Jusqu’au 1er octobre, le mémorial de Verdun présente une exposition inédite consacrée aux photographes de guerre et à leur travail. Déjà dans les années 1850, des photo-reporters partaient au cœur des conflits pour immortaliser l’horreur de la guerre. Cette exposition nous propose de découvrir qui sont ces hommes et ces femmes, militaires ou civils, qui risquent leur vie pour nous informer.
Dans sa nouvelle exposition, le mémorial de Verdun a souhaité mettre l’accent sur le parcours singulier de celles et ceux qui immortalisent la guerre. A travers les images de 18 photographes, l’exposition s’interroge sur ces hommes et femmes qui risquent leurs vies pour témoigner.
« L’objectif est de découvrir qui sont ces photographes », commente Édith Desrousseaux de Médrano, commissaire de l’exposition. « Ils sont des témoins de l’Histoire dont nous connaissons les clichés mais ignorons le nom. » Des photographes souvent dans l’ombre, qui essayent de saisir « l’instant décisif » comme disait Henri Cartier-Bresson. L’exposition présente à la fois des œuvres photographiques (épreuves originales et reproductions) et des supports de presse, et place le matériel photographique utilisé par les générations successives de photographes au cœur du parcours pour montrer l’évolution des pratiques. Effectivement, en 160 ans, le métier de photographe de guerre n’a cessé d’évoluer, de l’argentique au numérique. Le progrès technique a influencé le matériel, le rendant plus compact, plus rapide à utiliser permettant ainsi de saisir l’image au cœur de l’action.
Le parcours de l’exposition est chronologique. Tout commence avec les pionniers qui, dès le milieu du XIXe siècle, partent photographier les champs de batailles. Parmi eux, Roger Fenton avec la guerre de Crimée (1854-1855) ou Mathew B. Brady avec la guerre de Sécession (1861-1865). Leurs clichés sont reproduits sous forme d’illustrations dans la presse de l’époque. L’exposition s’intéresse ensuite à la Première Guerre mondiale. 1915 voit la naissance de la Section photographique de l’armée (SPA), ancêtre de l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD). Des soldats de l’image sont envoyés sur le front avec comme mission de contrer la propagande ennemie, constituer un fonds documentaire à l’usage de l’armée mais aussi un fonds d’archives pour l’Histoire. Si l’utilisation d’appareils photographiques privés est interdite dans la zone des combats, de nombreux photographes amateurs violent le règlement et avec leurs propres appareils de petite taille immortalisent également le champ de bataille. Leurs clichés témoignent de l’expérience vécue par les soldats.
La troisième partie de l’exposition est consacrée à la période qui va de la guerre civile espagnole (1936-1939) à la guerre du Vietnam (1963-1975). La presse illustrée est alors en plein essor. L’impact politique des photos d’actualité publiées devient sensible. Lors de la guerre d’Espagne, des photo-reporters militants comme Robert Capa, Gerda Taro ou Chim (de son vrai nom David Seymour) couvrent ainsi le conflit avec la volonté d’influencer l’opinion. « Sacré par le journal britannique Picture Post en 1938 plus grand photographe de guerre du monde, Robert Capa devient une figure mythique de la photographie de guerre », commente la commissaire de l’exposition. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les photographes militaires sont à nouveau fortement sollicités, notamment lors de la libération des camps de concentration. Parmi ces soldats de l’image, une femme, Germaine Kanova. « Elle s’engage en 1944 auprès de l’armée française dont elle suit la progression. Elle va couvrir la libération du camp de Vaihingen (Allemagne) », explique la commissaire. « À travers ses images, elle témoigne avec une grande pudeur de la réalité des camps. Ses photos feront connaître cet épisode au public occidental ». Indochine (1946-1954), guerre d’Algérie (1954-1962), Vietnam… tout au long de ces conflits les photographes tentent d’être au plus près de leur sujet malgré les contraintes imposées par les belligérants.
Le parcours de l’exposition s’achève avec les photographes contemporains. Les images de Patrick Baz, Véronique de Viguerie et Edouard Elias nous plongent dans les derniers conflits. Chacun pose un regard particulier sur la guerre. Liban, Afghanistan, Mali, Syrie… Quant aux photographes de l’ECPAD, ils continuent à documenter les opérations militaires et à témoigner de l’engagement des troupes partout dans le monde. Entraînés et armés, ils partagent le quotidien de leurs frères d’armes. L’exposition présente ainsi le travail de trois d’entre eux : François-Xavier Roch, Janick Marces et Sébastien Lafargue : « trois personnalités, trois époques et trois manières de prendre des images », commente la commissaire.
Avec cette exposition, le mémorial de Verdun rend ainsi un vibrant hommage à ces photographes qui risquent leur vie pour nous informer.
Informations pratiques : Photographes de guerre - Depuis 160 ans, que cherchent-ils ? Jusqu’au 1er octobre 2017 Mémorial de Verdun – 1 avenue du Corps européen 55100 Fleury-devant-Douaumont Site internet : memorial-verdun.fr |
Sources : Ministère des Armées