Le ministre de la Défense Hervé Morin et le ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner ont répondu, lundi 16 novembre, aux questions des sénateurs lors du débat d'initiative sénatoriale sur la stratégie de la France en Afghanistan.
Les sénateurs, revenus d'un voyage en Afghanistan, ont exprimé leurs inquiétudes face à la dégradation de la situation dans le pays. « Le danger est partout et ne cesse de croître », a déclaré le sénateur Jean-Pierre Bel, « l'élection présidentielle n'a apporté aucune réponse. Ceci pose la question des objectifs de l'intervention internationale, de la stratégie et des méthodes utilisées ». La sénatrice Michelle Demessine a demandé la tenue d'une conférence internationale « qui associerait l'Iran, le Pakistan, ainsi que l'Inde, la Chine, la Russie et la Turquie ».
Face à ces questions, Hervé Morin a estimé que « considérer que la situation est difficile sur la totalité du territoire relève d'une vision occidentale. Nous n'avons pas un front qui avance vallée par vallée. Les maleks (les autorités locales) l'assurent : il n'arrivera rien à nos troupes si le développement est garanti ». En termes de stratégie, le ministre de la Défense a fait remarquer que « c'est l'absence de coordination (entre les actions de sécurité et de développement) qui fait perdre le contrôle de la situation ».
Bernard Kouchner, pour sa part, a défendu la stratégie des « petits pas » de la France : « nous avons mis l'accent sur la nécessité de sécuriser certaines zones, de transférer le pouvoir aux autorités, de former une armée et une police. Nous avons aussi des projets civils et cela marche très bien, par exemple l'hôpital pédiatrique de Kaboul ». Le ministre des Affaires Etrangères a aussi rappelé l'importance des Etats-Unis dans la stratégie en Afghanistan : « Ils sont la force la plus importante au sein de la coalition : on ne peut pas faire sans eux ».
Dans sa conclusion, Josselin de Rohan, président de la commission des affaires étrangères et de la défense, a souligné l'absence d'une véritable volonté internationale : « nous ne pouvons pas déplorer la place que prennent les Etats-Unis alors que nous étalons nos divergences (européennes). Les Russes, les Chinois et les Indiens se félicitent de notre présence mais refusent d'y envoyer un seul soldat ».