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Sur le terrain, la collecte sans fin de l'information

Mise à jour  : 06/07/2010 - Direction : DICOD

Photos satellite, drones, cartes numériques... La maîtrise de ces outils de haute technologie

ne dispense pas de se livrer à un travail quotidien de recherche de renseignements.

Une manoeuvre d'envergure se prépare, en cette fin de mois de septembre, pour le Bataillon français (Batfra) de la FIAS (force internationale d'assistance et de sécurité) en Afghanistan, dans une vallée de la province de Surobi, où ont eu lieu des accrochages meurtriers, il y a un an. « Nous allons encercler une vallée très encaissée souvent utilisée comme zone refuge par des insurgés qui mènent fréquemment des actions contre un axe routier stratégique, explique le lieutenant-colonel Youchtchenko, chef des opérations du Batfra. Lorsque nous aurons neutralisé ce goupe, qui menace et rançonne les populations pour alimenter sa guérilla, nous pourrons mieux contrôler notre zone en contribuant à la sécurité de ses habitants. »

Cette opération couronne de longues semaines de collecte de renseignements sur le terrain. Avant d'arriver sur le théâtre afghan, début juillet, pour armer le Batfra, le 2e Régiment étranger d'infanterie (REI) a dû acquérir une solide connaissance de la culture, du terrain et de l'environnement afghans. A la cellule renseignement, le capitaine G. se souvient qu'il a fallu « ingérer toutes sortes de lectures concernant le pays. En particulier celles concernant la période d'occupation soviétique, dans les années 80. Les endroits où avaient lieu les accrochages entre soldats russes et résistants, les axes de passage, les zones refuges des combattants afghans... »

Le 2e REI a aussi étudié les dossiers de retours d'expérience produits par le 1er Régiment d'infanterie, son prédécesseur au commandement de la région capitale (RCC) de la FIAS, pour identifier les centres névralgiques de l'insurrection dans la zone de responsabilité du Batfra. « Le 1er RI avait commencé à repérer une zone de la province pouvant abriter un objectif majeur, explique le capitaine G. Au fil des renseignements acquis lors de manoeuvres menées à travers toute la province, nous avons pu nous focaliser sur un objectif plus précis. »

Depuis leur arrivée, il y a deux mois et demi, les légionnaires ont mené de nombreuses patrouilles en Surobi, se familiarisant avec leur zone de responsabilité et avec les habitants des villages. « La moitié de la population a fui cette zone à cause des pressions des insurgés. Les civils nous sont plutôt favorables. Aujourd'hui, ils semblent avoir repris confiance dans la sécurité et l'amélioration de leurs conditions de vie que nous pouvons leur apporter », affirme le chef des opérations.

Classifiées selon leur degré d'importance et de fiabilité par la cellule renseignement du Batfra, les informations recueillies par les légionnaires sont régulièrement assemblées avec les données sur les autres régions de commandement de la FIAS, ainsi qu'avec celles des forces de sécurité du gouvernement afghan.

Qu'elles soient d'ordre stratégique, opératif ou tactique, les données se recoupent et s'alimentent mutuellement selon un cycle qui ne s'arrête jamais. A tous les niveaux de commandement correspond une cellule renseignement qui travaille en étroite coordination avec les cellules de planification et de conduite des opérations. « Une opération militaire ne peut se monter que sur la base d'informations fiables et recoupées. Les services de renseignement américains du RC Est voisin ainsi que les services afghans ont tiré les mêmes conclusions que nous quant à l'emplacement d'un important foyer d'insurrection, poursuit le lieutenant-colonel Youchtchenko.

Un travail de fourmi débute alors pour les militaires français. Tous les moyens et les sources de renseignement disponibles sont mis à contribution pour préparer l'opération, en fonction des demandes faites, à l'état-major RCC. Parmi les moyens de renseignement que les légionnaires sollicitent, on trouve notamment les moyens d'obervation. Ainsi les hélicoptères Gazelle équipés de caméras Viviane et les SDTI (système de drone tactique intérimaire) accumuleront les heures de vol pour photographier relief, activité au sol et itinéraires. Simultanément, des unités motorisées vont mener des missions de reconnaissance d'axes de passage et de points d'observation. Enfin, les soldats continueront à récupérer chaque jour des informations au contact des civils, au gré des patrouilles. « Car chaque militaire est un capteur d'information potentiel », souligne le capitaine G.

Pourtant, « emmagasiner des données sur l'ennemi,sur son armement, etc., ne suffit pas à appuyer efficacement notre action, tient à préciser le lieutenant-colonel Youchtchenko. L'important, c'est d'être capable d'anticiper sur la meilleure façon de se servir de ce savoir. C'est en connaissant les modes d'action ennemis que l'on définit les modes d'action amis ».

Cynthia Glock


Sources : Ministère des Armées