Après avoir participé à l’exercice « Pitch Black » orchestré par la Royal Australian Air Force, l’Armée de l’air a entamé dimanche 19 août, à l’occasion du convoyage de retour, une mission de Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est, baptisée PEGASE. Au départ de l’Australie, les 120 aviateurs et trois Rafale déployés seront rejoints dans le Pacifique Sud par un A400 M Atlas, un avion ravitailleur C-135 FR ainsi qu’un Airbus A310. Ils feront escale successivement en Indonésie, en Malaisie, au Vietnam, à Singapour et enfin en Inde. Conformément à l’annonce de Florence Parly, ministre des Armées, cette mission doit contribuer à renforcer la présence de la France dans cette zone d’intérêt stratégique et à valoriser les capacités aériennes de projection de puissance française. Récit étape par étape jusqu'au retour du détachement en France, jeudi 6 septembre 2018.
Jeudi 6 septembre 2018, le dispositif PEGASE conduit par le général Patrick Charaix, a atterri sur la base aérienne 125 d’Istres, au terme d’une tournée de plusieurs semaines dans cinq pays d’Asie.
Après un défilé aérien hors du commun de l’A310, de deux C135, de l’A400M et des Rafale, le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’Armée de l’air (CEMAA), a tenu à accueillir en personne, à leur arrivée sur le tarmac, l’ensemble des militaires déployés. Il a salué les « fiabilité, crédibilité et réactivité » dont les équipages français ont fait montre. Devant les militaires de la base aérienne d’Istres, le nouveau CEMAA a également tenu à insister sur la capacité dont l’Armée de l’air a une nouvelle fois fait preuve, « une capacité à projeter tout un système de force de manière réactive et efficace. C’est la marque d’une armée de l’air de tout premier rang. » Avant de poursuivre : « Cette présence qui n'a d'ailleurs pas qu'une dimension aérienne, notre présence militaire dans la région prend aussi une forme navale. Il s'agissait également de mieux connaître cette région et de renforcer notre coopération militaire avec les partenaires stratégiques majeurs que sont l'Australie et l'Inde, l'Indonésie, la Malaisie, le Vietnam et Singapour. »
Partis des Émirats arabes unis après une escale en Inde, les équipages ont réalisé un dernier vol de 7 heures assorti de trois ravitaillements en vol.
Exprimant le sentiment général, le commandant Marc-Antoine, chef du détachement Rafale se réjouit : « C’est une mission hors norme, par le nombre de nationalités rencontrées et par le travail d’équipe réalisé entre des pilotes et mécaniciens. Nous avons assisté à une vraie synergie. J’ai plus particulièrement en tête notre départ du Vietnam, le 29 août dernier, où nous avons dû faire face à de très fortes pluies au moment du départ. Les mécaniciens sont alors restés sur le tarmac pendant plusieurs heures sous la pluie en maintenant des bâches de fortune dans le seul but de protéger les avions avant leur départ. »
Retrouvez un dossier complet sur la tournée PEGASE dans le prochain numéro d’Air actualités, octobre 2018.
Du 1er au 4 septembre 2018, le détachement PEGASE a fait escale en Inde. Il s’agissait de la dernière étape d’une mission de presque trois semaines en Asie du sud-est.
Les équipages de la mission PEGASE étaient attendus sur la base aérienne militaire de Gwalior, en Inde, une des plus conséquente du pays. Elle comprend en effet plus de 50 aéronefs dont des Mirage 2000 aux standards indiens ou encore des Sukhoï Su-30. Au programme de cette dernière étape, vols et partages d’expériences. « Les pilotes indiens sont à la recherche d’échanges et de partages de savoir-faire, notamment sur l’utilisation de leur futur avion, le Rafale » précise le colonel Arnaud Brunetta, adjoint au chef de la mission PEGASE.
Vol conjoint
10h15 : décollage de deux Rafale français suivis de trois Mirage 2000 TH (biplaces) indiens pour un vol d’1h15 au-dessus de la ville d’Agra. Objectif du jour : un ravitaillement croisé, les Rafale sur Illiouchine 78 et les Mirage 2000 TH sur C135. Une tonne de carburant par avion sera distribuée. Pour les pilotes, il s’agit d’appréhender les spécificités des deux tanker. Si les procédures sont similaires, l’Illiouchine présente l’avantage de ravitailler trois avions simultanément : avec la perche centrale et les perches latérales. « Au moment d’atteindre le panier du tanker indien il a fallu appréhender la distance avion-panier, qui n’est pas la même que sur C135 pour éviter tout risque de casse », explique le commandant Rodolphe, pilote de Rafale.
Inde, futur utilisateur du Rafale
Le 23 septembre 2016,la France a vendu 36 Rafale à l’Inde. Cette vente représente à ce jour le plus gros contrat aéronautique militaire signé par la France. De même, c’est le plus gros contrat militaire de toute l’histoire de l’Inde. Ils seront livrés courant 2019. L’Indian air force et l’Armée de l’air entretiennent une coopération bilatérale depuis 1953. Les deux armées se retrouvent régulièrement, notamment lors de l’exercice « Garuda » dont la prochaine édition aura lieu en France en 2019.
Dimanche 19 août 2018, au départ de l’aéroport de Darwin, les trois Rafale et l’A310 ont pris la direction de Jakarta, capitale de l’Indonésie. Plus grand pays d’Asie du Sud-Est dont la population est estimée à 250 millions de personnes, l’Indonésie est un archipel composé de plusieurs milliers d’îles, stratégiquement situées entre océans Pacifique et Indien. L’Armée de l’air y vient pour partager ses expertises autour de deux de ses fers de lance : le Rafale et l’A400M Atlas.
Après trois heures trente de vol, les Rafale et l’A310 de l’escadron de transport 3/60 « Estérel » venus de France ont atterri en terre indonésienne à 15 heures locales. Ils ont été rejoints par un A400M Atlas de l’escadron de transport 1/61 « Touraine ». Les 120 aviateurs français retrouvent leurs homologues indonésiens avec qui ils s’entraînaient encore il y a quelques jours en Australie dans le cadre de l’exercice « Pitch Black ». L’ensemble du détachement français emmené par le général Patrick Charaix qui conduit la mission PEGASE, a été accueilli par le chargé de protocole du ministère indonésien des Affaires étrangères.
Dès le lendemain et pendant trois jours, les briefings et présentations se sont succédé sur la base aérienne d’Halim-Perdanakusuma. En présence de Jean-Charles Berthonnet, ambassadeur de France en Indonésie, de Rini Soemarno, ministre des Entreprises publiques ainsi que de nombreuses autorités locales et d’industriels, les aviateurs français sont revenus sur les missions de l’Armée de l’air, notamment la mission d’aide aux populations menée par l’Armée de l’air aux Antilles au lendemain du passage de l’ouragan Irma à la fin de l’année 2017, ou encore sur les capacités et l’engagement du Rafale et de l’A400M Atlas dans les opérations extérieures. « Nous sommes venus ici non pas pour vous apprendre ou montrer ce qu’il faut faire, mais pour vous démontrer ce que l’Armée de l’air sait faire et comment elle le fait », a déclaré le général Charaix.
Sur le parking où sont stationnés les avions, les échanges sont nombreux. Les Indonésiens font montre d’un grand intérêt et de curiosité pour les avions de combat français et posent de nombreuses questions aux équipages français. Les pilotes de F-16 et de Sukoï venus de l’île de Java ont également pu apprécier l’A400M et deux Rafale en vol pendant une heure et trente minutes. Dahani, pilote expérimenté de F-16, a réalisé son premier vol en Rafale. « C’est une expérience incomparable. Je vais mettre à profit ce que j’ai appris aujourd’hui dès mon retour en escadron. » Une opportunité d’apprendre confirmée par le porte-parole de l’Armée de l’air indonésienne : « Je crois en cette opportunité d’apprendre auprès des Français. Surtout pour les jeunes pilotes venus de toute l’Indonésie. »
Avec une flotte comparable à celle de la France (Casa CN-235, Caracal, Super Puma et Puma), l’Indonésie, 14e client de l’industrie de défense française, est un partenaire stratégique de l’armée de l’air française depuis 2011.
