Accueil | Opérations | Monde | Grand levant | Chammal | Brèves | Chammal : dans la peau d’un navigateur-officier système d’armes sur Rafale Opérations ... Brèves | Chammal : dans la peau d’un navigateur-officier système d’armes sur Rafale

Chammal : dans la peau d’un navigateur-officier système d’armes sur Rafale

Mise à jour  : 25/05/2016

Le capitaine Nicolas est le seul navigateur-officier système d’arme, dit nav, sur cette relève du mandat 2016/2 dans le Golfe arabo-persique. Il ne la lâcherait pour rien au monde sa place dans un Rafale biplace. Son tempérament calme, pondéré, ponctué d’humilité nous pousse à le faire sortir de sa réserve naturelle pour nous parler de son métier.

Le capitaine Nicolas n’échappe pas à la règle, « petit, à l’âge de 4 ans, j’avais déjà le nez en l’air, je voyais passer les avions et mon rêve, c’était de les piloter » nous dit-il, et d’ajouter, « à cet âge-là on ne connait pas encore le travail que cela représente».

Après une prépa math sup. et spé. à l’école des pupilles de l’air, il manque à deux reprises l’accès par la grande porte de l’École de l’air. Mais il ne renonce pas : après deux années une licence faculté de physiques, c’est par la voie du recrutement des élèves officiers du personnel naviguant qu’il intègre en 1998 l’armée de l’Air, seul retenu parmi 35 candidats.

Les différentes formations et transformations qui jalonnent l’obtention du diplôme lui ouvrent enfin les portes de son rêve : « voler ». De ces années passées en formation, il garde le souvenir d’une période très difficile de sa vie. « L’erreur n’est pas permise, l’excellence est attendue à chaque instant, le contrôle des anciens est permanent et intransigeant, c’est le prix à payer pour gagner sa place en back seat », nous dit-il.

Depuis 15 ans sa carrière est rythmée par les différentes formations qualifiantes et son expérience se durcie. Du navigateur en instruction militaire, qu’il était à Nancy sur Mirage2000, il est devenu depuis chef navigateur sur Rafale au profit des Forces aériennes stratégiques. D’Harmattan à Barkane, en passant par Licorne ou Chammal plusieurs fois, il compte une dizaine d’opérations extérieures à son actif et autant d’exercices comme Cruzex au Brésil, Red flag aux États-Unis et Mapple flag au Canada etc. « Etre embarqué dans un escadron de chasse c’est passer en moyenne 180 jours par an loin des siens » nous confie-t-il.

La valeur ajoutée du navigateur est indéniable, dans des missions complexes. Le navigateur, en phase d’engagement sur une cible mobile notamment, permet au pilote de se concentrer sur son vol, il n’est plus accaparé par les informations qui viennent de toutes parts : « le ‘nav’ a le recul sur la mission et sur le choix des options à prendre en particulier dans ces phases de close air support ». Si le pilote travaille plutôt à court et moyen terme, son navigateur lui est dans un espace à moyen et long terme. Les procédures d’engagement du feu sont très règlementées, le dialogue avec le sol doit être précis, aucun doute ne doit exister sur la définition de la cible à atteindre.

Le vol à bord du Rafale est exigeant nous dit-il « c’est le potentiel humain qui limite les capacités de l’aéronef ». Le navigateur doit emmagasiner les facteurs de charge importants avec un temps de retard sur son pilote qui lui peut les anticiper car il déclenche les mouvements.

A 40 ans, ce navigateur chevronné comptant 3000 heures de vol dont 700 au-dessus de territoires hostiles, fait figure de référence pour les plus jeunes. Officier sous contrat, il sait que son temps est limité : préparer les missions et les accomplir avec succès, progresser encore et toujours, transmettre son savoir aux jeunes pilotes ou navigateurs seront ses priorités jusqu’à la fin de son contrat.

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal mobilise actuellement 1000 militaires. Elle vise, à la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, à assurer un soutien aérien en Irak et en Syrie dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Daech, en frappant l’organisation terroriste avec ses moyens aériens. Le dispositif complet est actuellement structuré autour de quatorze avions de chasse de l’armée de l’Air (six Rafale, huit Mirage2000D) d’un avion de patrouille maritime Atlantique2 de la Marine nationale ainsi que de capacités de renseignement, de commandement, de contrôle (C2) et de ravitaillement. Il comprend également une centaine de militaires projetés à Bagdad et Erbil pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense