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Les espions français en quête de notoriété – Le Figaro – 10 avril 2012

Mise à jour  : 23/04/2012 - Direction : DGSE

Bénéficiant de 44 % de « bonne opinion » chez les Français, la DGSE est à la recherche de nouveaux profils.

Le paradoxe est assumé. Les agents secrets français, bien qu'affichant un goût très modéré pour la lumière, sont attentifs à leur image dans le grand public. Et cette dernière, loin des clichés, est assez positive même si nos concitoyens restent réservés face à la culture d'opacité inhérente aux opérations clandestines menées à travers le monde. Tel est l'un des enseignements d'un sondage commandé à usage interne par la Direction générale de la sécurité  extérieure (DGSE) sur sa notoriété  et son fonctionnement. Porté à la connaissance du Figaro, il a été effectué les 16 et 17 mars dernier par l'institut LH2 auprès de 1 004 Français de 15 ans et plus. Premier constat, 63 % des sondés ont déjà entendu parler de la «marque » DGSE, contre 47 % seulement en 2003. Portée sur une actualité lourde récemment marquée par les enlèvements de compatriotes au Niger ou la libération des journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, cette notoriété est très forte chez les cadres (80 %), les bac +4 (79 %) et les retraités (73 %). Côté pile, 44 % des interrogés éprouvent une bonne opinion de la fameuse  « Centrale » installée dans la caserne Mortier, à Paris. Insistant sur la « compétence de l'organisme » (35 %) et son savoir-faire dans la lutte contre le terrorisme (15 %), les sondés considèrent que  ce dernier « protège plus qu'il n'espionne ».

En revanche, 6 % d'entre eux persistent à considérer que la DGSE est « opaque, peu fiable et attente parfois aux libertés », brocardant aussi des « méthodes excessives ». La calamiteuse affaire du Rainbow Warrior, coulé dans le port d'Auckland dans la nuit du 9 au 10 juillet 1985, provoquant la mort d'un photographe, n'est guère étrangère à la persistance de cette mauvaise image.  L'épisode est a priori le seul vrai « raté » du « Service », et avait abouti à la démission du ministre socialiste Charles Hernu. « Au début des années 1980, les responsables politiques, souvent par ignorance, croyaient pouvoir  utiliser la DGSE pour faire tout et n'importe quoi, précise un cadre de la « Boîte ». Aujourd'hui, la véritable diffusion de la culture du renseignement au sein de nos élites rendrait impossible ce genre de dysfonctionnement... »

Fort de 5 000 personnes, le « Service » tricolore fait presque figure de goélette au regard du superpaquebot américain de la CIA. Mais sa force réside dans l'intégration du renseignement et de l'action au sein d'un même corps, hyper-réactif. Selon nos informations, les agents de la DGSE ont produit 7 000 notes d'analyses et de renseignements en 2011. Leur spectre d'action s'étend sur un « arc de crises » allant du golfe de Guinée à la chaîne de l'Himalaya. Jouissant d'un puissant maillage de capteurs humains, techniques et opérationnels, ils concentrent leur lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive mais aussi la criminalité organisée ou la piraterie maritime. Certains sondés persistent à déplorer un «manque de respect de la  vie privée », même si l'activité de la « Centrale » est examinée à la loupe par la délégation parlementaire au renseignement, composée de huit députés et sénateurs issus de la majorité et de l'opposition. Des parlementaires triés sur le volet et, bien sûr, tous astreints au « secret défense ».

Globalement, 76 % des Français font confiance à la DGSE « pour assurer la sécurité de la France face à des menaces étrangères ». La « Boîte » est sur tous les fronts et en paie parfois le tribut. À l'occasion du trentième anniversaire de la DGSE, célébré dans l'« intimité » le 2 avril dernier, son directeur général, Érard Corbin de Mangoux, a évoqué la mémoire de « tous nos collègues qui ont perdu la vie en mission, alors qu'ils veillaient à la sécurité de notre pays. D'autres ont été tués à l'entraînement. D'autres enfin ont été arrêtés et longuement emprisonnés, parfois dans de  très difficiles conditions ». Une manière de se souvenir encore et toujours de Denis Allex, agent retenu en otage depuis près de mille jours en Somalie.

Quand la DGSE séduit les élites

Les nouvelles « poules aux œufs d'or » de l'espionnage à la française se recrutent plus que jamais sur les bancs des universités et des grandes écoles. Profitant d'une embellie en cette période de disette budgétaire, la DGSE embauche 690 agents supplémentaires  d'ici à 2014. Les profils recherchés (crypto-mathématiciens, biologistes, géographes, linguistes...) sont assez pointus. Démarchant à l'école Polytechnique, Centrale ou encore Sup Télécom, le « Service » cherche à renforcer ses équipes par 420 ingénieurs et techniciens. Et les places sont chères. Ainsi pas moins de 515 hommes et femmes se sont portés candidats à dix-sept nouveaux postes d'attachés de la DGSE. Pour la première fois de son histoire, la « Boîte » a recruté cette année un énarque dès la sortie d'école. « La richesse des capteurs et des activités du Service se retrouve dans la richesse et la diversité de vos  profils, a insisté Érard Corbin de Mangoux. Associer les talents et mettre les compétences en synergie, voilà notre credo. » Les contractuels engagés pour une durée déterminée au sein de la DGSE pourront aussi faire briller l'estampille « maison » dans leur curriculum vitae, au moment d'une reconversion. Ce qui n'était pas autorisé auparavant.

CHRISTOPHE CORNEVIN

Les espions français en quête de notoriété – Le Figaro – 10 avril 2012 (format pdf, 166.29 KB).


Sources : DGSE
Droits : DGSE