Arrivés en Malaisie vendredi 24 août, les Rafale et l’Airbus A310 ont été rejoints dès le lendemain par l’A400M Atlas et les aviateurs ayant participé à la mission humanitaire sur l’île de Lombok la veille. Conduit par le général Patrick Charaix, le dispositif a été accueilli sur la base aérienne de Subang, l’une des plus importantes bases aériennes militaires de transport de Malaisie, au sud-est de Kuala Lumpur.
Samedi 25 août, 16 enfants âgés de 6 à 13 ans ont pu approcher les aéronefs de l’Armée de l’air. L’équipage de l’«Estérel» a ainsi eu l’occasion de faire découvrir l’Airbus A310 à des enfants orphelins qui avaient fait le déplacement pour l’occasion. Aussi curieux qu’émerveillés, ils ont été accueillis au pied de l’avion par l’ensemble des aviateurs. « C’est extraordinaire pour eux d’être ici. On ne se rend pas compte, mais ils n’ont jamais eu l’occasion d’approcher un avion d’aussi près et encore moins de voyager à bord », explique Fazillah, chargée d’accompagner les enfants de l’association malaisienne Trinity Children's Home. Au programme, embarquement et visite de l’avion de transport qui compte 205 places assises : à l’issue de la présentation de l’avion, un goûter a été servi par les personnels de sécurité cabine. Avant de repartir, les enfants ont pris place dans le cockpit à côté du commandant de bord pour la traditionnelle photo souvenir.
Des moments de partage appréciés tant par les enfants que par les aviateurs. « Dès l’annonce de la venue des enfants, tout l’équipage a été enchanté et a fait preuve de bonne volonté pour les accueillir », confie le capitaine Julien, pilote. Dans des moments comme celui-là, nous recevons beaucoup plus que nous ne donnons. » L’escadron de transport « 3/60 Esterel » n’a que très rarement l’occasion de se prêter à ce genre d’action. Véritable globe-trotters, les équipages de l’escadron parcourent le monde tout au long de l’année. Unité opérationnelle de l’Armée de l’air, l’escadron dispose de trois Airbus A310 et de deux A340 stationnés à l’aéroport de Paris Charles-de-Gaulle. Sa mission consiste à se rendre sur les théâtres d’opérations ou des lieux sinistrés aux secours des populations en détresse. Dans le cadre de la mission PEGASE, 18 aviateurs ont ainsi été déployés pour transporter l’ensemble des militaires du dispositif. Une mission complexe qui a permis de conforter la formation des membres de l’équipage.
Dimanche 26 août 2018, les aviateurs de la mission PEGASE ont quitté Kuala Lumpur, en Malaisie, pour Hanoï, la capitale du Vietnam. Le pays n’avait pas accueilli d’avion de combat sur son territoire depuis 1954.
Avec une température de 32 degrés et un taux d’humidité supérieur à 80 %, changement de décor pour cette troisième étape. Il est 15 heures locale, quand les trois Rafale de l’Armée de l’air se posent sur l’aéroport international d’Hanoï. Pour la première fois depuis 1954 des avions de chasse survolent et se posent en terre vietnamienne. L’année 2018 marque également plusieurs anniversaires : « À la fois le 45e anniversaire des relations diplomatiques franco-vietnamiennes et le 5e anniversaire du partenariat stratégique entre la France et le Vietnam » a déclaré le général Patrick Charaix, chef de la mission PEGASE.
Hanoï : un vol historique
Accueillis au pied de l’avion, par l’attaché de Défense français et le président du comité populaire de la ville d’Hanoï, les pilotes ont été chaleureusement salués : « Félicitations messieurs. Vous marquez l’histoire ! ». Pour survoler le Vietnam, le capitaine Vincent, pilote de Rafale, a travaillé en amont. Pour cette mission délicate, il a fallu obtenir une autorisation diplomatique (diplomatic clearance) un mois à l’avance. « En tant qu’aéronef d’État, nous obéissons à des règles particulières, souligne le pilote. Une autorisation est nécessaire pour survoler chaque pays. Nous n’avons pas l’habitude de travailler avec le Vietnam, il a donc fallu anticiper leurs attentes pour réaliser notre mission. » Et d’ajouter : « L’Armée de l’air souhaite accroître la coopération entre les deux nations, en ce qui concerne notamment la formation et les retours d’expériences des pilotes en opérations extérieures » insiste le général Patrick Charaix.
