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De l’art dans la guerre

Mise à jour  : 08/09/2016 - Auteur : Domenico Morano - Direction : DICoD

Lors des longues années qu’a duré la Grande Guerre, les soldats au front ont appris à passer le temps. Entre autres habitudes, ils ont contracté celle de fabriquer de petits objets d’usage quotidien ou décoratif, donnant parfois lieu à des productions inattendues. Cette pratique, peut-être surprenante pour certains, nous a légué une incomparable matière de réflexion et de mémoire.

Mars 1916, quelque part sur les rives de la Meuse. Les bombardements ne s’arrêtent plus. Le temps est long. Il faut s’occuper, pour ne pas succomber à la panique ou à la démence. Une douille de fusil traîne par terre. Sur la table, un petit couteau.

Quelques heures plus tard, un soldat s’allume une cigarette avec un drôle de briquet, en forme de douille… Les bombardements semblent terminés pour aujourd’hui. Les poilus ont appris à tuer le temps, et non pas l’inverse.

La Grande Guerre a mobilisé une part très importante de la population. Les orfèvres, les joailliers, les horlogers ou les graveurs ont eux aussi fourni leurs contingents de soldats, tout comme les nombreux ouvriers et paysans habiles à de leurs dix doigts, si la fortune les leur a laissé tous les dix.

Dès le début de l’enlisement du conflit, ces hommes se mettent à fabriquer des objets destinés soit à améliorer leur quotidien, soit à être envoyés à leurs proches. Briquets, bijoux, tabatières, couteaux, objets de piété sont autant de productions artisanales réalisées avec les moyens de la vie de tranchées. Les combats se déroulant à proximité de zones boisées – proximité temporaire car les bombardements en réduiront beaucoup en cendres – et laissant sur le sol des résidus de laiton et de cuivre provenant des projectiles tirés, le bois et le métal abondent. Les gamelles et les boutons personnels sont également utilisés pour une occupation qui s’achemine vers une forme de plus en plus artistique.

Les poilus ne confectionnent pas que des objets d’usage quotidien ; d’autres ont une fonction purement décorative, ou esthétique. De nombreux porte-plumes, vases, coupe-papiers, bagues voire même pelles à tarte et fourchettes à dessert, fabriqués à partir de douille de balles ou d’obus, attestent de ce travail passionné. Et que dire du violon en laiton du menuisier-ébéniste Armand Charpentier, où ce dernier a gravé les noms des différents lieux où il fut envoyé pendant la « der des ders ».

Ces hommes ont donné son heure de gloire à ce que l’on a depuis appelé « l’artisanat de tranchées », apparu pendant la guerre de 1870. Entre 1914 et 1918, le phénomène est tel que l’on fait fabriquer de ces objets aux soldats blessés ou mutilés dans un but à la fois thérapeutique et commercial. Certains sont aussi fabriqués dans l’immédiat-après-guerre par les prisonniers et par les soldats restés sur l’ancien champ de bataille pour le déminer. Toutefois, si cet artisanat de guerre réapparaît lors de la Seconde Guerre mondiale dans les camps de prisonniers, les années de la Grande Guerre marquent l’apogée de cette pratique.

Sources :Wikipédia; « De l’art dans les tranchées », Raphaëlle Branche, Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, n°94, 2007.

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Sources : Ministère des Armées