L’état-major interarmées de force et d’entraînement (EMIA-FE) a laissé place au commandement pour les opérations interarmées (CPOIA), fin mars 2016. Le contre-amiral Laurent Isnard, qui a pris les rênes du commandement, livre les raisons de cette évolution et explique les missions de la nouvelle entité.
Quelles étaient les missions de l’EMIA-FE ?
L’état-major interarmées de force et d’entraînement (EMIA-FE) est né d’une dynamique d’interarmisation initiée il y a plus de 20 ans à l’issue de l’engagement de la France dans la guerre du Golfe. Cet état-major interarmées s’est imposé comme l’expert et le référent national du commandement de niveau opératif, chargé de traduire les orientations du niveau stratégique en actions réalisables sur le terrain. Ses missions étaient principalement de deux ordres : entraîner et qualifier les armées françaises à l’exercice des fonctions d’un poste de commandement de force d’une part, concevoir et conduire les opérations au niveau opératif d’autre part.
L’EMIA-FE disparaît au profit du commandement pour les opérations interarmées (CPOIA). Pourquoi ce changement aujourd’hui ?
Depuis le début des années 2000, l’environnement opérationnel s’est caractérisé par une évolution permanente de la menace et par une multiplication des acteurs : organisations internationales, organisations non gouvernementales, forces de sécurité, forces armées, milices… Sur les théâtres d’opérations, l’efficacité de l’action de la Force repose aujourd’hui sur son aptitude à pouvoir prendre en compte ce nouvel environnement et intégrer de nouvelles fonctions telles que le ciblage, l’influence, le cyber… Elle doit également coordonner les actions intercomposantes, c’est-à-dire la défense surface-air, les opérations amphibies, l’appui feu, les opérations aéroportées, la recherche et le sauvetage au combat… Les armées devaient se doter d’un commandement en charge de développer les aptitudes interarmées nécessaires à la conduite des opérations mais également avec une capacité propre à concevoir et à conduire des opérations en national comme au sein d’une coalition.
Quelles seront les missions du CPOIA et comment fonctionnera-t-il ?
Les missions ne changent pas fondamentalement, mais elles évoluent et s’élargissent. Dans le cadre de ses directives, sous l’autorité du sous-chef d’état-major « opérations », le CPOIA est chargé de permettre, au niveau stratégique, de se concentrer sur l’anticipation et le dialogue politico-militaire, en participant aux travaux de planification et de suivi des opérations ordonnés par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO); de proposer et de conduire une préparation opérationnelle interarmées adaptée, doublée d’une formation individuelle et collective de niveau opératif de qualité; de piloter, de maintenir et de développer les aptitudes interarmées en coordination avec les armées, les directions et les services mais également en lien étroit avec les organismes interarmées. Pour ce faire, le CPOIA est organisé autour d’un commandement et de trois divisions : la division « opérations », le cœur opérationnel du CPOIA; la division « préparation à l’engagement », intégrateur et développeur des aptitudes interarmées et enfin la division « appui au commandement », outil de pilotage et de soutien.
Quels sont les avantages de cette réorganisation ?
Elle renforce le triptyque suivant : le développement de savoir-faire issus du retour d’expérience des engagements en opération et du développement capacitaire propre à chaque armée, la planification et enfin la conduite des opérations.
Le CPOIA est bien « un intégrateur » intercomposantes de directions et de services pour préparer et mettre en œuvre les décisions opérationnelles de l’échelon stratégique. Le nouveau nom de cet état-major illustre parfaitement le sens et l’esprit de notre action collective et pragmatique, au quotidien.
Sources : Ministère des Armées