Outre les autorisations de survol, de nombreux paramètres sont pris en compte, comme le temps de vol ou encore la localisation des pistes de déroutement.
Optimisation du pétrole
Depuis le début de la mission PEGASE aucun ravitaillement en vol n’a été nécessaire. Un travail de gestion du carburant a donc été réalisé. « Avec la configuration actuelle de l’avion, nous pouvons réaliser un convoyage jusqu’à 1500 nautiques (2780 kilomètres) sans ravitaillement, explique le capitaine Vincent. Nous devons adapter notre vitesse à notre poids afin d’optimiser la consommation de carburant. »
Après trois heures trente de vol au départ de Hanoï, les Rafale, l’Airbus A310 et l’A400M se sont posés sur le sol Singapourien le 29 août 2018. Accueillis par Ho Kum Luen, Air Combat Commander de la Republic of Singapore Air Force, les aviateurs français se sont rendus sur la base aérienne de Paya Lebar au cœur de l’île.
Depuis plusieurs années, Singapour est un partenaire stratégique de la France. Les Rafale de l’Armée de l’air ont eu l’occasion à plusieurs reprises de ravitailler sur KC-135R singapourien, au Sahel ou lors d’exercice international, comme « Pitch Black » en Australie. Avec une population à 75% d’origine chinoise, Singapour possède quatre langues officielles : l’anglais, le mandarin, le malais et le tamoul. Ce territoire est un ensemble d’îles situé au bout de la péninsule malaisienne, aux portes du détroit de Malacca. Il est l’un des plus petits États au monde, mais aussi l’un des plus densément peuplé avec 7400 hab/km². C’est ici que les 120 aviateurs de la mission PEGASE, conduite par le général Patrick Charaix se sont arrêtés pendant trois jours.
Très attendu par la Republic of Singapore Air Force (RSAF), le dispositif a présenté les moyens aéronautiques de l’Armée de l’air, notamment l’A400M Atlas. Devant un auditoire de jeunes pilotes et mécaniciens singapouriens, le capitaine Cédric, commandant de bord de l’A400M détaille les différentes capacités de cet avion qu’il pilote désormais depuis cinq ans. Avec un volume de soute de 340m2 et une charge offerte de 37 tonnes, l’A400M Atlas est un avion de transport tactique à allonge stratégique nouvelle génération. « Son allonge et sa vitesse multiplient ses capacités d’intervention immédiate » rappelle le pilote français. Comme lors de l’intervention du 24 août dernier, où 25 tonnes de fret ont été acheminées sur l’île de Lombok au large de l’île de Java en Indonésie, suite à des tremblements de terre survenus quelques jours plus tôt.
Pour cette mission particulière, le détachement A400M, venu de l’escadron de transport 1/61 « Touraine » stationné sur la base aérienne d’Orléans est composé de 18 aviateurs (pilotes, loadmaster, aide loadmaster et mécaniciens avion). « Ce qui est riche c’est avant tout l’interaction avec les gens. Les Singapouriens ont un regard pertinent sur notre travail et sont aussi très intéressés par l’aspect technique de l’aéronef » confie le capitaine Cédric.
Aux abords de la soute de l’avion, le sergent-chef Mikaël, loadmaster, explique son métier aux aviateurs singapouriens : « Pour rejoindre l’Inde, comme sur quasiment chaque étape, nous transportons 15 tonnes de fret (lot technique pour les Rafale) ainsi que 35 militaires. » En vol, il est en charge de la sécurité « cargo » et assure le centrage de l’avion, c’est-à-dire la répartition totale du poids dans l’aéronef. Il est conseiller technique auprès des pilotes et garant de la sécurité des passagers.
L’Inde sera la prochaine étape de la mission PEGASE du 1er au 4 septembre 2018.
Source : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : ©Armée de l'air