Krisis : le nouvel exercice de gestion de crise civilo-militaire de l’école des commissaires des armées

Interview du CRC2 Kévin, directeur de l’exercice et directeur de la division des études à l’école des commissaires des armées :

Le service du commissariat des armées est un élément essentiel du soutien des armées en toutes circonstances, notamment en situation de crise. Les retours d’expérience récents, entre autres de l’opération RESILIENCE, ont montré la nécessité de préparer au plus tôt les commissaires à être des acteurs crédibles et efficaces dans la gestion de ces situations. L’inspecteur du commissariat des armées a donc demandé à l’ECA d’élaborer un module d’enseignement que nous avons intitulé « crises et résiliences ». Il nous est apparu évident de ne pas nous limiter à une approche purement théorique du sujet et donc de structurer ces enseignements autour d’un exercice majeur de mise en situation. Cette édition 2021 est donc une première, sur laquelle nous espérons capitaliser pour répondre toujours mieux aux besoins du service et des armées.

Quels sont les objectifs majeurs de ce nouvel exercice d’application ?

L’exercice Krisis répond à deux objectifs majeurs de la formation des élèves commissaires : le premier, acquérir les savoir-être et savoir-faire propres à un travail en environnement dégradé marqué par l’urgence, et la nécessaire adaptation des méthodes de travail en structure « cellule de crise ».
Le second est d’accroître la connaissance des élèves sur l’organisation des services de l’Etat au niveau territorial en situation de crise : Centre Opérationnel Départemental (COD), Etat-major de la zone de défense et de sécurité (EMZDS), cellule de crise militaire de niveau tactique.

Comment avez-vous préparé les élèves ?

Cet exercice est vraiment un exercice de synthèse, les élèves ont donc auparavant bien sûr vu un certain nombre de notions, telles que les conditions générales d’emplois des forces armées sur le territoire national (TN) et les missions qui leurs sont dévolues dans ce cadre, l’organisation de l’état en matière de gestion de crise et l’OTIAD (organisation territoriale interarmées de Défense), les relations et subordinations des chaines civiles et militaires dans la gestion de crise et enfin de cadre juridique d’emploi des forces armées sur le TN.

Comment avez-vous procédé ?

L’exercice Krisis s’inscrit comme tous nos exercices grandeur nature, dans la pédagogie par la mise en situation. Nous avons donc réparti les élèves en deux cellules de crises parallèles, une de type Centre Opérationnel Départemental, et une autre cellule de type base aérienne/régiment. Ces deux cellules vont faire face à un évènement déclencheur d’une série d’actions à mener en étant individuellement dans les rôles des acteurs de la gestion de crise tels qu’ils existent réellement : nous allons pouvoir observer et évaluer leurs réactions mais aussi leurs interactions, comment vont-ils s’organiser, quelles vont être leurs initiatives et leurs décisions dans un environnement d’urgence et de stress ?

L’école des commissaires des armées a travaillé sur cet exercice avec la société Crisotech, de quelle manière a-t-elle contribué à l‘exercice ?

Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) est un acteur essentiel de la gestion de crise, sous l’égide du Premier ministre. En échangeant avec le chef du bureau « préparation de l’Etat aux crises », nous avons pu identifier cette société spécialisée dans le domaine et travaillant déjà étroitement avec le SGDSN et les armées. Nous avons ensuite expliqué les attendus pédagogiques de l’ECA : initier nos jeunes commissaires à la gestion de crise de niveau tactique, orientée vers une problématique d’ordre civilo-militaire afin qu’ils sachent s’intégrer, dès leur premier poste, dans un tel environnement dépassant le simple cadre militaire. Nous avons ensuite élaboré un scénario réaliste (gardé secret !) et un déroulé des évènements favorisant une mise sous pression rapide des élèves…comme dans la vraie vie.