En mission de surveillance dans les eaux de Polynésie française fin janvier, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Bougainville a accueilli à bord une équipe de huit scientifiques.
Concrétisation d’un projet lancé en 2016 par le ministère des Armées, la mission Kivi Kuaka a été conçue en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), le ministère de la Transition écologique et solidaire, Météo-France, l’Agence française de développement et l’Office français de la biodiversité.
Objectif : observer, dans le Pacifique Sud, le comportement d’oiseaux migrateurs pour améliorer la capacité à prévoir la formation des cyclones et leur évolution, pour anticiper in fine les catastrophes naturelles associées. Le risque cyclonique, particulièrement important dans cette région, est en effet une préoccupation majeure du commandement de la zone Asie-Pacifique (ALPACI). Ce dernier met en œuvre les moyens militaires aériens, navals, terrestres, satellitaires et humains sous sa responsabilité au profit de la sauvegarde des personnes et des biens dans la région.
L’équipe Kivi Kuaka a embarqué à bord du bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Bougainville le 18 janvier sur l’île de Fakarava dans l’archipel des Tuamotu, à 500 kilomètres à l’est de Tahiti, et bénéficié du soutien logistique du BSAOM tout au long de sa mission.
LE SAVOIR-FAIRE ANCESTRAL DES BALEINIERS
« Le tirant d’eau du BSAOM étant trop important pour approcher certaines îles inhabitées, passer le récif et entrer dans le lagon, les scientifiques ont débarqué sur les atolls avec la “baleinière”, une embarcation à fond plat en aluminium permettant le franchissement des vagues de la barrière de corail, explique le lieutenant de vaisseau Gabriel Isnard, commandant l’équipage B du Bougainville. Les patrons d’embarcation – les baleiniers – sont des Polynésiens employés par la base navale pour leur savoir-faire particulier et ancestral. Ils connaissent par cœur les fonds marins autour des îles et naviguent avec une aisance incroyable, en s’appuyant sur le rythme des marées. » Une compétence précieuse dont profitent d’ailleurs les différents bâtiments polynésiens sur lesquels embarquent ces baleiniers, en fonction des missions. Au point que la Marine intègre désormais ce savoir-faire dans ses cursus de formation afin de le pérenniser.
UN BÂTIMENT MODERNE
Bien loin de la marine à voiles à laquelle le nom du Bougainville fait écho, le BSAOM a été conçu selon les normes maritimes civiles en intégrant des exigences spécifiques de la Marine nationale, pour répondre à un besoin militaire et interministériel. Bénéficiant d’un haut degré d’automatisation, le Bougainville est mis en œuvre par un double équipage réduit, qui assure plus de 200 jours de déploiement en mer par an.
UNE MISSION INSCRITE DANS LA TRADITION SCIENTIFIQUE DE LA MARINE
« L’innovation est dans l’ADN du marin, tels sont les premiers mots du contre-amiral Jean-Mathieu Rey (ALPACI) pour évoquer cette mission Kivi Kuaka, qui a vocation à être reconduite. Ce projet s’inscrit parfaitement dans le cadre d’action des forces armées en Polynésie. Notre mission est d’assurer la protection de la Polynésie et des Polynésiens. Si cette étude nous permet d’améliorer notre anticipation des catastrophes naturelles, nous saurons d’autant mieux réagir et porter secours aux populations. »
Kivi Kuaka s’intègre par ailleurs dans la politique de « défense durable » du ministère des Armées, à savoir la prévention des risques environnementaux et l’engagement à préserver la biodiversité.
Que signifie « Kivi Kuaka » ?
Le nom de la mission Kivi Kuaka fait référence à deux espèces d’oiseaux cibles de cette étude : le courlis d’Alaska ou « kivi » en polynésien, et la barge rousse ou « kuaka » en maori.
LV Laurine Bellet
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées