
Les militaires de l’opération Résilience apportent également leur concours aux autorités civiles dans le domaine logistique, via le transport de fret aérien, terrestre, ou maritime, la mise à disposition d’emprises, ou l’affectation d’experts logistiques auprès des autorités civiles et sanitaires pour les appuyer dans ce domaine clé de la lutte contre le coronavirus.
Les armées ont pris une part active dans les opérations de stockage et d’acheminement des équipements sanitaires, notamment des masques, et du gel hydroalcoolique.
Le transport de fret alimentaire et de matériels à destination de Mayotte se poursuit toujours dans le cadre de l’opération Résilience. Après la livraison de plusieurs centaines de tonnes de chargement grâce au Mistral, Champlain, Astrolabe et Malin, le Mistral effectue une deuxième liaison maritime vers Mayotte avec, à son bord, près de 575 tonnes de fret.
Arrivé le samedi 25 avril 2020 en Polynésie française, l’A400M Atlas a effectué ses premières missions de reconnaissance des pistes et de transport de fret dans les archipels de la zone les 29 et 30 avril 2020. Il a par ailleurs participé au rapatriment d’une vingtaine de ressortissants depuis la Nouvelle-Zélande le 5 mai.
L’Armée a été déployée pour apporter un soutien logistique à la Croix-Rouge à Vesoul et participer à la livraison de colis alimentaires à Charleville-Mézières. Parallèlement, elle s’est mobilisée pour fournir et monter 40 mètres d’abris afin de permettre à l’association des « restos du cœur » de distribuer des aides alimentaires.
Le 121e régiment du train et quatre porteurs polyvalents terrestres ont été mobilisés pour transporter 22 palettes de gaines en polyéthylène dans la finalité de confectionner des surblouses à destination du personnel soignant de la région Normandie.
Les militaires de l’opération Résilience peuvent assurer la protection de sites sensibles militaires et civils, ainsi que des missions de surveillance et de présence dissuasive en appui des forces de sécurité intérieure. Les missions de protection de sites de production et de stockage de produits sanitaires sensibles se poursuivent, de façon autonome ou en appui des forces de sécurité intérieure, en métropole et outre-mer.
BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
La force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma et concentre son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes dans la région dite « des trois frontières ».
L’actualité est tristement marquée par la mort en opération de deux légionnaires du 1er régiment étranger de Carpiagne, le brigadier Dmytro Ma et le 1ère classe Kévin Clément, lors de deux actions distinctes d’une même opération d’ampleur conduite par la force Barkhane contre les groupes armés terroristes dans le Liptako malien.
Le 23 avril, en fin d’après-midi, le camion-citerne militaire dans lequel se trouvait le brigadier Martynyouk a été atteint par un engin explosif improvisé. Le conducteur et le chef de bord du véhicule ont immédiatement été pris en charge par l’équipe médicale déployée à leurs côtés, tandis qu’un hélicoptère Caïman, escorté d’un hélicoptère Tigre, ont été engagés pour assurer leur évacuation sanitaire vers l’antenne chirurgicale de la base de Gao. Les deux militaires ont été évacués vers la métropole le 24 avril afin de pouvoir bénéficier des soins appropriés. Le brigadier Dmytro Martynyouk est décédé le 1er mai des suites de ses blessures. Son camarade est toujours hospitalisé, dans un état stable.
Le légionnaire de 1ère classe Kévin Clément est mort au combat le 4 mai. En milieu de matinée, son sous-groupement tactique désert, engagé dans une action de harcèlement zonal et de ratissage contre les groupes armés terroristes, a décelé plusieurs ennemis. Prise à partie à courte distance, l’unité de tête a riposté et a mis hors de combat deux djihadistes.
Au cours de cette action de feu, le 1ère classe Kévin Clément, embarqué à bord d’un véhicule blindé léger, a été grièvement blessé par un tir ennemi. Immédiatement pris en charge par l’équipe médicale déployée au sein de l’unité, il a été évacué par hélicoptère vers l’antenne chirurgicale de Gao, où son décès a été constaté.
Un drone Reaper a immédiatement été engagé pour contribuer à la sécurisation de l’unité, et a permis de constater que le sous-groupement tactique avait été engagé dans un combat de rencontre avec des éléments terroristes isolés.
Les armées saluent la mémoire de ces militaires morts pour la France, et expriment leurs condoléances envers leurs familles et frères d’armes.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Du 10 au 29 avril, le Groupement Tactique Désert Aérocombat (GTD-A) « Hombori », appuyé par le Groupement Renseignement Multi-capteurs (GRM), a conduit avec les commandos montagne du sous-groupement « Spartan » une vaste opération de harcèlement des Groupes Armés Terroristes (GAT) dans le Liptako malien dans la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger).
Le Sous-Groupement Commandos Montagne (SGCM) « Spartan » est la prolongation, à terre, de l’action du GTD-A avec ses hélicoptères français, britanniques et danois. Dès lors qu’il est nécessaire de poursuivre l’action au sol, les commandos passent à l’action. C’est bien la combinaison des capacités qui permet au GTD-A de produire sa pleine efficacité pendant ses opérations.
L’opération comportait trois temps distincts : une phase d’acquisition et de consolidation du renseignement, une phase d’analyse, et une séquence de valorisation des objectifs avec des actions préparées.
Face à des GAT évitant le contact, l’action combinée du GTD-A, des commandos et du GRM, aura permis de collecter des renseignements précieux et d’obliger l’ennemi à se dévoiler hors de ses zones refuges, permettant ainsi de le frapper depuis les airs avec l’appui des drones et des avions de chasse. Au cours de cette opération, plusieurs terroristes ont été mis hors de combat, une dizaine de motos ont été détruites, de même que des armes et des munitions. Plus que jamais, Barkhane maintient une forte pression sur les GAT dans la région des trois frontières.
Poursuivant ses efforts dans la lutte contre les groupes armés terroristes de la bande sahélo-saharienne, Barkhane a conduit une opération ayant abouti à la neutralisation de plusieurs terroristes, à la destruction de véhicules à moteur (pick-up et motos) ainsi qu’à la saisie d’armes légères et de matériel de téléphonie, au cours de la nuit du 27 au 28 avril 2020, à 40 km au Nord de Gorom Gorom au Burkina Faso.
Cette action de neutralisation qui a mobilisé un module héliporté et des commandos au sol s’est déroulée en zone frontalière dans la province de l’Oudalan, où sévit le groupe armé terroriste EIGS.
Cette action de la force Barkhane porte un nouveau coup sévère à l’EIGS au Burkina Faso qui voit sa liberté d’action et sa capacité de nuisance réduite.
Le 19 avril 2020, l’équipe de coopération civilo-militaire (CIMIC) du Groupement Tactique Désert (GTD) « Centurion », de l’opération Barkhane, a finalisé la rénovation de trois puits de Kidal, chantiers initiés au début du mois de mars 2020.
Les seuls points d’accès à l’eau de ces quartiers de la ville de Kidal avaient été vandalisés, leurs pompes et panneaux solaires volés, obligeant les habitants à acheter de l’eau livrée en bidons. L’aide de Barkhane a donc consisté en l’installation de nouveaux panneaux solaires, disposés à des hauteurs dissuadant des vols, de pompes à eau solidement cadenassées, ainsi qu’en la rénovation des châteaux de stockage d’eau.
Dans le respect des mesures barrières appliqués contre la propagation du COVID-19, Barkhane fût représentée à la cérémonie d’inauguration de ces puits.
En saison sèche, les puits sont de véritables forums dans la région aride de Kidal. S’y côtoient populations nomades et sédentaires, favorisant ainsi le développement, les échanges. Tout en favorisant l’acceptation de la force, les aides que Barkhane apporte aux populations visent à consolider durablement les gains de la sécurisation qu’elle a entrepris, dans sa zone d’opération et de créer ainsi les conditions nécessaires au retour à une vie normale, sur le long terme.
Les avions de la force Barkhane ont réalisé 90 sorties, parmi lesquelles 25 sorties chasse, 34 sorties ISR et 31 missions de transport ou de ravitaillement.
OTAN
Enhanced Air Policy 2020
Les chasseurs français de l’Armée de l’air, actuellement déployés en Estonie dans le cadre de la mission eAP, ont réalisé leur premier exercice multinational mercredi 6 mai, aux côtés de leurs homologues finlandais et suédois.
Trois Mirage 2000-5 ont débuté leur entraînement ce matin, accompagnés par quatre F/A-18C finlandais. Durant un vol de deux heures environ, ils ont survolé la Finlande et se sont entraînés au combat. Dans l’après-midi, ce sont six JAS-39 Gripen C suédois qui ont participé au même exercice aux côtés de chasseurs français.
Ces vols ont pu se dérouler dans le cadre du protocole « Finish Swedish Training Exercise » (FSTE). La Finlande et la Suède ne faisant pas partie de l’OTAN, ce protocole permet aux nations engagées dans l’opération « Baltic Air Policing » (BAP) et « enhanced Air Policing » (eAP) de s’entraîner avec les deux pays nordiques après avoir été préalablement désarmés. Cet exercice est une opportunité de renforcer l’interopérabilité entre nations européennes et se reproduira durant le mandat français en Estonie.
UNION EUROPÉENNE
Le 4 mai, la frégate anti-aérienne (FAA) Jean Bart a été déployée en Méditerranée centrale au profit de l’opération de l’Union européenne EUNAVFORMED IRINI. Lancée le 31 mars 2020, l’objectif principal de cette mission de prévention est de contribuer à l’application de la résolution de 2016 des Nations unies relative à l’embargo sur les armes à destination de la Libye (RCSNU 2292).
Pendant trois semaines, le bâtiment français patrouillera en Méditerranée centrale. Grâce à ses capacités importantes en matière de détection et de veille, notamment aérienne, la FAA Jean Bart contribuera à l’effort européen pour réduire les facteurs d’instabilité dans la région.
Quelques jours plus tôt, la frégate légère furtive (FLF) Aconit avait précédé le Jean Bart dans la zone alors qu’elle faisait route vers la Méditerranée orientale.
Sensible aux risques que les trafics humains, pétroliers et d’armement générés par crise libyenne font peser sur la stabilité régionale, la France s’est engagée dès 2015 avec ses partenaires européens dans l’opération de l’Union européenne de lutte contre le trafic de migrants en mer Méditerranée, baptisée EUNAVFORMED SOPHIA. En 2020, dans le contexte de la fin de l’opération EUNAVFORMED SOPHIA, la France poursuit donc son engagement aux côtés de ses partenaires de l’Union européenne dans le cadre de l’opération EUNAVFORMED IRINI.
FORCES ARMÉES EN GUYANE
Le 27 avril, renseignés par la population locale sur la présence d’une barge dans la région d’Enfant Perdu, au Nord de Maripasoula et non loin de Papaïchton, les marsouins du 9e de Marine, la gendarmerie de Guyane et le PAG sont intervenus pour mettre fin à l’activité d’orpaillage illégal sur le fleuve Maroni. Après un déplacement en pirogue de 3 h 30 depuis Maripasoula puis une approche discrète, la patrouille conjointe a découvert la barge abandonnée par les orpailleurs clandestins. A son bord, de nombreux matériels nécessaires à l’extraction aurifère illégale ont été découverts. Pendant près de 2 heures, la force Harpie s’est attelée à détruire l’intégralité de cette barge de 10 m de long sur 5 m de large, à la tronçonneuse et à la masse, la démantelant et la rendant inutilisable par les garimpeiros.
