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L’engagement sans faille d’un héros de 16 ans et demi

Mise à jour  : 04/09/2014 - Auteur : La Rédaction - Direction : DICOD

Le 6 septembre 2014, les armées célèbreront la première victoire décisive de la Grande Guerre à l’occasion d’une cérémonie unique sous le haut patronage du général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées. 100 héros et unités de la Grande Guerre seront mis à l’honneur simultanément dans 100 villes. La rédaction vous propose de découvrir l’un de ces héros.

François Le Guiner, né le 3 mai 1898 à Ploujean (29), est l’un des meilleurs élèves de seconde du Lycée de Quimper, lorsque, dans la nuit du 25 au 26 janvier 1915, il part, à l’insu de ses parents, dans l’intention de gagner le front. Ne voulant pas être connu, ni arrêté par personne, il se rend à pied jusqu’à Rosporden et se glisse dans le train venant de Quimper, qui emmène un renfort destiné au 118erégiment d’infanterie.

Garçon énergique et des plus robustes, la pratique assidue des sports a fait de lui un véritable athlète. N’ayant pas encore l’âge révolu pour s’engager (il n’a alors que 16 ans ½), il voit avec dépit ses camarades partir l’un après l’autre. Animé du plus ardent patriotisme, il veut faire comme eux et aussi suivre l’exemple de son père qui, engagé volontaire à 50 ans, sert déjà comme adjudant dans un régiment d’artillerie.

Arrivé sur le front, on refuse tout d’abord de le garder, en raison de son jeune âge, mais il insiste tant et tellement que les chefs se laissent convaincre et il est incorporé à la 6e compagnie, après l’autorisation du général commandant le XIème corps d’armée. Le 118e tient à cette époque les tranchées boueuses de la Boisselle, sous la menace perpétuelle des engins, en attaques continuelles pour la possession d’un lopin de terre. Dure épreuve, où le caractère français fait valoir sa ténacité : gloire des Bretons qui, malgré le désavantage de la position, les souffrances et les pertes cruelles, savent conserver intégralement le sol qu’ils ont payé chèrement de leur sang, faisant preuve d’un magnifique esprit de sacrifice et d’attachement au devoir.

Dans les premiers jours de février, Le Guiner, qui est affecté au service des cuisines, réclame de son commandant de compagnie la faveur de monter à la tranchée. Il est venu au front, dit-il, pour faire le coup de feu et non pas pour exercer les fonctions de « cuistot ». Satisfaction lui est donnée, et quelque temps après, il rejoint la 1ère section de la 6e compagnie. Très intelligent, d’un esprit vif et décidé, Le Guiner a vite fait de se mettre au courant de son nouveau métier. Il refuse les ménagements dont il est l’objet, prétendant bien partager les dangers que courent journellement ses camarades.

En mars 1915, au cours d’une inspection du général de Castelnau, le lieutenant, commandant la 6e compagnie présente son plus jeune troupier au commandant de la 2e armée. Celui-ci, très satisfait des renseignements qui lui sont fournis, donne l’ordre de le nommer, le soir même, soldat de 1èreclasse. Le Guiner, très sensible à cette marque d’estime, promet de faire mieux encore à l’avenir. Il tient parole, et à partir de cette date, il est volontaire pour les missions les plus périlleuses.

Nommé caporal, en avril 1915, il en impose de suite à ses hommes par son énergie et par son courage, et lorsqu’il atteint ses 17 ans, il contracte alors un engagement volontaire pour la durée de la guerre. Pendant tout l’été 1915, le caporal Le Guiner continue à donner à ses chefs, entière satisfaction ; il fait les marches longues et pénibles que le régiment exécute au mois d’août pour se rendre de la Somme en Champagne. Ses camarades l’admirent pour son entrain et sa belle humeur.

Mi septembre 1915, alors que le 118e RI occupe les tranchées devant Mesnil-les-Hurlus, il est blessé au pied, par un éclat de grenade. A son commandant de compagnie, auprès duquel il est transporté, il manifeste son regret de ne pouvoir prendre part aux attaques prochaines. A l’issue de sa guérison, il suit le cours d’élève-officier et est nommé aspirant à la 2ecompagnie de mitrailleuses. Sous Vaux, en octobre 1916, sa belle conduite lui vaut la Croix de guerre avec la citation suivante, à l’ordre du régiment : « Blessé en Champagne, a toujours été digne de tous les éloges ; s’est particulièrement distingué devant Vaux, pendant la période du 25 octobre au 5 novembre 1916 ».

En novembre et décembre 1916, Le Guiner est avec son unité dans les secteurs de Damloup et Moulainville, où il devient un auxiliaire des plus précieux pour son commandant de compagnie, qui apprécie ses brillantes qualités militaires. En janvier et février 1917, le régiment très éprouvé, est au repos dans les environs de Meaux. Le Guiner se dépense sans compter pour parfaire l’instruction du nouveau personnel de sa section de mitrailleuses et en faire une unité d’élite. Elle est tout à fait au point lorsqu’elle monte à Laffaux, fin mars 1917 : le jeune aspirant se prodigue partout et se distingue comme volontaire au cours de plusieurs reconnaissances dangereuses.

Le 7 avril 1917, il part à la tête de ses mitrailleuses, à l’attaque de la position formidablement défendue. Au début de l’action, ses deux mitrailleuses sont détruites. Un tir de barrage ayant isolé sa section décimée, les Allemands sortent en grand nombre de leurs tranchées, cernent la petite troupe et la somment de se rendre. Pour toute réponse, Le Guiner ramasse un fusil et tire jusqu’au moment où il succombe, mortellement frappé.

« Sa mort nous consterne tous, officiers et soldats, écrit son capitaine … C’est une belle âme qui disparait et chacun de nous en a conscience. »

Cité à l’ordre de l’armée n° 458, le 19 avril 1917, pour cette belle conduite à l’attaque de Laffaux,
Le Guiner est, par décision du 18 juillet 1919, nommé dans l’ordre de la Légion d’honneur, au grade de chevalier, avec une citation des plus élogieuses.

Au rapport du 8 août 1919, le colonel Dizot, commandant le 118e, écrit « Le Guiner est une des plus belles figures de notre épopée ; il sut être un grand soldat, alors que, par l’âge, il n’était encore qu’un enfant ; il honore grandement son pays et le régiment dans lequel il a servi avec fidélité et l’esprit le plus complet de sacrifice. Son souvenir restera vivace au 118e. Il mérite bien d’être donné en exemple aux générations futures. »

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Citation accompagnant la nomination de l’aspirant Le Guiner dans l’ordre de la Légion d’honneur, au grade de chevalier

« Venu au front à l’âge de 16 ans avec un renfort du régiment, a refusé de se laisser renvoyer dans sa famille. S’est fait incorporer et envoyer en ligne avant même de pouvoir contracter un engagement volontaire. D’un courage et d’une bravoure remarquable, a conquis rapidement les galons d’aspirant, et s’est distingué dans de nombreuses reconnaissances et missions périlleuses. Le 7 avril 1917, au combat de Laffaux, a vaillamment enlevé sa section à l’assaut. Son unité décimée, ses mitrailleuses détruites, il a continué à faire héroïquement le coup de feu avec ses hommes, les entraînant encore jusqu’au moment où il est tombé mortellement frappé. Mort au champ d’honneur à 18 ans, avant l’incorporation de sa classe et au moment où il était proposé pour officier. Une blessure et deux citations. »

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Sources : Ministère des Armées