Depuis 1988, la Mission innovation participative apporte son soutien matériel, financier, administratif, technologique, moral et juridique aux innovateurs des trois armées, de la gendarmerie nationale, du service de santé des armées, de la direction générale de l'armement et de tout autre organisme dépendant du ministère de la Défense. A l’occasion de ses 25 ans, découvrons des projets innovants proposés, réalisés et validés par des personnels civils ou militaires de la Défense.
A l’occasion des 25 ans de la Mission innovation participative (MIP), la rédaction vous propose de découvrir quelques inventions soutenues par cette structure. Aujourd’hui, plein feu sur Scarabée, lauréat du Prix de l’audace en 2008 !
Vous l’aurez peut-être deviné, il ne s’agit pas là du coléoptère mais du « Système de communication aéroterrestre de restitution, d'acquisition et de bibliothèque embarquée évolutif » qui équipe les Mirage 2000D*. Derrière cette longue dénomination se cache une véritable révolution dans le monde des transmissions de données.
L’aventure commence au début des années 2000. Les forces armées sont confrontées à des crises où l’imbrication géographique des différents protagonistes (combattants amis et ennemis, population locale, organisations non gouvernementales…) est de plus en plus forte. Les missions d’appui aérien se complexifient, la coordination entre les troupes au sol et les équipages d’aéronefs de combat doit être de plus en plus précise. Pour répondre à cette problématique, une équipe constituée de personnels du Centre d’expériences aériennes militaires (CEAM) et de commandos parachutistes de l’air 10 (CPA 10) va travailler de concert pour aboutir à Scarabée. Le concept consiste à installer un micro-ordinateur embarqué doté d’une bibliothèque de données aéronautiques (des cartes par exemple) dans l’avion afin que le contrôleur au sol et l’équipage en vol puissent observer une image identique (en provenance d’un satellite, de capteurs embarqués, etc.). Cette référence visuelle commune va permettre le partage de la situation tactique, via une liaison de données simple, garantissant ainsi une meilleure appréhension de l’objectif. « Avant, on se parlait en clair à la radio avec le FAC (Forward air controller - contrôleur aérien avancé). Grâce à Scarabée, nous avons gagné en précision, en temps et on s’est affranchi des problèmes de linguistique et de conversion de coordonnées », explique le colonel Cédric Gaudillère, à l’époque navigateur officier système d’armes sur Mirage 2000D et chargé du projet au CEAM.
L’appui aérien passe en mode numérique
En 2005, sollicitée par l’équipe en charge du dossier, la MIP décide de soutenir le projet à hauteur de 25 000 euros. « La principale difficulté résidait dans la qualification de cet outil informatique sur avion de chasse », poursuit le colonel Gaudillère. Deux ans plus tard, le système est testé aux États-Unis lors de l’exercice interallié Bold Quest puis mis à l’épreuve en Afghanistan. C’est un succès. Aujourd’hui, le produit initial est toujours en service. Il est d’ailleurs actuellement utilisé sur le théâtre africain et la version numéro 2 est attendue pour cet été. Elle sera notamment dotée de nouvelles fonctionnalités comme un système de communication plus poussée.
* : le système Decalco est la transposition de Scarabée adapté au Rafale
Sources : Ministère des Armées