Cela fait plus de 15 ans que les barges d’orpaillage, qui permettent l’extraction d’or directement sur le fleuve, sont interdites sur le territoire français. Relié à une barge flottante, un plongeur équipé d’un tuyau d’aspiration brasse les fonds du fleuve pour aspirer les graviers et le sable. Le mélange aspiré, qui contient les paillettes d’or, est ensuite passé sur une table de levée équipée d’un tapis spécifique qui retient les particules les plus denses, dont l’or. Les grains de sable et l’argile, plus légers, retournent dans le fleuve. Ce mode d’orpaillage est dangereux pour l’environnement et les populations du fleuve. Il remue les cours d’eau et créé de nouveaux bancs de sable subaquatiques pouvant perturber le cycle de l’eau et fragiliser les rives du fleuve. En parallèle, pour amalgamer les paillettes d’or, les orpailleurs illégaux utilisent du mercure. Particulièrement toxique, cette méthode artisanale approximative laisse s’écouler alors le mercure non amalgamé dans l’eau. Puis à l’occasion du premier processus de séparation de l’or avec le mercure par chauffage, la partie évaporée qui est perdue se reverse dans le fleuve, polluant la faune et la flore locale.
L’opération menée a permis de contenir l’activité illégale des garimpeiros sur le fleuve en détruisant leur moyen de travail. Un corps de pompe, une table de levée, un compresseur, un moteur 3 cylindres, 80L de carburant et 7 combinaisons de plongée ont également été détruits sur place. Régulièrement engagés dans des actions sur le fleuve ou dans la forêt équatoriale, les militaires du 9e RIMa sont des combattants aguerris, formés à la vie en jungle et aux techniques de combat en forêt. Chaque jour, ils luttent aux côtés des forces de sécurité intérieure contre l’orpaillage illégal.
FFEAU
Déployé depuis deux mois dans le cadre de l’opération AGENOR, volet militaire de la mission European-led Maritime Awarness in the Straight of Hormuz (EMASoH), l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 a efficacement contribué à renforcer l’appréciation de situation régionale.
Ce premier détachement dans le ciel du détroit d’Ormuz complète celui déployé à la mer avec la frégate de défense aérienne Forbin et le bâtiment néerlandais HLMS De Ruyter. L’engagement de ces différentes capacités et la coopération européenne mise en œuvre permettent de mener des actions de reconnaissance et de surveillance maritime utiles à l’appréciation de situation dans une zone qui demeure sensible. Ainsi, les vols effectués par ce premier détachement de l’ATL2 ont permis d’établir une cartographie de l’activité maritime de la zone et de mieux comprendre les comportements de chaque acteur régional, au profit de la sécurité des bâtiments qui y transitent.
CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération Chammal se poursuit, et les armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
En complément des mesures barrières qui s’appliquent à tout militaire projeté en opération, le commandant de la BAP a mis en place un sas garantissant la distanciation entre les personnes déployées ou en transit sur la BAP, et les militaires déjà présents sur le site, pour éviter toute mise en danger de la force.
La création du sas a été décidée mi-mars en application des consignes jordaniennes. Il a été monté en quelques jours et a servi la première fois pour les personnels qui ont quitté l’Irak fin mars.
Il s’agit d’une zone accolée à la zone vie, mais séparée d’elle par un grillage, afin de prémunir tout contact avec le personnel de la base. Les militaires arrivant sont testés à leur descente d’avion conformément à un protocole médical franco-jordanien. Ils sont ensuite acheminés dans cette zone et y restent confinés pendant le temps de leur transit, ou pendant une période de 14 jours pour les relèves montantes.
Le sas est constitué de 4 zones isolées et indépendantes de 24 places chacune. 3 zones sont dédiées au personnel arrivant et une zone est destinée à accueillir les éventuels cas positifs qui seraient identifiés. Chaque zone dispose d’un bloc sanitaire dédié (WC, douches, machines à laver). Les repas sont préparés individuellement, mis dans des boîtes et déposés à l’entrée de la zone à heure fixe. Les occupants récupèrent ensuite leur repas. Les déchets sont conditionnés dans des sacs poubelles et déposés dans une zone spécifique. Sur le plan médical, la température du personnel est testée deux fois par jour, matin et soir.
Les personnels ont à disposition des postes de travail reliés au réseau et peuvent visionner une version numérique du briefing d’arrivée leur permettant d’appréhender au mieux le début de leur mission. Le maintien du lien avec leurs proches est pris en compte avec la mise à disposition d’un accès internet.
Les aéronefs français basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération Chammal ont réalisé 14 sorties aériennes.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA