Du 23 au 27 mars s’est déroulé l’exercice « Frisian Resilience » au cours duquel le groupe aéronaval et ses partenaires néerlandais, ont renforcé leur interopérabilité lors d’entraînements tactiques de haut niveau.
Né d’une ferme volonté franco-néerlandaise de renforcer la coopération entre leurs forces armées après l’annulation de l’exercice interalliés Frisian Flag, l'exercice Frisian Resilience a rassemblé cinq jours durant, Rafale marine français, F16 et F35 néerlandais. Ils se sont alternativement associés ou opposés lors d’exercices de combat aérien. Les Rafale marine du GAé mis en œuvre depuis le porte-avions Charles de Gaulle rencontraient les F-16 et F-35 néerlandais qui décollaient de la base aérienne de Leeuwarden aux Pays-Bas, d’où les contrôleurs assuraient également le rôle d’Air Control Unit (ACU ou contrôle aérien) et de Ground Control Interception (GCI ou contrôle tactique).
Chaque jour, deux pontées, chacune constituée de quatre Rafale marine et catapultées du porte-avions Charles de Gaulle, réalisaient des exercices de supériorité aérienne dans un conflit de haute intensité. En parallèle de ces entraînements de combat aérien, des exercices quotidiens de défense aérienne d’une force à la mer (ADEX), testaient les capacités de protection des bâtiments du GAN, la réactivité et l’expertise de leurs équipages.
Le 27 mars, point d’orgue de ces cinq jours d’entraînement de haute intensité, un scénario d’attaque aérienne de grande ampleur du groupe aéronaval a été mis en œuvre, rassemblant tous les aéronefs néerlandais ayant participé aux cinq jours d’exercice, soit dix F-16, et deux F-35. Quatre Rafale marine, contrôlés tactiquement par un E2C-Hawkeye du groupe aéronaval puis par la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul, étaient chargés de protéger le GAN, composé pour l’occasion de 9 bâtiments de guerre (le porte-avions Charles de Gaulle, la FDA Chevalier Paul, la FASM La Motte-Picquet, le BCR Somme, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), les frégates allemande Lübeck, danoise Niels Juel, espagnole Blas de Lezo et portugaise Corte Real).
Le Chevalier Paul, qui tenait le rôle d’Air control unit (ACU), a assuré la protection autour du porte-avions en employant de manière coordonnée tous les moyens de la Task Force 473, qu’il s’agisse de capacités de détection (avion de guet aérien de type E2C-Hawkeye ou radars) ou d’interception (chasseurs Rafale marine du GAé, radars des bâtiments de surface, liaisons de données tactiques, ou missiles anti-aériens). À bord de l’ACU, au central opération, trois officiers de lutte anti-aérienne de la force navale (OLAA-FN) se sont relevés pour coordonner des moyens de lutte et préparer les meilleurs dispositifs tactiques (positionnement des bâtiments et avions) pour protéger le porte-avions et lui permettre de maintenir sa capacité de projection de puissance.
Pour ordonner les missions aux avions chargés de la protection du groupe aéronaval, l’ACU s’appuie sur des experts de la planification et de la conduite des opérations dans la 3ème dimension (OPC3D). Il s’agit de conseillers tactiques pour l'emploi des avions de chasse dans les dispositifs de défense aérienne. Durant les affrontements, ces derniers guident les Rafale marine en leur fournissant par radio et liaisons de données tactiques, la composition des formations ennemies approchant la Task force. Maillons indispensables entre l'OLAA-FN du Chevalier Paul et les pilotes, leurs indications permettent à ces derniers de démultiplier la puissance et l'efficacité de la chasse embarquée dans son rôle de protection d’une force à la mer. Le lieutenant de vaisseau Clément, OPC3D de la FDA Chevalier Paul, souligne la pertinence de l'exercice Frisian Resilience : « Une des grandes plus-values de l'OTAN au niveau tactique est l'unicité des procédures dans la conduite du combat. Un OPC3D français peut ainsi contrôler avec autant d'efficacité un F16 néerlandais qu'un Rafale marine. Le grand intérêt de ces exercices est donc de pratiquer les tactiques et les procédures entre moyens des pays de l'Alliance Atlantique afin de conserver un haut niveau d'interopérabilité, sans préavis. »
S’inscrivant dans le cadre de la mission Foch, ces cinq jours d’exercices ont permis de tester les capacités tactiques comme de réaction de chacune des forces en s’entrainant à faire face à des scénarii variés, réalistes et de complexité technique et tactique chaque jour plus intense.
L’EV1 David, pilote de Rafale marine au sein de la Flottille 11F souligne l’importance de ces échanges « Ce type de coopération est toujours positive et nous apporte beaucoup d’un point de vue tactique et technique. Nous observons que nous avons beaucoup en commun, qu’il s’agisse de notre formation ou de nos procédures. Mais il est intéressant de remarquer que notre approche des scenarii et des techniques est parfois différente, sans doute du fait de nos cultures. C’est tout l’intérêt de ces entraînements en coopération, qui outre l’augmentation du niveau d’interopérabilité, nous permet de d’échanger sur nos différences et d’améliorer notre compréhension mutuelle pour mener à bien nos objectifs opérationnels communs ».
Frisian Résilience a permis aux pilotes des Rafale marine, aux équipages d’E2C-Hawkeye, mais aussi à l’ensemble des personnels tactiques du groupe aérien embarqué et des bâtiments du GAN, d’opérer au sein d’une force aérienne de combat bilatérale, contribuant ainsi à renforcer le haut niveau d’interopérabilité du groupe aéronaval avec ses alliés néerlandais membres de l’OTAN, capacité essentielle dans la sécurisation des approches maritimes européennes.
Sources : État-major des armées
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