Visite bilatérale du CEMA en Lettonie et en Estonie
Le 21 et le 22 juin 2016, le général d’armée Pierre de Villiers s’est rendu en Lettonie puis en Estonie à l’occasion de visites bilatérales.
Cette visite, au cours de laquelle il a été reçu par les plus hautes autorités politiques et militaires, lui a donné l’occasion de présenter un retour d’expérience sur les engagements de l’armée française au Levant et dans la bande sahélo-saharienne. Il a par ailleurs livré son appréciation de situation sur la menace terroriste sur les flancs sud de l’Europe et de l’OTAN
Le chef d’état-major des armées a également profité de cette visite pour remercier ses hôtes pour leur réponse rapide à l’appel du président de la République après les attentats de novembre 2015. La Lettonie, l’Estonie font en effet partie des premiers pays européens à avoir renforcé l’appui fourni aux forces françaises au titre de la clause de solidarité européenne (article 42.7). Il a également souligné l’importance de leur participation aux opérations internationales, sous l’égide de l’Union européenne ou des Nations Unies, notamment en Afrique.
Le CEMA a aussi exprimé son souhait de voir se développer la coopération bilatérale et s’est félicité de la coopération engagée dans le domaine de la cyberdéfense dans le cadre du centre d’excellence de Cyberdéfense (COE Cyber) de l’OTAN basé à Tallin.
Les discussions ont enfin porté sur les mesures d’assurance dans lesquelles la France est engagée en plus de la protection du flanc sud de l’Europe et sur le sommet de l’OTAN, qui se déroulera à Varsovie au mois de juillet 2016.
engagements de la France dans les actions de l’otan
La France est un allié qui compte au sein de l’OTAN. Elle est le troisième contributeur financier (financement commun) et occupe des positions stratégiques clefs. Compte tenu des modifications de l’environnement stratégique, les armées françaises entendent continuer à jouer leur rôle dans la défense collective en contribuant à la stratégie générale de l’OTAN pour faire face aux menaces auxquelles les nations alliées sont confrontées collectivement qu’elles viennent du flanc Est ou du flanc Sud.
La France participe à la majeure partie des exercices et des entraînements de l’OTAN et joue un rôle déterminant dans les processus de certification de sa force de réaction rapide (NRF - NATO Response Force). Fermement engagées dans la stratégie d’assurance déployée par l’Alliance envers ses alliés d’Europe centrale et de l’Est, les forces françaises sont également présentes au sein du centre d’excellence de l’OTAN pour la communication stratégique (COE STRATCOM) basé à Riga et de Cyberdéfense basé à Tallin.
Depuis le Sommet de Newport en septembre 2014, l’OTAN suit un plan stratégique, le RAP (Readiness Action Plan), qui repose sur deux volets, un volet adaptation et un volet assurance visant améliorer la réactivité des forces.
Volet adaptation du RAP
La NATO Response Force (NRF) est complétée par la force à très haut degrés de réactivité (VJTF - Very high readiness Joint Task Force). Il s’agit d’une force de niveau brigade capable de se déployer n’importe où sur le territoire de l’OTAN en quelques jours (5j avec des éléments à 48h). Elle comporte également une composante navale et aérienne. La France est l’un des seuls pays de l’alliance à disposer d’ores et déjà de forces aussi réactives grâce à l’échelon national d’urgence prévu par le livre blanc. Pour 2016, La France contribue à la VJTF maritime en maintenant en alerte une frégate et un chasseur de mine tout au long de l’année. Sur le volet aérien, elle propose à l’OTAN 6 chasseurs déployables pour la VJTF.
Pour la NRF, la France dispose également d’états-majors nationaux certifiés par l’Alliance et mis à disposition de l’OTAN : CRR-FR à Lille, COM-FR-MARFOR à Toulon, FR-JFACC à Lyon.
Volet assurance du RAP
Ce volet repose sur une série de déploiements et d’exercices de l’OTAN. Malgré un engagement opérationnel dense, les forces françaises ont participé entre 2014 et 2015 à près d’une cinquantaine d’activités de l’OTAN et engagé 8.800 hommes à terre, en mer, sous les mers et dans les airs. Toutes ces activités sont des contributions à la stratégie générale de l’OTAN.
En 2016, les forces aériennes françaises effectuent des missions de surveillance récurrentes au-dessus des Etats baltes, de la Pologne ou de la Roumanie, tandis que la Marine déploie régulièrement ses bâtiments dans la zone pour surveiller les espaces maritimes et en particulier les activités sous-marines et que l’armée de terre entretient ses échanges d’expertise avec les forces terrestres partenaires de la région.
Malgré le fort engagement opérationnel de ses troupes, la France a maintenu sa participation à l’exercice annuel de certification de la NRF, Trident Juncture en 2015.
C’est aussi pourquoi cet engagement est poursuivi en 2016 avec la participation à l’exercice maritime Joint Warrior en Atlantique Nord et à l’exercice Citadel Javelin. Cet exercice permet notamment de préparer le CRR-FR à prendre le commandement d’une opération interarmées à dominante terrestre le cas échéant dès 2017. Ceux-ci contribuent bien évidement à la stratégie d’assurance de l’OTAN.
En 2015, près de 4 000 militaires français toutes armées confondues ont été mobilisés au titre des mesures d'assurance dans le cadre des exercices ; en 2016, ce niveau d’engagement est maintenu avec déjà une vingtaine d’exercices planifiés et plus de 4 300 soldats mobilisés pour ces activités.
Depuis 2007, la France participe de façon constante aux missions de police du Ciel de l’OTAN (Air Baltic Policy). A la fin de l’année (septembre-décembre 2016) des chasseurs français prendront ainsi la responsabilité de cette mission, ce qui positionne la France comme deuxième contributeur majeur à la mission « Air Baltic Polcing ».
Chammal : point de situation au levant
L’affaiblissement de Daech se matérialise par une succession de revers militaires dont le tempo s’est accéléré au cours des derniers mois. Si son appareil militaire a perdu l’initiative, il demeure toutefois combatif. Daech est désormais engagé dans une défense discontinue des territoires tenus depuis 2014. Cette défense est centrée sur les points d’appuis urbanisés. Elle s’étend aux zones de production pétrolières, aux lignes de communication logistiques et aux zones de transit frontalier.
Pour se faire, l’organisation terroriste met toujours en œuvre un large spectre de modes d’actions allant des actions conventionnelles aux actions insurrectionnelles. Elle maintient par ailleurs son effort dans le domaine de la propagande.
En Irak, c’est dans la vallée de l’Euphrate et au Sud de l’Anbar que le recul de Daech est le plus significatif.
Cette semaine, les opérations de conquête de la ville de Falloujah ont connu une avancée très significative. Les forces irakiennes sont en train de reprendre progressivement cette ville tenue par Daech depuis le 4 janvier 2014. Ces opérations sont principalement menées par les forces de l’ICTS, fer de lance des forces irakiennes à Falloujah. Actuellement, les combats se déroulent dans le centre de la ville autour de la route nationale reliant Bagdad à Ramadi.
Il est difficile de juger de la poursuite des combats à ce jour. Le contrôle de la ville prendra du temps.
Les manœuvres en zones urbaine restent particulièrement contraignantes et complexes. Le milieu cloisonné offre à l’ennemi des possibilités de résister même en petit nombre, voire de prendre en otage des civils. Il nécessite surtout de la part de l’assaillant des techniques d’investigations spécifiques.
De mars 2015 à juin 2016, pour contribuer au déclenchement de cette offensive, faciliter les approches de la ville et déstructurer l’organisation de ses défenseurs, la force Chammal a réalisé 66 frappes et détruit 96 objectifs au profit des troupes irakiennes engagées au sol.
Dans la vallée du Tigre, Daech mène toujours une défense ferme de la ville de Mossoul. Sa défense s’appuie au plus loin sur les verrous de Tall Afar à l’ouest et d’Hawijah, Sharquat et Quayarrah au Sud. L’objectif de Daech est d’interdire les possibilités d’avancée aux FSI (Peshmergas et forces irakiennes).
En plus de ces villes clefs, Daech a su utiliser la topographie de la ville pour aménager un réseau de défense très perfectionné. Toute opération sera compliquée pour reprendre la ville.
En Syrie, la coalition rapporte que les opérations en cours dans le corridor de Manbij sont en passe de couper l’une des lignes de communication essentielle de Daech qui contribuera à l’affaiblissement de l’EI et à l’isolement militaire de Raqqa.
ACTIVITES DE LA FORCE CHAMMAL
La force Chammal poursuit la campagne aérienne et les missions de formation et de conseil.
Depuis le 15 juin 2016, les aéronefs de l’opération Chammal ont poursuivi leurs missions aériennes contre Daech en réalisant 40 sorties dont 28 de bombardement et 12 de recueil de renseignement. Au total 12 frappes ont détruit 18 objectifs de Daech.
Cette semaine la force Chammal a poursuivi son effort au-dessus de Mossoul et de Fallujah en appui des opérations terrestres. Elle a également frappé un site logistique important en arrière des lignes, maintenant la pression sur l’organisation terroriste.
11 frappes d’appui au sol ont été réalisées en Irak au cours de la semaine :
La force Chammal a réalisé des missions d’appui au sol en soutien des FSI en faisant effort sur les secteurs de Fallujah et Mossoul.
1 frappe planifiée a été conduite en Irak :
Le 19 juin une patrouille de 4 M2000 a réalisé un raid dans la région de Haditha contre un site de production d’armement.
Evolution deslots chasse au Levant et en Afrique
Les armées françaises sont fortement engagées dans des opérations aériennes au Sahel depuis le mois de janvier 2013, et au Levant depuis septembre 2014. Depuis 18 mois, l’armée de l’air a fourni dans la durée, au profit des opérations, une vingtaine d’avions de chasse répartis majoritairement sur 3 plots.
Aux impératifs dictés par la nécessité opérationnelle, les armées ont offert une réponse sans faille puisqu’elles se sont engagées au-delà du contrat opérationnel défini par le Livre blanc 2013 « d’une douzaine d’avions de chasse, répartis sur les théâtres d’engagement ».
Cependant, cet effort a généré une tension sur les capacités de l’armée de l’air, en particulier sur la flotte des Mirage 2000. Ainsi, l’engagement d’un mirage 2000 à l’étranger génère aujourd’hui la consommation du potentiel (humain, matériel, d’entraînement…) de 5 Mirage en métropole.
Afin d’être en mesure de tenir ce niveau d’engagement dans la durée, l’armée de l’air a demandé à l’état-major des armées une ré-articulation des déploiements de ces avions de chasse. A l’été, les parcs d’avions de chasse vont être rationalisés par théâtres d’opération : les Rafale seront ainsi déployés au Levant alors que les Mirage 2000 seront engagés au Sahel.
Cette redistribution des avions de chasse ne modifiera pas la participation des armées sur les différents théâtres d’opération au profit des unités françaises ou partenaires engagées au sol.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense