En septembre 2014, les forces françaises au Gabon (FFG) ont officiellement été rebaptisées éléments français au Gabon (EFG), devenant ainsi un pôle opérationnel de coopération à vocation régionale. Quelles sont les implications de ce changement de dénomination? Explications avec le général Vincent Guionie, commandant des éléments français au Gabon.
Général, en préambule, qu’entend-on par pôle opérationnel de coopération?
Un pôle opérationnel de coopération (POC) est une force de présence. En tant que telle, elle doit : assurer la défense des intérêts français et la sécurité de ses ressortissants ; appuyer les déploiements opérationnels de la France dans la région ; contribuer à la coopération opérationnelle régionale. A ce titre, les 450 militaires déployés aux EFG agissent envers les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale* (CEEAC). Il s’agit de contribuer à la stabilité régionale en accompagnant les États africains de la CEEAC dans le renforcement de leur sécurité collective et en soutenant leurs engagements dans les missions de maintien de la paix. Dans le même temps, les EFG assurent une veille stratégique régionale et restent en mesure d’accueillir les troupes françaises, alliées ou africaines susceptibles de participer à une opération dans la zone. Ces missions s’inscrivent bien évidemment dans le cadre de nos accords bilatéraux.
Comment se concrétise cette coopération opérationnelle régionale sur le terrain ?
Cet appui prend essentiellement la forme de détachements d’instruction opérationnelle et technique conduits par des experts pouvant provenir des EFG ou d’autres unités. Ces formations ont lieu soit à Libreville, soit directement au sein des pays partenaires. L’objectif est bien de renforcer la capacité opérationnelle de ces pays à exercer leur propre sécurité et à s’engager collectivement, par exemple dans le cadre d’une force africaine en attente, pour lutter contre des menaces ciblées comme les groupes armés terroristes. Ces formations couvrent un large spectre allant du contrôle des frontières terrestres et maritimes à la préparation des échelons de commandement en passant par le renseignement, le soutien logistique, la mécanique automobile, les transmissions ou encore l’informatique. Ces actions de coopération sont réalisées selon une planification établie conjointement avec les pays partenaires.
Notre pôle opérationnel de coopération présente également une expertise « jungle » reconnu avec son Centre d’Aguerrissement Outremer et Etranger (CAOME) situé à 20km de Libreville, ainsi qu’une spécialité aéroportée héritée des traditions du 6ebataillon d'infanterie de marine. Le CAOME accueille régulièrement des contingents français venus s’aguerrir au milieu jungle ou se perfectionner, ainsi que des stagiaires africains mais aussi étrangers.
Quel est le retour d’expérience des stagiaires ?
Ils sont preneurs de tous les enseignements que l’on peut leur donner. Il leur appartient ensuite de s’approprier les savoir-faire acquis. Avec près de 4 000 soldats gabonais formés en 2014 et plusieurs bataillons des forces armées gabonaises (FAG) préparés par les EFG dont un a été déployé dans le cadre de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine) cette année, nous pouvons dire que le retour est positif.
* Pays membres : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République du Congo, Tchad, Sao Tomé et Principe.
Sources : Ministère des Armées